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Critique de Bellonzo


Merci Babelio qui m'a fait bénéficier de la nouvelle sortie du roman de Philipp Meyer sous le titre original American Rust. Ce roman est un bon livre dans lequel il est cependant difficile de déceler la moindre originalité. Ce n'est pas péjoratif car c'est le cas de toute littérature qui a forcément eu des précédents qui eux-mêmes etc. Un arrière-goût de rouille, j'aimais bien le titre français, sous forme chorale, ressemble beaucoup à pas mal de romans américains actuels, se penchant sur la décomposition américaine, avec des personnages très américains, aux prises avec les comparses habituels, alcool, stupéfiants, violences, armes à feu. Ca se passe en Pennsylvanie, état de l'Est, en deuil de sa sidérurgie jadis prospère, maintenant à l'agonie avec ses petites villes aux âmes mortes qui font penser aux ville fantômes de nos westerns.

Cinq ou six acteurs pour ce drame, traité de façon chorale avec des chapitres alternés ciblant l'un d'entre eux. Deux amis, Isaac et Billy, par maladresse et presque par hasard, se trouvent mêlés au meurtre d'un clochard dans une usine désaffectée. Voyez déjà le climat. Et Lee la soeur d'Isaac, Henry son père infirme, Grace la mère de Billy et Harris le sheriff du coin. Ces personnages sont tous en disgrace, c'est le terme qui convient dans cette histoire, et l'on finit, un peu à l'usure, par s'y attacher. Ce n'est pas en opposition avec ce que j'ai écrit en haut de page car bien écrite, bien emmenée dans sa chronologie, la ballade des losers nous emporte, nous laissant un bon souvenir de lecture. Ce qui n'est déjà pas si mal.

Ce sont plutôt des petits, des sans grade, du tout venant, du tout souffrant, du tout fuyant, du tout mourant. Crise industrielle, crise sociale, crise morale, la littérature américaine est abondante là-dessus. Combien de bouquins chantent-ils, ou déchantent-ils le grand pays en partie à vau l'eau? Loin de Wall Street, loin de Hollywood, loin même d'un Montana un peu rêvé. Avec un zeste d'espoir, sacrifice, amitié, rédemption, mais point trop n'en faut dans ce genre littéraire, qui demeure cadré. Alors dire qu'American rust et ses oubliés sont inoubliables, non. Mais on peut le lire avec plaisir, ce roman sans vainqueurs. Une série en a été tirée mais je ne fréquente pas les séries.

Il se remit en marche le long de la route, mais cette fois côté propriétés privées, pour que les flics n'aient pas l'idée de s'arrêter. Faut que tu trouves un train, se dit-il. J'arrive de nouveau à réfléchir. Trouver un train, filer vers le sud, ne plus avoir froid. Pour quoi faire? Pour aller où? J'en sais rien, quelque part où il fait chaud.

Pas si loin des hoboes, de Tom Joad, de Woody Guthrie, de Go West Young Man. Toutes proportions gardées.
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