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Critique de Milllie


Petite sale, c'est ainsi que les autres voient Catherine, bonne à tout faire au Domaine, cette riche ferme qui domine le petit village de Picardie où elle habite et sur laquelle règne en maître Monsieur, son propriétaire. Catherine est pauvre, Catherine a déjà subi bien des malheurs malgré son jeune âge, Catherine est jugée par Madame trop sale, pas assez présentable pour servir à table, à elle les corvées, nourrir les animaux ou faire les basses besognes en cuisine. Mais quand la petite fille de Monsieur, âgée de 4 ans, disparaît soudainement et reste introuvable malgré les recherches des gendarmes et policiers, tout le Domaine va être mis en émoi.

Petite Sale est un drôle de roman qui prend prétexte d'une vague trame policière (la disparition de la petite Sylvie) et de l'enquête qui s'ensuit pour nous décrire de manière quasi sociologique la vie d'un village rural des champs de betterave du Nord de la France et la manière dont Monsieur, le propriétaire du Domaine, règne en seigneur sur tous les habitants. L'auteure nous plonge dans une ambiance hivernale, poisseuse, faite de boue, de champs qui accueillent maintenant des betteraves après avoir servi de terrains de combat pendant la Première Guerre mondiale et après avoir absorbé tant de sang et de douleur, de froid omniprésent et de pauvreté dont il semble impossible de s'extraire. Nous sommes en 1969 et Louise Mey rend parfaitement cette époque avec de nombreux détails très photogéniques et réalistes, notamment par les yeux de ces flics venus de Paris pour seconder les gendarmes locaux (à la demande de Monsieur qui ne les juge pas assez compétents), qui séjournent à l'unique hôtel du village et essaient de percer le silence et les moeurs locales.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, retrouvant le style très haché, très sec de Louise Mey qui m'avait déjà gêné dans la Deuxième femme, avec ce personnage de Catherine qui ne se fait aucun cadeau et semble vouée à tous les malheurs du monde. J'ai aussi été un peu abusée par l'idée que je me faisais initialement de ce roman, que je pensais plus dans la lignée des précédents de l'auteur, l'histoire d'une femme, Catherine, la Petite Sale du titre, alors que celle-ci sort assez vite du champ pour basculer sur une enquête policière classique. Passé ces petites réserves, j'ai malgré tout trouvé le propose très intéressant par tout ce qu'il montre de la vie de cette fin d'années 60 dans une campagne où rien ne semble avoir changé depuis la guerre voire même depuis le Moyen-Age. Un riche propriétaire qui règne en maître sur tous les environs, quasi seul employeur de la région et donc tenant à sa merci tous ceux qui dépendent de lui pour gagner leur croûte, un père de famille qui terrorise toute sa maisonnée, auprès de qui femme comme enfants doivent filer droit et se taire, un monde de non-dits, de secrets et de ragots où il semble totalement impossible d'échapper à sa condition. C'est noir, très noir, mais aussi très bien décrit par l'auteure et très intéressant, l'intrigue policière devenant le prétexte à découvrir la vie du village et ses secrets. Je n'avais pas totalement vu venir la résolution finale de l'énigme même si je me doutais de quelque chose et j'ai trouvé que Louise Mey bouclait parfaitement son histoire avec beaucoup de cohérence et une petite touche d'humour bienvenue !

Cela reste un roman assez lent, pas vraiment attachant et parfois un peu répétitif mais que j'ai trouvé malgré tout très intéressant et assez original. A découvrir si vous avez envie de vous attabler au zinc d'un bistrot années 50 au fin fond d'un petit village de la campagne profonde pour boire un coup avec les habitués et essayer d'en savoir plus sur leur vie et ce qui les anime !
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