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3,1

sur 45 notes
[ La Première Faute ]
de @Madeleine Meteyer

Editions J.C.Lattès
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[ Quand ils se rencontrent à l’université, ils ont la vingtaine. Valentine croit à la tradition, François au progrès, mais ils tombent amoureux. Les années passent et avec elles arrivent le premier emploi, le premier appartement, le premier enfant, le mariage. Pourtant quelque chose dissone. Peu à peu, sous le vernis des apparences, se révèlent les secrets et les fautes enfouis ...]
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[ pressent on dès le début le mal que l’on va faire à l𠆚utre ?...]
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Toucher l𠆚mour pour la première fois . Faire tout dans l𠆞xcès et croire vivre très fort . S’indigner . Simuler . Être confuse .
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[ comment tu fais pour me supporter, soupire t-elle, je me serais quitter depuis longtemps si je pouvais, crois moi ...]
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Se sentir seule, sans défense. Se nourrir de passion, de drames . Insulter . Humilier . S’épuiser . Étouffer de peur et d𠆚ngoisse .
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Un premier roman troublant, déstabilisant et mélancolique . Une lecture sous tension, à bout de souffle, au bord du gouffre . Une vie qui se disloque . Un couple qui s�îme . Un bonheur sans cesse menacé . Comme un combat à mener .
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Valentine rencontre François à la fac. C'est une solitaire, à tendance emmerdeuse. Elle est de droite, a de grandes idées philosophiques sur tout et des principes bien arrêtés. « Son âme a faim de tranquillité, elle est lasse de tout. de la dureté de son coeur, de ses intransigeances au sujet de la morale, du divorce, de l'immigration, de ses certitudes et puis aussi, pour faire bonne mesure, de ses doutes qu'elle pense inhérents à sa famille politique. » François lui offre un autre scénario, il est « un être simple, si pratique, sur qui tout passe et qui ne connaît d'autre sentiment que la faim, la fatigue et l'indignation ponctuelle pour toutes sortes de sujets. » Il est l'opposé d'elle, ne fonctionne pas à la masturbation intellectuelle permanente « François a été élevé dans l'idée que la quête ultime d'une vie est le bonheur ».

La première faute c'est la rencontre improbable entre deux êtres que tout sépare, tant ils sont différents et que la vie, par le truchement d'un sort jeté, un peu fou, va réunir. À la fin de leurs études, Valentine fait un choix incompréhensible : travailler pour un journal dont elle ne partage pas les idées, persuadée qu'elle pourra « convaincre certains qui font fausse route ». Une idée singulière pour une femme singulière qui n'effraie pas le moins du monde François qui a l'habitude « Tu dis des trucs absurdes, tu t'emportes pour rien, et j'adore » Ce sera la deuxième faute.

Deux ans plus tard, l'un exerce sa profession, l'autre s'est fait virer et passe son temps le nez collé à une vitre à attendre le retour de son conjoint. La vie s'en mêle, les choses se font sans réelle réflexion, on s'installe, d'appartement en appartement, on prend des décisions n'importe comment, on fait des enfants presque par ennui. Celle qui se retrouve sans boulot, ses grandes certitudes au placard, ne sait plus vraiment qui elle est. Ce qu'elle ressent c'est surtout l'envie de faire payer, à sa moitié, ses propres échecs. Valentine ne supporte pas les femmes enceintes et leurs corps difformes et pourtant, c'est la suite logique d'une vie de couple « standard ». C'est comme si elle avait perdu tout pouvoir sur sa vie, pris aucune décision, laissé les choses se faire au rythme des mauvaises herbes qui poussent dans un jardin en friche. Ainsi naissent 3 enfants, au milieu de ce marasme, de cette stagnation de vie où finalement rien ne se désire vraiment, rien ne se décide, rien ne se planifie.

Ce roman parle du couple et explore deux entités qui n'évoluent pas à la même vitesse. Les succès de l'un affaiblissent l'autre, les désirs de l'un s'axent principalement sur une vengeance intellectuellement absurde, mais intelligible et surtout destructrice. Les écarts se creusent par ce fiel lancinant, dont l'ampleur raréfie l'oxygène. Aux échanges truculents comme celui sur le choix du prénom du premier enfant (« Mayeul, non, mais tu t'entends ? On dirait les familles de Versaillais en cardigans et jupes en lin. Tu veux aussi qu'on l'emmène au catéchisme tous les mercredis et à l'église tous les dimanches ? ») succèdent des instants plus graves où le lecteur, témoin de ce cataclysme annoncé, prédit une fin à la hauteur du caractère singulier de cette femme profondément frustrée qui creuse la tombe de son couple par la force de son ennui. Oui, Valentine s'ennuie et pour pallier à cet ennui qui la ronge, elle s'invente une vie, elle fait semblant, elle est « instable » et « destructurée ». « François comprend qu'il n'y a pas, qu'il n'a jamais eu, d'entente tacite. le repos, la routine, ne sont pas pour elle, elle a des haines inextinguibles, des obsessions de brute, un besoin de se battre. Il faut toujours que quelque chose l'excite profondément, autrement c'est l'ennui et l'ennui c'est la mort. »

La vie joue parfois bien des tours et s'amuse à renverser les situations, à brouiller les cartes, à transformer ce qui paraissait immuable. C'est sans compter l'évolution personnelle de chacun, au fil du temps qui passe, des êtres qui glissent vers d'autres versions d'eux-mêmes. Valentine et François vont l'apprendre à leurs dépens et la lutte qu'ils vont mener pour tenter de faire réapparaître l'être aimé du début de la relation sera sans pitié.

Voici un premier roman qui déstabilise par la force de son propos, qui ébranle la certitude que l'amour est suffisant et peut tout résoudre, qui trouble par la puissance des non-dits. Madeleine Meteyer fait peser sur le texte une tension permanente, une fièvre exaltée mise en lumière par un personnage féminin terriblement vivant, qui veut vivre chaque émotion, chaque pas, chaque jour si intensément que la déception ne peut être que cruelle. La vie « quotidienne » ne ressemble en rien à cette idée de l'étourdissement permanent. En jouant sur les différences, en démontrant à quel point deux individus ne peuvent évoluer à la même vitesse dans un couple, elle creuse l'écart, elle enterre les premières fois et les premiers émois pour laisser place à l'amertume, à la rancune, à la colère, à la jalousie et à ses petites bassesses verbales impossibles à effacer une fois prononcées. Elle révèle avec quelle force on peut épuiser l'autre parce qu'on se déteste soi-même, avec quelle pugnacité on cherche à le détruire, et comment les êtres proches, tels que les amis ou les enfants sont aspirés dans cette spirale infernale.

J'ai aimé ce texte qui fait battre le coeur, qui oblige à se regarder dans le miroir, qui contraint à faire le point sur soi-même et sur l'évolution de son couple. C'est écrit avec une grande justesse, une réelle précision dans les évolutions psychologiques, mais aussi avec tendresse, empathie et attachement pour les personnages. Il n'y a pas de jugement, juste la réflexion d'un cheminement, et les années qui nous traversent….

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Valentine rencontre François à la fac. Fragile et très attachée aux valeurs familiales traditionnelles, Valentine tombe sous le charme de François, libre et tourné vers le progrès.

Elle s'attache le jeune homme en lui donnant trois enfants et en renonçant pour lui à ce qui vibre en elle. Mais la famille n'est pas toujours un refuge.

La fragilité, les failles laissées par l'enfance, c'est une thématique qui me plait. Mais quelques longueurs et un dénouement, à mes yeux, peu crédible, m'ont laissé un sentiment d'inabouti.

A lire après « Valeurs actuelles ».
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On assiste à la décrépitude d'un couple, un peu comme dans un film de Bergman, où l'on sait pourquoi on veut partir, mais l'on ne sait plus pourquoi on reste. Finalement, c'est dans toute la famille que le poison s'instille car vers la moitié du roman, l'intrigue prend une tournure à la We need to talk about Kevin (très bon film, que je vous conseille d'ailleurs). Un retour du refoulé à rebours (en même temps, c'est le but), et la haine qu'on cache sous le tapis revient dans le sourire factice d'un enfant. C'est aussi le miroir d'une France fragmentée. Les griffures que Valentine s'inflige, les inquiétudes que François tait à coup de rationalisation surgissent à la surface comme autant de dissonances dans ce couple. Car comment concilier deux visions aussi opposées, aussi différentes ? Comment survivre autrement qu'en se dissolvant dans cette unité aux yeux des autres ? Ou quand le couple ne peut plus parler :« Rien qu'un désintérêt pour toute profondeur, pour tout questionnement n'ayant pas trait à l'heure du repas, au programme du ciné. », qui emblématise aussi comment des dialogues toujours plus stériles, toujours plus dissociés de la réalité du plus grand nombre finit par creuser des fossés infranchissables. Une prose précise, presque des aphorismes, qui étonne par leur sagesse. On a cette impression que M.Metayer a vécu au moins trois vies pour observer aussi bien les tics, les petits rituels de chacun. Ce qui est intelligent, c'est aussi cette construction en oeillères. La focalisation dans tel personnage empêche l'empathie à l'instant T avec l'autre. Ce qui fait que leur incommunicabilité est renforcée et que tout ce qui peut nous sembler déplaisant à nous lecteurs, (la mollesse de François, la froideur de Valentine) sera balayé quelques chapitres plus loin. Bref, un très bon roman, que je ne peux que vous conseiller !
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Deux jeunes gens se rencontrent à la fac pendant leurs études de journalisme, intéressés par l'expérience d'une relation sans probablement rien d'autre en commun que leur futur métier. Les contraires s'attirent, les opposés se complètent. Ou pas.
J'ai apprécié immédiatement le style du récit. Comme si l'écriture était lointaine, détachée. Cette plume nous parle de Valentine et François sans les regarder en face. Il y a quelque chose d'effacé qui apporte justement de l'intrigue, une attirance. le ton est aussi désabusé que le couple de Valentine et François.
Mais alors dans la catégorie "livre que je n'aurais jamais lu si je savais ce que c'était", il concourt au top 10, voire 5. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est tellement plus compliqué que ça (j'ai l'impression de lire Valentine là).
Je suis partagée entre le brio de l'écriture pour laquelle j'ai vraiment un coup de cœur, et l'écoeurement, le dégoût que m'invoquent François et Valentine. La mère pleine et entière que je suis, pourtant largement dépassée par mes enfants, ne comprend pas. Ne peut pas comprendre. Impossible d'imaginer mes enfants comme des poids ou tout au contraire comme insignifiants. François et Valentine me paraissent simplement aussi cinglés et cyniques l'un que l'autre. Et je suis consternée de savoir qu'il existe de vrais parents indifférents voire excédés sincèrement par leurs enfants. L'histoire donc m'a remuée, vraiment. Énervée, agacée, exaspérée.
Mais l'autrice a beaucoup trop de talent pour que le contenu passe au premier plan. J'ai adhéré à cette plume cynique et flegmatique à la fois à 300%. J'ai parfois peur quand je vois la vague de nouveaux auteurs qui déferle depuis plusieurs années, que je trouve trop superficiels, trop "historette tout public" qui manque de goût, de raffinement, de style. Mais "La première faute" est le genre de livre qui me rassure. Ces livres qu'on aime et qu'on déteste à la fois, ces livres qui ne sont pas que paillettes et amour toujours au pied de la montagne, ces livres qui montrent des facettes de la nature humaine qu'on a pas envie de voir, ces livres qui peignent des quotidiens où il ne se passe rien mais desquels on dissèque tout, surtout le plus moche.

Merci à Netgalley et aux éditions JC Lattès pour l'envoi de ce service presse qui a brillamment clos mon année 2020.
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J'ai trouvé ce livre long. on identifie a un moment que les parents cachent la vérité de la disparition de LG aux autres enfants.
Certes, si la révélation n'apparait qu'en toute fin d'ouvrage, je trouve que l'histoire s'est construite lentement et que cela n'amène pas grand chose de plus si le rythme avait été plus rapide.
Je ne connaissais pas cette auteure et ce premier livre ne génère pas émoi l'envie d'en découvrir d'autres.
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C'est un premier roman très original, dans le sujet et dans la forme. C'est un veritable parti pris de prendre l'angle des opinions politiques pour raconter l'histoire d'un couple et surtout insérer ensuite de nombreux sujets : maternité, folie, exclusivité de l'amour, longévité de l'amitié... tout au long de la lecture, je n'ai pas vu où Madeleine Meteyer voulait nous emmener, j'étais intriguée à chaque page, j'ai lu le livre d'une traite. On part d'une amourette et on parcourt des moments de noirceur intense.
Au final, on sent que c'est un premier roman, je pense que l'exécution n'est pas parfaite, certains éléments m'ont semblé tirés par les cheveux ou mal expliqués, mais l'idée est bonne : j'ai adoré suivre ce couple au long cours, sur plusieurs dizaines d'années.
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Amour fou ou l'amour d'un fou ?
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Valentine rencontre François à l'université, au détour d'un couloir, et c'est le premier pas dans un cercle vicieux dont aucun des deux ne pourra plus s'échapper. Ils emménagent ensemble, ont des enfants, se marient... Ils se quittent aussi. Comme dans toutes les grandes histoires d'amour, me direz-vous ? Mais d'histoire d'amour, je n'en ai pas vu dans ce livre. Pour moi, ce fût dès le départ l'histoire d'une relation malsaine. Déséquilibrée. Complètement folle ! Il y a tous les indicateurs ; chantage affectif, imposition de ses choix de vie, manipulation des enfants, emprise... Un bel outil de prévention contre les relations conjugales abusives en définitive ! Il y a aussi des éléments plus communs. Ces petits travers que l'on retrouve chez tous les couples qui s'usent avec le temps ; la passivité, les faux-semblants, le désir de la tranquillité avant tout... C'est troublant. C'est acide. Parfois même plein de haine avec des mots très durs lancés l'un sur l'autre. Mais c'est authentique, vrai, sans fioritures. L'écriture est fluide, instinctive. Et le tout se lit à une vitesse folle ! Jusqu'où cela va-t-il aller ? Quand est-ce que la situation va-t-elle enfin cesser de dégénérer ? Jusqu'où tout cela peut-il aller ? le lecteur est tenu en haleine. Il bouillonne à l'intérieur. Il s'émeut donc, mais pas en ayant les larmes aux yeux, plutôt en secouant la tête, en pinçant les lèvres, en désespérant de voir les personnages enfin heureux.
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Je ne pourrai pas vous dire avoir aimé ce livre. Il est sans lumière. Plutôt déprimant. Et pourtant, il m'a accrochée ! Un livre appréciable donc, mais attention, coeurs d'artichauts s'abstenir.
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Un immense merci à Babelio et aux éditions JCLattès pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique. Un premier roman de Madeleine Meteyer qui me donne envie d'en découvrir plus...
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J'avais commencé à le lire avant que sa sortie ne soit repoussée, puis je l'avais laissé car certains passages me mettaient mal à l'aise, me faisait de la peine. Puis je l'ai recommencé, je l'ai de nouveau abandonné et repris pour aller au bout. Comme j'ai souffert par moment !!! Une fine analyse ( pour une auteure de 27 ans), de l'érosion d'un couple, de la famille (avec la routine, le temps qui passe..), le poids des enfants (chose que je ne comprends pas du tout en tant que maman !!!). Un roman qui m'a dérangée, bouleversée et parfois agacée. Une chose est sûre je ne voudrais pas une famille comme celle de Valentine et François. Madeleine est une jeune auteure à suivre 🤩
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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La première faute est un roman moderne qui chatouille. Il touche les cordes sensibles des grands questionnements sociétaux qui nous abîment, nous divisent et nous détruisent même parfois. Mesquineries quotidienne, idéologie contrariée. Un roman plutôt interpellant et douloureux sur la vie en couple, la famille, la maternité et par extension le rapport à soi aux autres à ses besoins, ses envies, et ses obligations.
Ici on ressent une guerre d'espace, qui creuse la distance et étend le fossé en tiédissant l' l'amour avec comme paradoxe une fortification d'idées.
C'est l'histoire d'une rencontre, d'une vie à deux qui prend corps et se transforme en famille. C'est l'histoire d'un amour qui rassemblait malgré les discordances d'idées et de valeurs. Un amour qui se fane avec le temps, le refus des compromis, l'affirmation de soi. Une histoire qui déchire et tord les enfants atteint par les névroses envahissantes de leur parents et leurs choix parfois, sans concessions. Un roman acide, sur les rapports entre les êtres, la difficulté d'être à l'autre, d'être parents. Et la solitude perpétuelle et inébranlable, même en famille.
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