La douleur, je le sais, ressemble à une toile d’araignée. On s’y perd, on s’y débat, on y engourdit son âme.
Il est deux façons de cultiver un lopin de terre, Elisabeth. Dans la première on estime que cela est une corvée et on prend l’habitude de penser que chaque coup de pioche ne peut que nous fatiguer les reins.Dans la seconde, on part d’abord du principe que le fait d’avoir un lopin de terre à mettre en valeur est une chance extraordinaire et que chaque coup de pioche nous rapproche un peu plus de la récolte.
Il nous est toujours demandé de guider celui qui part en empruntant sa propre langue. C’est la qualité, la pureté de notre amour qui prime, car cet amour est le véritable fil directeur de l’âme, l’échelle le long de laquelle elle se hisse pour se trouver.
Il n’y a jamais que le ressenti du cœur et la confiance que l’on place en soi et en la vie qui nous indiquent le bon chemin, Elisabeth. Mais y a-t-il même un bon et un mauvais chemin ? Il y a surtout le chemin que notre éveil nous
a fait prendre et qui agit sur nous en tant qu’engrais. Ainsi, vois-tu, il n’y a dans toute vie ni de bonnes ni de mauvaises rencontres ; il n’y a que des instants dont on saisit plus ou moins bien le sens et aussi la façon dont nous réagissons par rapport à eux. C’est là que fleurit toute notre liberté.
Qu’on le reçoive ou qu’on le donne, le pardon est un cadeau qui nous réconcilie avec la vie, une magnifique offrande qui fait que nous ne fonctionnons plus comme un disque rayé, juste capable de reproduire la même rengaine pendant des années.
Il faut accepter de regarder une plaie si on veut la panser afin qu’elle cicatrise
On ne se débarrasse pas de ses souvenirs en s’imaginant qu’il agit aussi naturellement qu’une gomme. Le temps enfouit, c’est tout. Il ne referme pas une plaie, vois-tu, il sait seulement la dissimuler... et nos corps la retraduisent à leur façon.
L’âme sera toujours un livre ouvert... Ce que nous voulons d’elle pourtant, c’est un aveu clairement formulé,juste une petite phrase qui entamera la chaîne de ce boulet dont elle veut continuer à ignorer l’existence.
La seule chose dont son cœur a soif, c’est d’amour... d’amour sans “peut-être”, ni “demain”, ni “oui mais”. L’amour dans l’instant présent, voilà le seul trésor qui, en vérité, puisse jamais compter désormais pour elle. Cet amour-là est la seule expression vraie, pure et indélébile de la spiritualité.
La déchéance physique et morale est le plus éclatant résultat de sa corrosion ;
c’est pour cela que tous ceux qui sont au crépuscule de leur vie doivent apprendre à détendre les muscles raidis de leurs habitudes mentales et passionnelles.