Nouvelle assez courte de Melville dont je ne connaissais que
Moby Dick. J'ai d'
abord été surpris par la dimension du bouquin, je ne sais pas pourquoi j'imaginais quelque chose de plus épais. Finalement lu rapidement il m'a laissé une impression étrange, un peu la même que celle que j'ai eu à la lecture du double de
Dostoïevski. En y réfléchissant un peu , j'ai même fait un rapprochement avec la métamorphose de Kafka. Parce que comme le stipulait la préface, je m'attendais a une sorte de critique du monde libéral né symboliquement le 17 mai 1792 à Wall Street, je me suis fait surprendre par une ambiance plutôt fantastique. Bartelby est un personnage pas seulement étrange, mais étranger à l'histoire. Il vient heurter la réalité toute convenue du narrateur en s'obstinant à refuser ses ordres. Tant et si bien que le personnage disparaît entièrement derrière son refus, il n'a pas vraiment de substance propre mais envahit totalement le quotidien du patron. C'est là que réside à mon avis la force du récit, dans cette obstination qui semble complètement irrationnelle, le monde normalement bien huilé du capitalisme et du consentement implicite à sa soumission bascule au dessus d'un vide inattendu. Bartelby incarne finalement ce non consentement mais d'une manière totalement non violente, à peine justifiée, mais implacable. Son "I would prefer not" est même encore aujourd'hui récupéré par des mouvements alter-mondialistes.
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