Louise Mey c'est le chant du scalp des bassesses humaines. Son dernier roman «
Petite sale » vient de paraître aux Éditions le Masque / JC Lattès. Il s'agit de son 5e roman après «
La Deuxième femme » et ça remue à la truelle les querelles d'une exploitation agricole située dans le « ventre » de la campagne parisienne.
La petite fille du grand patron disparaît : enlèvement, rançon, interrogatoires. Tous les villageois y passent et on assiste à une lutte des classes violente surtout en raison des non-dits à travers un thriller mené d'une main de maître où la soif de vengeance suinte à chaque page.
Pour l'écriture de ce livre, qui lui a valu le prix Landerneau du polar 2023, la secrète
Louise Mey a bénéficié d'une bourse de création du CNL. C'est parti !
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C'est le printemps, la saison où les feuilles toutes neuves se déploient à peine, dans leurs tons de vert doux, dans la finesse des branchages de l'année.
Sandrine avait ajouté la méchanceté à la liste des choses auxquelles elle devait faire attention. Parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas être méchante, on ne peut pas se permettre d’être laide et méchante.
Il y avait eu cette première journée douce, celle qui revient chaque fois, celle qui sent l’éveil. Celle qui se termine par un froid de mauvais perdant mais dont l’après-midi ensoleillé rappelle à tous que le soleil est toujours là et qu’il existe un monde sans froid humide, sans bottes de pluie, sans écharpe, qu’il existe un monde de douceur.
Au loin retentit un coup de tonnerre unique, sec de chaleur et orphelin de pluie.
Elle connaissait deux regards, deux regards d’homme seulement, celui qui détaille et qui rejette ; et celui qui détaille et qui a faim. L’indifférence et la menace, seulement, dans toute sa vie.
Ils ne pourraient que survivre. Ils ne pourraient que retrouver leur chemin. Elle ne pourrait aller que bien. Il ne pourrait que jamais la laisser. Regarde, regarde, regarde, je suis là.Tu vois, tu sens, on se collera, et puis alors, et puis même, tu sais qu'au pire, on aura froid et c'est tout. Et puis même, et puis au pire, on attendra demain, qu'il fasse grand jour. Et puis même, et puis au pire, forcément, quelqu'un, un chemin, jamais, jamais, regarde, regarde comme je te tiens, je te tiens dans mes bras, tu sens, ma peau qui fait du chaud contre la tienne, on fera une cabane, j'ai mon couteau, on dormira, regarde, regarde mes mains qui se ferment sur tes mains, au pire j'aurai froid, et toi pas, voilà.
C'était l'heure blanche, ce moment suspendu avant que le jour ne se retire complétement, où les teintes claires jaillissent du décor, amplifiées par un étrange effet d'optique.
Elle est de celles qui portent des jeans par temps de canicule, de celles qui frémissent quand l'époque des étoffes légères revient. Si elle le pouvait, elle vivrait dans un perpétuel hiver, cachée sous ses pelures de honte et d'embarras. Dissimulée dans les vêtements, parce que c'est ce qu'on fait aux grosses vaches comme elle, grosse, grosse moche, tête de conne, tête de conne. On les cache.
- Bienvenue en Bretagne. Là où il fait beau plusieurs fois par jour.
Pour ceux qui connaissent bien la région ou ceux qui ont , comme moi, des racines paysannes, reprend Aubreuil, la terre n'est jamais seulement de la terre. C'est une conquête, un combat, c'est une fierté. On vous la donne, c'est un honneur. On vous l'arrache et c'est une défaite, une dépossession. Un soulagement peut-être... mais aussi une humiliation.