- Tu mérites d'être heureuse, il chuchote. Peu importe ce que tu penses ou ce que tu as fait. Tu mérites d'être heureuse.
"- Tu es le seul élément constant dans ma vie. J'ai perdu tout mon passé, à part toi. Tu es restée avec moi. Tu revenais toujours, dès que je fermais les yeux. (Un peu rouge, il remue dans son siège, adopte une autre position.) Je voulais voir la fille aux longs cheveux qui lui fouettent le visage. Je voulais te connaître, toi. La vraie Audra. Pas cette militaire collet monté que tu fais semblant d'être.
- Je ne fais pas semblant.
- Peut-être, mais ce n'est pas toi non plus."
Le monde n'est pas tout blanc ou tout noir, comme l'estimaient ses parents. Parfois, la violence y a sa place et son objectif. Peut-être que s'ils avaient accepté ce fait, ils auraient survécu à l'attaque des Foudroyeurs. Vu grandir leur fils et aidé à mettre fin à la folie destructrice de Raiden.
Au lieu de ça, la responsabilité repose désormais sur Vane. Si je parviens à lui faire distinguer des nuances de gris, peut-être sera-t-il le premier sylphe occidental à prendre les armes contre Raiden. Et le premier à survivre.
J'ai de la chance d’être en vie.
Du moins c'est ce que tout le monde me répète.
Un reporter du journal local a même eu le culot d’appeler ça un miracle.
- Tout ça à cause de moi ? Pourquoi ? Je ne suis personne.
- C'est là que tu te trompes, Vane. Tu es notre seul espoir.
Je réprime un sourire ! On dirait la princesse Leia : "Aidez-moi, Obi-Wan Kenobi !"
- Oh non, tu peux me croire ! Par un concours de circonstances extraordinaire, tu te trouves sans doute être la personne la plus importante de la terre en cet instant.
A ces mots... mon cerveau décide de fermer boutique.
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- Pour déclencher trois éveils de manière aussi rapprochée, ça risque d'être... très déplaisant.
- C'est-à-dire ?
- Dangereux.
- Ah... C'est pas franchement ma tasse de thé.
- C'est la seule solution...
- Non, tu pourrais aussi appelé des renforts, comme tu me l'as promis hier soir. Pourquoi as-tu changé de plan de bataille ? Celui-là me plaisait nettement plus.
- En fait, j'ai bien tenté d'obtenir de l'aide, dis-je, les yeux baissés. Mais je me suis heurtée à un refus.
- Un refus ?
- Oui.
La manie qu'il a de répéter mes paroles va sans doute finir par m'achever avant même l'arrivée des Foudroyeurs.
- Mais ne suis-je pas le dernier sylphe de l'Ouest, votre futur roi, etc. ? Ma protection n'est-elle pas une priorité ?
- Si. En ce moment même, les Veilleurs retardent les hommes de Raiden autant que faire se peut. Et ils savent que je compte parmi les meilleurs gardiens disponibles.
- Bien sûr. Mais hier, tu m'as affirmé que tu serais trop faible pour les affronter seule. Même avec mon aide.
- Pas... Pas forcément. Je dispose d'une autre option pour vaincre les Foudroyeurs à coup sur.
- Quoi ? Si c'est du sûr, pourquoi ne pas le faire tout de suite ?
- Parce qu'il s'agit du sacrifice ultime.
Les mots ont franchi mes lèvres avant que je ne puisse les retenir.
Je sens le regard brûlant de Vane sur moi, mais je refuse de relever les yeux. De faire face aux émotions qui seront inscrites sur mon visage. J'ignore ce que je veux qu'il éprouve.
Je ne sais même pas ce que moi, je ressens.
- Alors si je comprends bien, finit-il par déclarer, ces Veilleurs que tu vénères tant préfèrent t'envoyer en mission suicide plutôt que de fournir des combattants supplémentaires.
- Ce n'est pas ça...
- Ah bon ? Alors c'est quoi, Audra ? Moi, ça me paraît assez clair. Et ce n'est pas normal. Ils ne peuvent pas t'obliger... attendre de toi que tu...
Les mots meurent dans sa gorge et je ne peux m'empêcher de jeter un rapide coup d'oeil à son visage. Lorsque je déchiffre la flamme qui habite ses yeux bleu acier, mon coeur fait soudain un bond dans ma poitrine. Cela fait si longtemps qu'on ne m'a pas regardée ainsi, que pour un peu je n'aurai pas reconnu ce sentiment. Il a de l'affection pour moi. Vane Weston tient à moi.
D'un battement de cils, je chasse les larmes qui se forment au coin de mes yeux, avant qu'elles ne puissent dévaler mes joues. De toute façon, ça ne change rien à la situation.
- J'ai prêté serment pour te protéger au péril de ma vie, et j'ai l'intention de tenir parole. Quoi qu'il arrive.
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"Je l'ai attendue dix ans.
J'attendrai autant qu'il faudra."
« Nous brûlons, nous nous assemblons et des parties d’elle fondent en moi. Sa force, sa détermination, son honneur. Elles s’infiltrent dans les fentes de mon cœur et les remplissent. Elles guérissent les endroits oppressés et abîmés par la violence. Elles me rendent entier.
Nous étions deux personnes brisées et incomplètes.
Maintenant, nous sommes un.
Personne ne me comprendra jamais aussi bien qu’elle.
Personne ne la comprendra jamais aussi bien que moi.
Et personne ne pourra rien y changer. Nous avons fondu ensemble pour être remodelés en une entité plus solide, meilleure. »
« - Tu mérites d'être heureuse, il chuchote. Peu importe ce que tu penses ou ce que tu as fait. Tu mérites d'être heureuse.»
J'ajouterais presque que j'ai besoin de lui.
Mais je ne peux pas me résoudre à dire ces mots.
Je ne veux pas qu'ils soient vrais.