Nous avons une aptitude rare : en cheminant sans hâte et sans parler dans la nature vierge, nous apprenons à mieux nous connaître. Parce que c'est ainsi, dans la lenteur et le silence, que nous prenons pleinement conscience de notre être.
En revanche, ce type d'introspection est absolument impossible dans la vie moderne, avec son rythme effréné et son vacarme : nous nous y sentons perdus, absent à nous-mêmes.
De nos jours, on vend de prétendues « aventures » dans les agences de voyages ! Mais l'aventure, la vraie, ça ne s'achète pas, et ça ne s'organise pas !
La construction de routes et de remontées mécaniques supplémentaires est-elle vraiment nécessaire en montagne, quand on sait qu'elles sont la cause principale des dommages environnementaux en dehors des zones urbanisées ? Il ne s'agit pas seulement de la survie de nombreuses espèces animales et végétales, mais aussi de la sauvegarde de valeurs comme la grandeur, le silence, l'harmonie et le danger, sans lesquelles la montagne perdra à nos yeux tout intérêt.
Le tourisme de masse compromet le milieu dans lequel l'homme cherche à faire l'expérience de lui-même.
Dans toutes les montagnes du monde, ces biens de luxe, que l'homme a épuisés depuis longtemps dans les grandes villes - le temps, le calme, la tranquillité, l'espace, l'air et l'eau purs -, seraient disponibles gratuitement... Si l'on veut sauver la montagne, il faut absolument préserver ces éléments indispensables à la vie.
La valeur du temps ne peut se mesurer à l'aide d'un chronomètre.
De nos jours, le silence est une denrée rare ; d'ailleurs, la plupart des gens ont du mal à le supporter.
De nos jours, les activités sportives pratiquées en montagne obéissent à des modes et sont de moins en moins écologiques, car le rapport à la nature et de plus en plus superficiel. Bien souvent, la nature n'est plus qu'un leurre. Comme il l'a fait dans les villes, l'homme crée en montagne une « deuxième nature », où pistes aménagées, parcours sécurisés, refuges, hélicoptères de sauvetages sont désormais indispensables à ses loisirs. Et où il exige de trouver un large éventail de services, son niveau de confort habituel et une maîtrise totale des éléments. La montagne est devenue un bien de consommation.