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Critique de Garoupe


J'avais adoré « Sale temps pour le pays » du même Michaël Mention. La suite de ce crachin britannique à faire vomir l'estomac le plus coriace, « Adieu demain », est toujours dans ma PAL. J'y viendrai un jour.

En attendant, ce « Jeudi noir » m'attirait, comme il a attiré Michaël Mention, quand bien même je n'ai pas vécu en direct, comme Michaël Mention d'ailleurs, le drame national de ce France-RFA de 1982 qui s'est joué un jeudi soir de juillet, en Espagne. C'était pendant la coupe du monde de football. C'était en demi-finale. C'était la période de gloire des Giresse, Platini, Battiston, Amoros, Trésor, Tigana, j'en passe et des meilleurs. C'était un match de légende (en tout cas pour le football français) qui s'est soldé par une défaite française au bout de la nuit, au bout des tirs aux buts. C'était surtout le match de la tentative d'attentat d'Harald Schumacher, le goal allemand, sur Patrick Battiston.

Michaël Mention a visionné ce match récemment et son petit coeur tendre d'écrivain de polars et de romans noirs y a trouvé, à juste titre, tout ce qui fait, ben, un roman noir, justement.

Michaël Mention entraîne le lecteur directement sur le terrain pour vivre au plus près la montée de la tension dramatique. Il le fait autour de deux moments : d'une part la desription des actions de jeu et d'autre part les élucubrations et pensées du joueur qu'il nous fait incarner.

Autant le dire tout de suite, la description des actions de jeu ne sont pas les meilleurs moments du livre. Celui-ci gagne ses galons de roman plus que réussi dans le rendu des pensées du joueur qui traverse des émotions et des sentiments qui vont de la folie meurtrière au soupçon de ses propres partenaires en passant par un transfert complet de ses doutes et de sa frustration sur l'adversaire, la convocation des deux guerres mondiales, de 1870 et de Napoléon…

Encore une fois, Michaël Mention réussit à rendre compte de toute la tension dramatique de ce match sans que l'on sache très bien ce que le récit est censé représenter. Il joue pleinement sur la confusion des sentiments pour noyer un peu le lecteur qui ne sait finalement pas trop quelle est sa véritable place dans tout cela. A mon sens, son récit est le symbole de tout un public de supporter qu'on aurait plongé directement dans l'atmosphère particulière de ce match, à la fois frustré, furieux, excité, sauvage…

Que les passionnés de foot ne passent pas à côté de cet ouvrage pour lequel Michaël Mention n'a pas laissé parler que les sentiments mais a également su faire d'une part un travail de recherche et de lecture sur cette « tragique » soirée de juillet 1982 et d'autre part un vrai travail d'intégration de ces éléments factuels dans sa fiction. Alors même si des livres sur cette demi-finale (livres que je n'ai pas lus, désolé), il y en a déjà eu, celui-ci propose une vision intéressante qui entraîne le lecteur directement au coeur de l'action avec une composition toute en tension et en ressort dramatique.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-jA
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