Citations sur Léa (42)
Nous projetons les ombres de nos sentiments
sur les autres et eux les leurs sur nous
parfois nous manquons d'en être étouffés
mais sans elles il n'y aurait pas de lumière
dans notre vie.
épitaphe en ancien arménien.
Connaissez-vous cela, vous aussi : quand l'imagination, à l'instant décisif, s'égare, et prend ses propres chemins, hors de tout contrôle, révélant que l'on est aussi une tout autre personne que celle qu'on croyait être ? Juste au moment où tout peut arriver dans votre âme, tout sauf ceci : que votre imagination vagabonde, soudain, vous trahisse ?
Qu'avait-il mal fait ? Que devait-il se reprocher ? D'avoir mal agi ? D'avoir mal senti ? Pouvait-on même sentir bien ou mal ? Les sentiments - n'étaient-ils pas simplement ce qu'ils étaient-un point c'est tout ?
Et ensuite, d'un seul coup, je compris que c'est toujours cruel, quand les regards des autres se posent sur nous, même quand ce sont des regards bienveillants. Ils font de nous des acteurs. Nous n'avons plus le droit d'être nous-même, il nous faut être là pour les autres, qui nous détournent de nous même. Et le pire, c'est que nous devons feindre d'être quelqu'un de tout à fait défini. C'est ce que les autres attendent.
« Ce livre traite d’une expérience difficile à avouer : même les êtres qui nous sont très proches peuvent nous devenir étrangers. Un événement inattendu, un changement imperceptible de la situation, une remarque surprenante : d’un seul coup, une personne avec laquelle nous partagions une grande intimité nous apparaît étrangère. Ou encore, quand nous nous surprenons en train de penser, de sentir, de faire des choses qui ne s’accordent pas avec l’image que nous avons de nous-mêmes. [...] aucune relation humaine, aucune représentation des autres ni de nous-mêmes n’est jamais sûre, stable ou à l’abri de ce sentiment d’aliénation. »
La confiance en soi : pourquoi est-elle si capricieuse ? Pourquoi reste-t-elle aveugle en face des faits ? Une vie entière, nous nous sommes efforcés de la construire, de la protéger, de la consolider, sachant que c'est le plus précieux des biens, indispensable au bonheur. Ensuite, brusquement et dans un silence sournois, une trappe s'ouvre et nous tombons dans un abîme sans fond : tout ce qui était n'est plus qu'un mirage.
Qu'une grande peur ne s'efface jamais, mais ne fasse que disparaître derrière le décor pour réapparaître plus tard, dans toute sa puissance intacte : cela arrive
t-il à tout le monde ? Cela vous arrive t-il à vous aussi ? Et pourquoi en-va t-il tout autrement de la joie, de l'espoir, du bonheur ? Pourquoi les ombres sont-elles tellement plus puissantes que la lumière ? Pouvez-vous m'expliquer cela, merde à la fin !
J'appris alors ce que je devais constamment apprendre à nouveau les années suivantes, aussi douloureux que ce fût : je n'avais pas la moindre idée de bon nombre des mouvements qui agitaient l'âme de ma fille, à commencer par les plus importants. Ce que je croyais savoir n'était que l'ombre que projetaient sur elle mes propres représentations.
Mais dans le drame intérieur qui se jouait désormais en Léa, il y avait des ruptures et des modifications abruptes, saccadées, qui projetaient une lumière particulièrement éblouissante sur le fait que l’âme est bien davantage le lieu d’événements que d’actions
L'expérience de la cohérence intérieure -- elle est due à la rapidité, à la fluidité du changement, à la virtuosité avec laquelle nous retouchons et effaçons aussitôt toutes les ruptures. Et cette virtuosité est d'autant plus grande qu'elle ne sait rien d'elle-même.