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Citations sur Le visible et l'invisible, suivi de Notes de travail (43)

Nos questions ordinaires, – « où suis-je ? », « quelle heure est-il ? »
–, sont le manque et l'absence provisoire d'un fait ou d'un énoncé
positif, trous dans un tissu de choses ou d'indicatifs dont nous sommes
sûrs qu'il est continu, puisqu'il y a un temps, un espace, et qu'il ne s'agit
que de savoir à quel point de cet espace et de ce temps nous en sommes.
La philosophie, à première vue, généralise seulement ce genre de
questions. Quand elle demande si l'espace, si le temps, si le
mouvement, si le monde existent, le champ de la question est plus
ample, mais ce n'est encore, comme la question naturelle, qu'une demiquestion, incluse dans une foi fondamentale : il y a quelque chose, et il
s'agit seulement de savoir si c'est vraiment cet espace, ce temps, ce
mouvement, ce monde que nous croyons voir ou sentir.
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Mais le privilège de la
vision n'est pas d'ouvrir ex nihilo sur un être pur à l'infini : elle a, elle
aussi, un champ, une portée ; les choses qu'elle nous donne ne sont
pures choses, identiques à elles-mêmes et toutes positives, qu'aux très
grandes distances, comme les étoiles, et cet horizon d'En Soi n'est
visible que comme fond d'une zone de choses proches qui, elles, sont
ouvertes et inépuisables.
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C'est l'inexistence absolue du Néant qui fait qu'il a besoin de l'Être, et
que donc il n'est pas visible, sinon sous l'apparence de « lacs de nonêtre », de non-êtres relatifs et localisés, de reliefs ou de lacunes dans le
monde. C'est précisément parce que l'Être et le Néant, le oui et le non,
ne peuvent être mélangés comme deux ingrédients que, quand nous
voyons l'être, le néant est aussitôt là, et non pas en marge, comme la
zone de non-vision autour de notre champ de vision, mais sur toute
l'étendue de ce que nous voyons, comme ce qui l'installe et le dispose
devant nous en spectacle. La pensée rigoureuse du négatif est
invulnérable, puisqu'elle est aussi pensée de la positivité absolue, et
contient donc déjà tout ce qu'on pourrait lui opposer. Elle ne peut pas
être mise en défaut ni prise de court.
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Comme disait Bergson dans Les Deux Sources : mon corps va jusqu'aux
étoiles. [Les Deux Sources de la Morale et de la Religion, Paris, Alcan, 1932,
p. 277 : « Car si notre corps est la matière à laquelle notre conscience s'applique, il est coextensif à notre conscience. Il comprend tout ce que nous
percevons, il va jusqu'aux étoiles. »]
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On dira donc qu'avant la réflexion, et pour la rendre possible,
il faut une fréquentation naïve du monde, et que le Soi auquel on revient
est précédé par un Soi aliéné ou en ek-stase dans l'Être. Le monde, les
choses, ce qui est, est, dira-t-on, de soi, sans commune mesure avec nos
« pensées ». Si nous cherchons ce que veut dire pour nous « la chose »,
nous trouvons qu'elle est ce qui repose en soi-même, qu'elle est
exactement ce qu'elle est, tout en acte, sans aucune virtualité ni
puissance, qu'elle est par définition « transcendante », dehors,
absolument étrangère à toute intériorité. Si elle vient d'être perçue par
quelqu'un, et en particulier par moi, cela n'est pas constitutif de son sens
de chose, qui est au contraire d'être là dans l'indifférence, dans la nuit
de l'identité, comme en-soi pur.

Si je dois
être en ek-stase dans le monde et les choses, il faut que rien ne me
retienne en moi-même loin d'elles, aucune « représentation », aucune
« pensée », aucune « image », et pas même cette qualification de
« sujet », d’« esprit » ou d’« Ego », par laquelle le philosophe veut me
distinguer absolument des choses, mais qui devient trompeuse à son
tour puisque, comme toute désignation, elle finit par retomber au
positif, par réintroduire en moi un fantôme de réalité et par me faire
croire que je suis res cogitans, – une chose très particulière,
insaisissable, invisible, Mais chose tout de même. La seule manière
d'assurer mon accès aux choses mêmes serait de purifier tout à fait ma
notion de la subjectivité : il n'y a pas même de « subjectivité » ou
d'« Ego », la conscience est sans « habitant », il faut que je la dégage
tout à fait des aperceptions secondes qui font d'elle l'envers d'un corps,
la propriété d'un « psychisme », et que je la découvre comme le
« rien », le « vide », qui est capable de la plénitude du monde ou plutôt
qui en a besoin pour porter son inanité.
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Ainsi, avec la
corrélation de principe de la pensée et de l'objet de pensée, s'établit une
philosophie qui ne connaît ni difficultés, ni problèmes, ni paradoxes, ni
renversements : une fois pour toutes, j'ai saisi en moi, avec la pure
corrélation de celui qui pense et de ce qu'il pense, la vérité de ma vie,
qui est aussi celle du monde et celle des autres vies. Une fois pour
toutes, l'être-objet est placé devant moi comme seul doué de sens pour
moi, et toute inhérence des autres à leur corps et de moi-même au mien,
récusée comme confusion, – une fois pour toutes, l'être-soi m'est donné
dans l'adéquation de ma pensée à elle-même, et, de ce côté aussi, il n'est
pas question de prendre au sérieux-le mélange de l'esprit avec le corps.
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De tout ce que je vis, en tant que je le vis,
j'ai par-devers moi le sens, sans quoi je ne le vivrais pas, et je ne puis
chercher aucune lumière concernant le monde qu'en interrogeant, en
explicitant ma fréquentation du monde, en la comprenant du dedans.
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Ce que saint Augustin disait du temps : qu'il est parfaitement
familier à chacun, mais qu'aucun de nous ne peut l'expliquer aux autres,
il faut le dire du monde.
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Wesen (verbal) – Wesen de l'histoire
Février 1959
Découverte du Wesen (verbal) : première expression de l'être qui
n'est ni l'être-objet ni l'être-sujet, ni essence ni existence : ce qui west
(l’être-rose de la rose, l'être-société de la société, l'être-histoire de
l'histoire) répond à la question was comme à la question dass, ce n'est
pas la société, la rose vue par un sujet, ce n'est pas un être pour soi de
la société et de la rose (contrairement à ce que dit Ruyer) : c'est la
roséité s'étendant tout à travers la rose, c'est ce que Bergson appelait
assez mal les « images » – Que par ailleurs cette roséité donne lieu à
une « idée générale » c'est-à-dire qu'il y ait plusieurs roses, une espèce
rose, cela n'est pas indifférent, mais cela résulte de l'être-rose considéré
dans toutes ses implications (générativité naturelle) – Par là, – en
retranchant toute généralité de la définition première du Wesen – on
supprime cette opposition du fait et de l'essence qui fausse tout -
L'être société d'une société : ce tout qui rassemble toutes les vues et
les volontés claires ou aveugles aux prises en elle, ce tout anonyme qui
à travers elles hinauswollt, cet Ineinander que personne ne voit, et qui
n'est pas non plus âme du groupe, ni objet, ni sujet, mais leur tissu
conjonctif, qui west puisqu'il y aura un résultat et qui est la seule
satisfaction que l'on puisse donner légitimement à une « philosophie à
plusieurs entrées » (car l'argument contre la pensée alternative de
Sartre, qui est qu'elle ne fait pas un monde, qu'elle n'admet pas une
Weltlichkeit du Geist, qu'elle en reste à l'esprit subjectif, rie doit pas
servir à justifier une philosophie où tous les Ego seraient sur le même
plan, et qui, elle, ignorerait purement et simplement le problème
d'autrui, et ne peut se, réaliser que comme Philosophie du Sujet Absolu)

Le Wesen de la table ≠ un être en soi, où les éléments se
disposeraient :A un être pour soi, une Synopsis ≠ ce qui en elle
« tablifie », ce qui fait que la table est table.
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Le visible autour de nous semble reposer en lui-même. C'est comme si notre vision se formait en son coeur, ou comme s'il y avait de lui à nous une accointance aussi étroite que celle de la mer et de la plage. Et pourtant, il n'est pas possible que nous nous fondions en lui, ni qu'il passe en nous, car alors la vision s'évanouirait au moment de se faire, par disparition ou du voyant ou du visible.
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