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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un roman pas comme les autres.
Déjà parce que c'est un roman espagnol qui ne ressemble pas à un roman espagnol. Si ce n'est les oliviers, on pourrait être dans la poussière d'un western. le soleil tape fort et le vent rend les gens fous.
Mais ce n'est pas un western comme les autres. Déjà, parce que le personnage principal est une femme, cinquantenaire, sans grâce particulière, plutôt désarmée.
C'est une femme comme les autres. Revenue dans son village après une autre vie à Londres. Pas une femme puissante, mais une écorchée qui tente de comprendre d'où elle vient. Pourquoi son père est parti.
Dans ce coin perdu où tous semblent éreintés par une vie de labeur où la joie n'a pas sa place, on se suicide. le dernier en date est un riche propriétaire terrien dont la mort va bouleverser la très relative quiétude du voisinage. Et changer la physionomie du paysage. On essaie tant bien que mal de ne pas succomber à une solitude pesante qui écrase comme ce soleil haut dans le ciel.

C'est un livre dur parce qu'il dit sans chercher à mettre les formes, la violence des rapports humains, parce qu'il montre ce que l'on préfère cacher (la vieillesse du corps féminin, le suicide d'un amant, le manque d'argent, la marginalité.) C'est un livre dur parce que l'auteur ne cherche pas à nous amadouer avec des personnages faciles, aimables, tendres. Ce roman n'est pourtant pas si déroutant, les sujets brossés sont universels et nous bousculent forcément
C'est un roman qui ne se laisse pas facilement apprivoiser mais qui ne se lâche pas. Un étrange roman étranger que cette Étrangère. Et je ne peux que vous le conseiller.
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Un village espagnol qui meurt de soif, de vieilles histoires, de tristesse et de la méchanceté banale des hommes. Voici le cadre de ce roman, récit d'une femme partie il y a des années et revenue finir ici, sans jamais y avoir été accueillie, comme si les années avaient fait d'elle une étrangère. Il ne reste plus à elle qu'une maison qui tombe en ruines, des souvenirs et des petits boulots, dans une vie qui est plus ou moins réglée. Seulement tout déraille dans sa vie, et dans le village, quand elle et un de ses amis trouvent un jour le plus gros propriétaire de la région, qui s'est pendu à un olivier.
Toutes les méchancetés locales ressortent, tout dérape, et pendant ce temps la pluie ne tombe toujours pas, et le vent continue de souffler, rendant les gens fous.
Franchement, vu l'ambiance, le thème de la vengeance, des hommes ou du destin, revenant comme un refrain, j'ai eu parfois l'impression de lire un western. Parfois un peu inégal, n'hésitant pas à utiliser le cliché, mais plutôt une bonne lecture tout de même.
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Angie est revenue vivre dans la petite maison délabrée de ses ancêtres. Elle vient de Londres où elle a vécu un amour malheureux. Ibrahim, l'ouvrier de la plus grande propriété de la région à découvert le "patron" pendu dans la colline... C'est le début de ce roman âpre qui se déroule dans une région aride d'Espagne .
Angie va se battre pour découvrir l'histoire de sa famille inondée de non dits et de mensonges .
Le "pendu"va être la première pièce du puzzle qu' Angie entend bien reconstituer .
Les villageois l'y aideront peu.
Elle est l'étrangère qui vient déterrer les secrets de familles, les amours interdits et la haine qui a pris racine. Elle ira jusqu'au bout pour trouver la vérité et garder sa liberté.
Le style est vif, parfois haché et comme l'héroïne, sans concession .
Un bon livre !
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Il est des livres qui, en quelques pages, ont le pouvoir de vous embarquer vers un nouvel horizon.
Il est des livres à la puissance de narration telle que l'évocation de la poussière soulevée par le vent semble te coller au visage ...
"L'étrangère" fait partie de ces livres "sensoriels".
A mes yeux, le personnage principal n'est pas la narratrice Angie, femme un peu trop indépendante, marginale pour les lieux mais le village où se déroule l'action ! Et ce village perdu dans la montagne espagnole ne semble guère très accueillant : la terre est sèche, aride, caillouteuse, le climat hostile tout comme les habitants ... Et bien des secrets s'y cachent ...
Livre reçu dans le cadre de #massecritique
Un grand merci à @babelio_ et @editions.dalva pour ce moment d'évasion.

Traduction : Aline Valesco
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L'étranger fait peur, il n'est pas comme nous, si c'est une femme libre en plus...

Angie, avant, vivait à Londres, était modèle et maîtresse d'un peintre, très tourmenté, c'est le moins que l'on puisse dire. A sa mort, elle revient dans la maison familiale, dans un coin reculé et rural de l'Espagne, sans eau ni électricité.

La première page me met, de suite, au coeur du sujet « Ici, on n'affectionne pas les étrangers, sauf si tu fais le premier pas, et moi, c'est un effort qui ne m'a jamais tenté. Je préfère les tenir à distance. Eux, ils ne sont au courant de rien, mais ils jacassent, jacassent sans cesse. Ils font des messes basses. Moi, au contraire, j'ai vu des choses et je les garde pour moi. »

Pourquoi avoir voulu revenir dans ce trou paumé, entourée de tous ces yeux qui épient, surveillent, ces bouches qui parlent de travers, jacassent (ce sera dit plusieurs fois dans le roman) ? Comment Angie peut-elle se sentir libre avec tout cela ? Heureusement, il y a le boui-boui de Tomas où se retrouvent les échoués, les non acceptés, où ils s'enivrent avec du mauvais vin « Ce n'est pas un mauvais bougre, le Tomas. Encore un superflu dans mon genre, mis au rebut du village. On appartient tous les deux à la génération qui s'est perdue dans la fête et dans l'attente… Un vieux hippy ratatiné qui met de la bonne musique… Les Stones, les Kinks…. »

Cette région d'Espagne, aride, baignée par trop de soleil, se vide de ses habitants et c'est là qu'elle a choisi de revenir dans la maison que son père a toujours gardée, même quand il est parti et elle est bien décidée à y rester. Ses terres ? Elles ont été rachetées par le friqué local et le père n'a gardé que cette vieille maison décrépie.

Quelques irréductibles, qui ne sont pas gaulois, sont restés, des vieux qui ne savent où aller, d'autres, comme Ibrahima ont atterri sur ces terres arides on ne sait pourquoi, enfin, c'est vague.

C'est dans ce décor que Ibrahima découvre un pendu, qu'il va chercher Angie, car oui, même si elle est considérée comme l'étrangère, elle est d'ici, alors qu'Ibrahima….

Donc, « L'homme, car c'en est un, a dû monter sur la branche la plus basse du noyer et, une fois assis, attacher la corde à celle du dessus, puis serrer le noeud et se laisser tomber. le poids et la hauteur nécessaires. ». L'homme, c'est le patron, don Julian, le propriétaire de Las Brenas, avec ses yeux démesurément ouverts. Et ses mains couleur de vin. »

Le patron ? C'est le riche du village, celui qui a racheté les terres du père d'Angie pour une somme dérisoire.

Avec la découverte du pendu, les remous vont modifier le cours de la vie tranquille des paysans. Les filles du défunt vont arriver, vouloir tout vendre… Elles ne sont plus d'ici, elles. Les secrets, toujours embarrassants vont être autant de gros ou petits cailloux dans les chaussures.

La pauvreté, les jacasseries, les non-dits, la liberté, le dur labeur sans jamais de récompenses, l'amour, la désertification, la mort du village, l'aridité qui devient celle du coeur marquent le vie de ce bled paumé.

Les vieux réflexes franquistes seraient-ils toujours d'actualité lorsque je vois que le brave curé est dénoncé par une grenouille de bénitier ? Oui, il a, de temps à autre, des relations charnelles avec Angie. C'est surtout vers Angie, elle-même, que la chasse à la sorcière, à la différente s'effectue, tan pis pour les dégâts latéraux.

Les éditrices parlent de western contemporain et Angie en est la lonesome cowgirl ; il y a les bons, les méchants. C'est vrai, j'imagine bien la musique de Moricone lorsque les deux comparses découvrent le pendu... L'ambiance est là.

Le livre est à l'image du ressenti ; la lecture se fait lente, je ressens la pesanteur, j'étouffe avec Angie, elle qui se veut libre mais qui ne l'est pas tant que cela. L'âpreté de la terre, de la vie y est fort bien rendue. Je fus embarquée par la plume passionnée d'Olga Merino, j'ai senti le vent chaud, la poussière, la haine entre les habitants, la misère, la solitude.

Un premier très bon livre de la toute nouvelle maison d'édition Dalva, dont j'avais eu la chance de rencontrer sa créatrice lors d'un entretien chez mon libraire. Je gage que ce ne sera pas le dernier



Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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Dans la campagne espagnole, sous la chaleur écrasante, face à un vent sournois et aliénant, Angela "Angie" tente de faire mieux que survivre.

Revenue sur ses terres, après un long passage par la ville, puis à Londres un exil, elle reste "l'étrangère", celle de qui l'on se méfie. Vieille femme vivant seule, dont la tante était une marginale aussi consultée que conspuée. Emeteria, la folle du village, la folle de la vallée. D'après les langues persifflantes, ce sont des choses qui passent dans le sang.

L'histoire navigue entre un présent pesant et des passés écrasants. L'enfance et les relations avec père, mère et frère. Les années londoniennes et la relation intense, totale et brulante avec Nigel, le peintre.
Et puis ce présent avec chien et chienne. Pas de véritables proches. Juste quelques moins éloignés. Comme Ibra, migrant sénégalais, travailleur agricole. Il y a aussi Blanche-Neige, immigré ukrainien. Pas les mêmes papiers, pas les mêmes statuts. On croisera également Salingue, le vieux crasseux qui rode. Et une palanquée d'autres personnages, tantôt sympathiques, tantôt patibulaires.

Trop de suicides. Partout des suicides. Une épidémie qui traverse les générations. D'où vient cette affliction ?
Alors que les questions s'accumulent, une menace plane sur le village et ses environs. Un changement brutal qui s'avance en serpentant.

Une lecture agréable, pleines de belles ou terribles formules. La famille, les marges, le secret, le déclassement, la lutte, la dignité, la folie, la vengeance, la foi, la mort. Tels sont les ingrédients. La mort encore. Histoire de bien épicer, de s'aligner sur la chaleur étouffante de ces terres arides, désolées mais toujours fièrement habitées.
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Quel bon moment de lecture !!!!!!
Je me suis complètement laissée porter par l'histoire.

Après plusieurs années à Londres, Angie est revenue s'installer dans la maison de ses ancêtres en Espagne dans son village natal.

Elle vit seule. Les villageois la traitent comme une étrangère, ils l'évitent et la surnomment même, la cinglée de la bastide, la tarée d'El Hachuelo ou la pute anglaise…..
Malgré cela, Angie aime cette terre, ce sol aride, ces paysages, sa vie avec ses chiens.

Un jour, son meilleur (et unique) ami, Ibrahima, l'informe qu'un homme s'est pendu dans la colline.
Cet homme c'est Don Julián, un grand propriétaire dont les deux héritières, les Jumelles de Las Breñas entendent bien exploiter les terres à leurs manières, tous les moyens sont bons, même s'il faut détruire la maison d'Angie !

On commence alors à entendre des rumeurs mais pas que, on déterre les vieilles histoires, les secrets ensevelis, les non-dits, les mensonges, les multiples suicides, les disputes, les amours impossibles, les malédictions, les blessures…..
Angie va découvrir sa propre histoire….

J'ai adoré le personnage d'Angie, sa force, sa liberté, son indépendance…….ainsi que le monde ouvrier et paysan au centre du roman.
L'écriture est belle et intense, une fois commencé, je n'ai pas pu lâcher ce roman ❤️
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Dans un village isolé en Espagne, la population s'éteint peu à peu. Entre vieillissement et départ des plus jeunes, l'avenir du village semble compromis. C'est pourtant dans cet environnement que la narratrice choisit d'évoluer. Partie avec sa mère pendant quelques années, son retour n'est pas synonyme de bon accueil. Elle s'accroche et met sa liberté avant tout le reste mais cette façon de vivre, est-ce vraiment être libre ? On est plongé ici dans tout ce que les petits villages peuvent avoir de noirceur. C'est le royaume des non-dits, des vieilles rancoeurs dont l'origine est souvent perdue et de la peur des étrangers.
Le début est particulièrement angoissant, malaisant et oppressant. Petit à petit les sentiments et ressentiments vont aller crescendo. La narratrice est l'image de la déchéance quand on est de la génération qui paie les racines et secrets des générations passées. La plume de l'autrice plonge le lecteur dans cette ambiance de rejet, d'isolement et de volonté de continuer malgré tout. J'ai apprécié ce récit de lutte très intimiste mais ça reste un texte trop sombre et pessimiste pour moi.
C'est un roman d'ambiance réussi qui illustre le poids des rancunes et le cout à payer quand un choix de vie ne colle pas à celui de la majorité.
Merci lecteurs.com et Dalva pour cette découverte.

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