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Critique de gruz


gruz
18 février 2021
Michaël Mention n'est pas un écrivain.

Il est pluriel et unique. Innombrable et seul. Changeant et inaltérable.

Michaël Mention est bien plus qu'un écrivain, il mériterait qu'on invente un mot rien que pour lui. Son talent si personnel éclabousse une nouvelle fois les pages de Dehors les chiens.

Il touche à tous les genres, surtout les sous-genres injustement décriés. Avec le même bonheur, le même plaisir, et un don. Sans aucun doute en partie inné. Mais aussi résultant d'un immense travail, pointilleux et obsessionnel.

Place au Far West, au western, revu et retouché par Mention. le moins que l'on puisse dire, c'est que ça dépote. Oui, dans les vieux pots, l'auteur arrive à faire pousser un plant littéraire singulier et réellement moderne, tout en respectant les codes « anciens » de ce genre.

Dehors les chiens est autant polar que roman noir, fait autant siffler les balles que suer les âmes.

1866, l'ouest de ce qui n'est pas encore un pays unis, au sortir de la guerre de Sécession. L'United States Secret Service (USSS) vient aussi d'être créé, Crimson Dyke en est un de ses agents, à la poursuite des faux monnayeurs. Autant dire qu'on est davantage dans le réel que dans les films de John Wayne.

La vérité et le quotidien pénible et violent, vous allez les éprouver dans votre chair. L'écrivain est un raconteur hors pair qui fait ressentir les émotions et sensations comme peu savent le faire, avec une (grosse) touche de créativité qui embrase le tout.

Vous adorez les western ? Vous serez subjugués. Vous n'aimez pas ce style habituellement (comme moi) ? vous tomberez tout autant sous le charme brutal de ce roman atypique. Pari tenu. Oui, j'ai été subjugué, du début à la fin, par l'intrigue, les personnages, l'environnement et les sujets de société.
Et l'écriture !
L'écriture !
Vous. N'avez. Jamais. Lu. Ça. Mark my words.

Sorti directement en poche dans la collection Grands Détectives chez 10/18, ce roman mérite d'être mis entre le plus grand nombre de mains, preuve que littérature ambitieuse peut rimer avec littérature populaire. de quoi clouer le bec de certains.

L'enquête menée par Crimson Dyke est étonnante, elle s'éloigne très vite des histoires de fausse monnaie. le personnage lui-même est remarquable, complexe. D'ailleurs, on devrait le retrouver par la suite.

Mention arrive à faire preuve de rigueur tout en pensant toujours au divertissement. L'ambiance de l'époque et les faits historiques sont relayés avec minutie, mais le récit est aussi criblé de trouvailles et d'inventivité stylistiques.

Et, il y a aussi un message, concernant le fin mot de l'histoire, rien n'est gratuit. le divertissement n'est pas incompatible avec le fait de parler des maux de la société passée (et encore présente), ni de plonger profondément dans la noirceur de l'Homme.

Bluffant de bout en bout, jusqu'à cette idée folle de placer des titres musicaux du XXème siècle dans un roman du XIXème. C'est une autre obsession de l'auteur que de planter de la musique dans chacun de ses livres. Ça paraît dingue ici, j'ai même douté avant de l'ouvrir, pour ensuite incliner devant la malice utilisée. Il fallait le faire de caser Metal mititia de Metallica et que ça sonne juste et adapté ! Il y a pas à dire, ce gars est un génie…

Dehors les chiens est un western mordant comme vous n'en avez jamais lu. Michaël Mention dépeint un Far West unique et crée un univers crédible, cruel et pourtant follement romanesque. Stupéfiant.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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