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3,75

sur 434 notes
Quel titre difficile et porteur d'une connotation sacrément péjorative ! Et la quatrième de couverture enfonce le clou . Cette petite sale , c'est Catherine , une jeune femme que l'on ne voit pas , qui ne parle pas , qui " fait " sale .
Elle travaille , comme beaucoup de villageois , au " Domaine " sur lequel règne " Monsieur " , un personnage riche , méprisant , despote détestable , imbu de lui - même qui n'a qu'un objectif : amasser une fortune !!
Et voilà que , hélas , sa petite fille est enlevée et la demande de rançon ne tarde pas ! L'homme est touché au plus profond de son être : il risque de perdre ...une fortune , et ça Monsieur , il n'aime pas. Deux policiers dépêchés de la capitale prennent l'enquête en mains...Comme tout cela est écrit sur la quatrième , je suis tranquille , je ne divulgue rien .
Mais , me direz - vous , c'est tout ?...Oui , pour le " squelette " du récit mais il faut ajouter bien des ingrédients pour que le plat soit excellent et il l'est .....
Bon , allons - y .La météo est exécrable et c'est dans la boue que nous allons " traîner nos guêtres " du début à la fin .C'est dans une petite auberge que nous allons terminer nos soirées sous les regards lourds de sous - entendus des derniers clients avinés , c'est dans des foyers pas forcément accueillants que nous allons pénétrer , c'est la morgue insupportable de Monsieur et de sa famille qui va accompagner nos recherches , c'est la nostalgie de l'éloignement pour nos enquêteurs que l'omerta du village empêche de progresser . de loin ou de prés , il est toujours là , omnipotent , omniprésent , Monsieur , lui qui " fait ou défait " les destins .On peine à se dégager de cette chape de plomb qui étouffe toute possibilité de progresser , de découvrir la vérité jusqu'à ce que ....Polar noir , polar rural , polar rural noir , ce roman vaut pour son ambiance moyenâgeuse tant par son décor que par cette relatin de seigneurs à vassaux , voire serfs ...Mais nous sommes en 1969 , tout de même !!!
En me promenant de nombreuses régions françaises , il m'a souvent été donné d' apercevoir , haut- perchés au sommet d'une butte , des manoirs , demeures bourgeoises ou châtelets ...Souvent , au pied , des maisons , fermes , maisonnettes .....alors , des " Monsieur " , il devait bien y en avoir et il n'y a pas si longtemps , non?
Catherine ? Son instituteur la jugeait " folle ou presque " , son institutrice voyait en elle une élève brillante , curieux , curieux tout ça .Vous avez dit Bizarre ? Tiens , comme c'est Bizarre . Comme cette histoire quoi . Allez , en route pour ...Comment ? On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue ? Oui ? Ben si t'aimes pas la boue , il vaut mieux éviter ce roman , mais ce serait tout de même dommage car la boue , elle n'est pas toujours sur le sol .
A bientôt , amies et amis .
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Depuis la maison qu'elle occupe avec sa mère, Catherine fait, matin et soir, quelque soit le temps, le chemin pour aller travailler chez Monsieur, au Domaine, comme il aime à le penser. Bonne à tout faire, sous la responsabilité de Mélie, elle a en charge la plupart des tâches ingrates. Mais, elle ne pipe mot. Ni au sujet du dédain de Monsieur, des remarques de la vieille la traitant de petite sale, des moqueries et des blagues salaces de la plupart des ouvriers ou des saisonniers. Catherine se fait sage, silencieuse et cela lui convient ainsi. En cette fin de journée, Catherine aide Mélie en cuisine, des invités étant attendus. le fils et la belle-fille sont déjà là et cette dernière voulant aller se reposer laisse sa fille de 4 ans, Sylvie, aux bons soins de Mélie qui, aussitôt, propose à Catherine d'aller se promener avec elle. Un petit tour à l'étable puis à la grange, où une chatte vient de mettre bas, et il est temps de rentrer. Mais, dans la cour où l'obscurité est tombée d'un coup, l'un des saisonniers s'amuse avec Catherine, tourne autour d'elle avec sa brouette tandis que les autres hommes rient, l'encouragent, s'amusant certainement de sa détresse. C'est lorsque les hommes repartent qui vers le hangar, qui vers la remise, qu'elle remarque, en scrutant la cour, que Sylvie n'est plus là...

Une petite fille qui disparaît soudainement, introuvable malgré les recherches des villageois, des ouvriers et finalement c'est une demande de rançon, adressée à Augustin Demest, autrement dit Monsieur, qui signifiera à la gendarmerie que le ou les kidnappeurs semblent sérieux. Monsieur a de l'argent et de quoi payer bien-sûr, connaît tout le monde, emploie, grâce à ses champs de betteraves, une bonne partie du village. Mais Monsieur a, semble-t-il, des ennemis, même s'il peine à le concevoir, parce que Monsieur règne en maître, pour ne pas dire en despote. Pour aider les gendarmes, deux policiers venus de Paris, Dassieux et Sautet, vont mener leur enquête et vont vite se rendre compte des secrets et des non-dits qui planent sur le village et le Domaine. C'est dans une ambiance lourde, poisseuse, glaciale, parfois figée dans la boue ou la neige que Louise Mey délie peu à peu les langues. Et c'est cette atmosphère d'un autre temps qui prévaut dans ce roman, avec ces policiers à l'ancienne tout droits sortis d'un Simenon, avec cette neige qui accentue le silence, avec cette gadoue qui enlise et salit, avec ce Monsieur et ses journaliers qu'il considère comme des serfs. L'enquête, en elle-même, réserve quelques surprises.
Un roman policier intrigant et bien mené...
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Elle s'appelle Catherine, elle est bonne à tout faire dans une exploitation du nord de la France. La première fois qu'elle l'a vue, sa patronne a décidé que Catherine n'était pas assez présentable pour servir à table : "Elle fait sale, cette petite"... Imaginez la claque, la honte, l'humiliation...
Alors Catherine se fera toute petite, (transparente si elle pouvait ), elle baissera les yeux, c'est que voyez-vous, elle a besoin d'argent. Là où elle habite , à part travailler pour monsieur Demest, il n'y a rien d'autre. Véritable seigneur de son domaine (qui n'est qu'une immense exploitation de betteraves), notable influent dans la région, il possède 500 hectares et quand sa petite-fille de quatre ans est enlevée, qu'une rançon est demandée, c'est tout une "petite armée" qui se met au service de l'enquête, gendarmes et policiers.

Et nous lecteurs, nous suivrons le plus souvent, le duo de policiers ( le vieux à la moustache fatiguée, pèpère et philosophe, proche de la retraite, et le jeune plus fringuant, fonceur) envoyés de Paris, qui découvrent la région, le domaine, la famille, qui déroule les événements, depuis que la petite Sylvie a échappé à la vigilance de Catherine. Catherine qui , comme les autres, ne parle pas. Trop peur de se faire renvoyer, trop peur de Monsieur ...

On est en Février 1969, et nos flics dorment à l'hôtel-restaurant du village. Il fait un froid de canard dans leurs chambres, l'unique salle de bain est au rez-de chaussée, tout comme l'unique téléphone à pièces , ce qui est parfait pour les oreilles qui trainent. On est en 1969, mais dans cet endroit, c'est comme si notre duo avait fait un bond de trente ans en arrière au niveau des mentalité. le jeune policier râle, mais il veut du fond de ses tripes retrouver la petite. Il voudrait que cette enquête soit bouclée au plus vite, rapport au froid, à la boue, au mutisme des gens, au journaliste qui les dérange un peu, et surtout il voudrait retrouver sa Claudia, celle qui illumine ses journées, celle qu'il traite d'égal à égale, pas comme d'autres hommes qui habitent ce coin perdu


Ce roman est , en dehors de l'enquête, un roman sur les oppositions, sur les contrastes : une France qui, peu à peu disparaîtra engloutie par les années 60, la ruralité par rapport à la France citadine, des classes sociales différentes , hommes forts/faibles femmes, jeunesse/ vieillesse, boue/ soleil, chaleur/ froid, gentillesse / froideur ou mépris de classe...

Lorsque le roman commence , j'ai pensé à " L'Analphabéte" de Ruth Rendell (devenu La Cérémonie au cinéma avec Claude Chabrol), dans la façon qu'a Louise Mey de décrire sa Catherine. Puis, avec l'arrivée des policiers parisiens, j'ai pensé au commissaire Maigret , car tous les soirs ,ils rentrent à leur hôtel et dînent (tard ) dans la salle commune de plats bien français et roboratifs...
Et puis j'ai pensé à l'avant dernier roman de l'auteure, l'excellent "La deuxième femme" qui parlait de la cause des femmes. Louise Mey continue à parler des femmes, les riches, les pauvres, les petites sales avec beaucoup d'intensité. Formidablement bien écrit , on sent la boue, on sent la petite ville de province , on sent la domination, on sent le travail de fourmi des policiers et gendarmes, on sent le froid, l'inconfort, et puis on sent ( pour certains ) la lumière au bout du tunnel. La fin est légérement malicieuse...


Louise Mey est une grande de la littérature française, lisez aussi " Deuxième femme", un chef d'oeuvre, ni plus, ni moins !







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le titre interpelle, évidemment. On a envie de savoir qui se cache derrière cette dénomination méprisante. Ayant lu et apprécié " La deuxième femme" de l'auteure, je me doutais qu'un personnage féminin serait au centre de ce roman noir.

Et pourtant, elles comptent si peu, les femmes, dans ce village de l'Aisne, en 1969! C'est le maître du Domaine, Demest, qui régente tout et croit encore avoir aussi le droit de cuissage sur ses employées. Petit à petit, après avoir épousé une héritière qu'il dédaigne, il a racheté toutes les terres autour, les gens dépendent de lui, car il leur donne du travail. La betterave l'a enrichi. On se croirait dans une nouvelle De Maupassant...

Mais voilà : on a enlevé sa petite-fille, Sylvie! Il l'aime, mais pas autant que son argent, et on ose lui réclamer une rançon. Une enquête commence. Je n'en dirai pas plus.

Ah, cette " petite sale", déjà saisissante, à travers son point de vue donné tout au début du livre, laissant transparaître une intelligence et un sentiment de haine fulgurants, comme elle trompe son monde! Subtilement, le point de vue devient ensuite celui d'un jeune policier, qui donnera un autre éclairage à l'histoire.

Voilà un livre captivant, et pourtant le déroulement des événements traîne, l'enquête piétine. L'aspect policier n'est ici qu'un prétexte à une étude sociale précise et passionnante. L'analyse des personnages est fine et montre leur complexité. La construction de l'intrigue est habile. Et l'atmosphère hivernale oppressante de ce décor rural bien rendue. Un coup de coeur pour moi! J'ai beaucoup aimé la fin, revanche contre le patriarcat...



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« Petite sale », c'est un titre, c'est ensuite une quatrième de couverture, mais c'est surtout une intrigue époustouflante à l'ambiance délétère.Le voyage ne sera pas une sinécure, bien au contraire, mais il sera à la hauteur d'une atmosphère glauque et poisseuse.« Petite sale », c'est un environnement, des mots qui s'imbriquent pour nous embarquer pendant une dizaine de jours, dans un petit village français à l'aune de mai 68, mais où le temps semble s'être figé dans la féodalité qui n'a plus court. Un village figé dans le temps, enlisé dans sa turpitude à l'image de cette neige, cette froidure hivernale qui glace même les plus chaleureux. La neige glaciale comme l'accueil des villageois empêtrés dans le silence, conscients d'une normalité tronquée, mais dont ils sont consentants, par peur de se voir exclus, renvoyés de leur travail, voir pire. Tout le monde nage dans un brouillard chargé de secrets, de regrets. C'est tout le poids des non-dits et de l'absence de communication profondément enracinés dans cette terre.La servitude est toujours d'actualité et malgré la fatigue des corps, la révolte sourde, les langues restent muettes comme ligotées par les liens sacrés du servage. Ces liens invisibles entre les vassaux et le seigneur sont tenaces en cette année 69, même au sein de la famille.Au-delà de ces liens figés, ahurissants, ce monde rural vient se télescoper avec les années 70 et les évolutions que nous percevons. C'est une intrigue entre deux mondes, un roman rural bien noir comme je les aime et où l'odeur de la terre, se retrouve dans les bars enfumés, les blousons noirs et le « ptit » ballon de rouge.Le temps s'étire sur une dizaine de jours, au fil de l'enquête sur l'enlèvement de la petite fille du seigneur local, et des révélations. Les langues se délient peu à peu, et le final nous plonge dans une réflexion dénouant tous les fils de l'intrigue.Sans violence, sans cris, sans un mot plus que haut, Louise Mey tisse une intrigue magistralement construite. Avec en toile de fond, la dénonciation du patriarcat, elle fait le parallèle avec la société en pleine mutation et la place de la femme figée dans le temps.Tout évolue, à un rythme effréné, pourtant, la place de la femme, le regard que les hommes posent sur elle ne change pas. C'est aussi un parallèle très intéressant avec notre société actuelle en pleine mutation, où la femme doit encore se battre pour ses droits, dans certains pays, mais aussi pour la reconnaissance de ses capacités au même titre que les hommes, dans notre pays.Chaque mot, chaque phrase, chaque arc narratif trouve son écho dans un personnage, dans une temporalité.Cerise sur le gâteau, l'enquête policière et les policiers à l'ancienne avec ce duo entre Maigret et commissaire Moulin. Entre la fin d'un temps et la naissance d'un nouveau. Encore une fois, on retrouve cette double temporalité entre les personnages. Deux flics parisiens : Gabriel, sous les ordres de son supérieur Dassieux, vont déterrer les secrets et enfin découvrir qui est à l'origine de cet enlèvement, le tout avec patience, sans artifice et avec grandeur d'âme. On voit nettement la différence de caractère entre les deux, l'un calme, analyse et prend le temps de poser les choses, l'autre, jeune, fougueux et au tempérament colérique. Les deux s'opposent mais se complètent, l'un laisse la place à la relève, au renouveau, au changement… C'est toute l'histoire de ce livre…Louise Mey reconstitue un microcosme mondial au sein de ce village en pleine déroute, qui va venir se fracasser conte le mur de la modernité, du changement et de l'évolution des moeurs, où même la météo devient un personnage à part entière aussi glaçant que ces hommes et ces femmes.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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REMARQUABLE !
Je découvre avec Petite Sale la plume de Louise Mey et je suis subjuguée ..
Février 1969, nous découvrons avec les yeux de Catherine la ferme. Oh pardon l'exploitation agricole comme aime le dire et répéter Monsieur. Monsieur est riche, très riche, Monsieur a racheté toutes les terres autour et régit à présent un Domaine! Il emploie près de la moitié des hommes du village , est ami avec les huiles de la région, et aime se faire obéir au doigt et à l'oeil , et quand je dis obéir .. certaines demoiselles en savent quelque chose !.
Catherine n'aime pas Monsieur, Catherine reconnait même qu'elle le hait mais bon elle a besoin de sa paie ...
Catherine c'est celle que l'on ne voit pas, qui sait se faire invisible, toujours en train de travailler, de porter les plateaux du repas aux ouvriers ou aller vider les seaux ..; Catherine c'est la Petite Sale même si elle est toujours propre sur elle mais elle est pauvre donc ..
Et puis un soir, Sylvie, la petite fille de Monsieur est enlevée, Catherine n'a rien vu , n'a rien pu faire. La demande de rançon arrive et les flics parisiens viennent épauler les gendarmes... Voilà vous n'en saurez pas plus mais les jours vont s'égrainer , l'enquête n'avance pas,..
Encore une histoire d'enlèvement me direz-vous ! Oui bien sûr mais est-ce vraiment là le sujet de ce roman? Classé policier il me semble être surtout un roman sur un monde rural des années 70, un monde où un homme règne en despote sur ses sujets avec un droit de toute puissance que lui confère sa fortune, le droit de virer celui qui ne convient pas , peu importe la qualité de son travail si ses idées ne sont pas adéquates, le droit de faire de ses enfants des pions , des esclaves, le droit de cuissage sur les femmes de la maisonnée ou d'ailleurs. Monsieur aime ordonner, être obéi, tout doit être fait selon son bon plaisir...
Louise Mey reconstitue magistralement l'ambiance pesante, glaçante au sens propre et figuré. Les enquêteurs, flics ou gendarmes , sont plus vrais que nature, les autochtones tous taiseux vont finir par laisser filtrer certains ragots pas jolis jolis, et Sylvie est toujours introuvable..
Un roman à découvrir bien sûr.
Un grand merci aux éditionsJ.C Lattès le Masque via Netgalley pour ce partage
#PetiteSale #NetGalleyFrance !

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Lorsque Catherine est embauchée au Domaine de Monsieur Demest c'est la vieille ( Madame)qui la reçoit et la vieille décrète que Catherine est sale. Sale elle ne l'est pas, mais très pauvre, oui !
Il lui sera demandé les tâches les plus ingrates. Catherine travaille tout le temps les yeux baissés.
"Elle a osé regarder au loin; rien que ça, on dirait une offense."
..."les filles comme elle, Catherine, valent moins qu'un porc."
Au domaine, il y a Monsieur, sa femme, son fils ( un mou) Clémence, la belle fille qui a l'air bien déprimée, le régisseur qui ne sert à rien et Sylvie la petite fille de quatre ans.
Un jour où Catherine doit veiller sur elle, la petite disparaît.
Les gendarmes du coin et deux policiers parisiens vont mener l'enquête. Très vite, ils vont comprendre que si personne n'aime Monsieur tout le village vit grâce à lui et à ses champs de betteraves. Il les agrandit tous les ans en rachetant les terres et les maisons à bas prix et en coupant tout les arbres. Les enquêteurs sont face à une véritable omerta.
Je n'en dis pas plus sur l'histoire, polar oblige !
Tous les personnages sont attachants ou détestables, mais tous incarnent des personnalités très marquées. Monsieur est le tout puissant, Catherine est l'invisible, il y a le jeune flic fougueux, le vieux flic désabusé, l'hôtelière bavarde, le journaliste fouineur.
Tout ce petit monde cohabite dans la campagne d'Ile de France triste, pluvieuse, boueuse.
On est en février 1969 et les événements de mai 68 n'ont rien changé dans ce"patelin", ni la place faite aux femmes, ni le travail des ouvriers.
"Petite sale" est un bon roman, surprenant, entre suspens et étude de moeurs.
L'écriture de Louise Mey est très fluide et la construction sans faille.
J'ai lu "La deuxième femme" de la même auteure, d'un tout autre genre mais avec une constante : l'emprise.

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Mi-février 1969, dans l'Aisne, où « la terre [est] grasse de cadavres » de la première Guerre mondiale, et truffée d'obus :
« Elle se redresse, inspire à fond, aimerait se convaincre qu'elle sent quelque part une odeur de printemps, la fin de la nuit, mais il n'y a rien, rien que l'hiver. » On s'y croirait !
Elle, c'est Catherine, jeune femme de dix-neuf ans qui rase les murs, pauvre simplette, et à qui on attribue les tâches ingrates. Madame l'a cataloguée comme 'petite sale' ; sa place est donc dans la cuisine et près des bêtes qui sentent mauvais. Cela du lundi matin à l'aube au dimanche midi, alors que les autres employés se reposent le 'jour du Seigneur', eux.
Monsieur possède un vaste domaine. En quelques années, il a racheté des fermes, des terrains, et a bâti son empire autour de la culture de la betterave sucrière. Il fait vivre toute la commune de Saint-Dury - difficile d'y échapper...
.
D'emblée l'ambiance est lourde, a fortiori lorsqu'on connaît le coin (ou la Marne, j'ai transposé sans peine). le texte est dense, la typographie serrée, et le ton 'rural noir' rappelle Bouysse ('Né d'aucune femme') et Ph. Claudel ('Les Ames grises'). On a hâte d'en finir, de se sortir de là, mais ça n'avance guère : avec les deux flics parisiens, on tourne en rond - les mains, les pieds et le coeur gelés, dans le froid, sous la neige ou sous une pluie glaciale de février -, s'agaçant du mutisme des gens du coin alors qu'une vie est en jeu.
.
De Louise Mey, je n'ai pas du tout aimé 'Embruns' et son côté Club des 5. J'avais en revanche trouvé 'La deuxième Femme' habile et touchant.
Là, j'ai du mal à situer, mais la lecture est pesante et trop longue, et des fresques sociales autour d'un patriarche qui règne sans partage, sans pitié, j'en ai lu/vu d'autres (Daallaaaaas ♪♫). Rien de neuf ici.
Par ailleurs, j'ai toujours du mal à comprendre pourquoi "on" (auteur(e) ? éditeur ?) choisit de dévoiler ... ...
Dommage pour le suspense, d'autant que les explications finales ne sont pas convaincantes...
.
Pour en revenir au contexte de lecture, une dernière petite citation pour bien plomber l'ambiance : « C'est février pourtant, on devrait sentir quelque chose, le rallongement des jours, le retour de la lumière, mais les flocons s'accrochent au pare-brise et [il] se sent englué d'hiver, dans ces vallées glaciales. » On s'y croirait (2e ;-)))...
Si vous avez dû annuler vos vacances 'sports d'hiver' faute de neige à se mettre sous les skis, vous pouvez aller grelotter à Saint-Dury ! :-)
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Petite sale, c'est ainsi que les autres voient Catherine, bonne à tout faire au Domaine, cette riche ferme qui domine le petit village de Picardie où elle habite et sur laquelle règne en maître Monsieur, son propriétaire. Catherine est pauvre, Catherine a déjà subi bien des malheurs malgré son jeune âge, Catherine est jugée par Madame trop sale, pas assez présentable pour servir à table, à elle les corvées, nourrir les animaux ou faire les basses besognes en cuisine. Mais quand la petite fille de Monsieur, âgée de 4 ans, disparaît soudainement et reste introuvable malgré les recherches des gendarmes et policiers, tout le Domaine va être mis en émoi.

Petite Sale est un drôle de roman qui prend prétexte d'une vague trame policière (la disparition de la petite Sylvie) et de l'enquête qui s'ensuit pour nous décrire de manière quasi sociologique la vie d'un village rural des champs de betterave du Nord de la France et la manière dont Monsieur, le propriétaire du Domaine, règne en seigneur sur tous les habitants. L'auteure nous plonge dans une ambiance hivernale, poisseuse, faite de boue, de champs qui accueillent maintenant des betteraves après avoir servi de terrains de combat pendant la Première Guerre mondiale et après avoir absorbé tant de sang et de douleur, de froid omniprésent et de pauvreté dont il semble impossible de s'extraire. Nous sommes en 1969 et Louise Mey rend parfaitement cette époque avec de nombreux détails très photogéniques et réalistes, notamment par les yeux de ces flics venus de Paris pour seconder les gendarmes locaux (à la demande de Monsieur qui ne les juge pas assez compétents), qui séjournent à l'unique hôtel du village et essaient de percer le silence et les moeurs locales.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, retrouvant le style très haché, très sec de Louise Mey qui m'avait déjà gêné dans la Deuxième femme, avec ce personnage de Catherine qui ne se fait aucun cadeau et semble vouée à tous les malheurs du monde. J'ai aussi été un peu abusée par l'idée que je me faisais initialement de ce roman, que je pensais plus dans la lignée des précédents de l'auteur, l'histoire d'une femme, Catherine, la Petite Sale du titre, alors que celle-ci sort assez vite du champ pour basculer sur une enquête policière classique. Passé ces petites réserves, j'ai malgré tout trouvé le propose très intéressant par tout ce qu'il montre de la vie de cette fin d'années 60 dans une campagne où rien ne semble avoir changé depuis la guerre voire même depuis le Moyen-Age. Un riche propriétaire qui règne en maître sur tous les environs, quasi seul employeur de la région et donc tenant à sa merci tous ceux qui dépendent de lui pour gagner leur croûte, un père de famille qui terrorise toute sa maisonnée, auprès de qui femme comme enfants doivent filer droit et se taire, un monde de non-dits, de secrets et de ragots où il semble totalement impossible d'échapper à sa condition. C'est noir, très noir, mais aussi très bien décrit par l'auteure et très intéressant, l'intrigue policière devenant le prétexte à découvrir la vie du village et ses secrets. Je n'avais pas totalement vu venir la résolution finale de l'énigme même si je me doutais de quelque chose et j'ai trouvé que Louise Mey bouclait parfaitement son histoire avec beaucoup de cohérence et une petite touche d'humour bienvenue !

Cela reste un roman assez lent, pas vraiment attachant et parfois un peu répétitif mais que j'ai trouvé malgré tout très intéressant et assez original. A découvrir si vous avez envie de vous attabler au zinc d'un bistrot années 50 au fin fond d'un petit village de la campagne profonde pour boire un coup avec les habitués et essayer d'en savoir plus sur leur vie et ce qui les anime !
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Sacrée déception..
Un manque de finesse alourdi de longueurs .
On piétine dans la boue avec eux.
On les écoute parler de betteraves,
des pauvres et des riches
de façon très manichéenne ...
Le titre est martelé pesamment
dans les premières pages..et puis...
exit Catherine, dont le retour
nous est téléphoné par son absence..
Deux flics; un jeune impétueux,
qui veut en découdre..
l'autre tassé par l'expérience et les ans.
Des gendarmes à képis très gendarmiques..
On s'ennuit un peu, beaucoup. ..
Dommage car la deuxième femme
annonçait une autre trempe d'écriture
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