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Critique de Erik35


Erik35
15 septembre 2017
L'OPIUM DU PEUPLE.

Que feriez-vous si, d'aventure, vous étiez un petit nombre de savant (assez pour vous infiltrer et peser, pas assez pour prendre le pouvoir directement), malheureux comme les pierres, disposant de certaines avancées technologiques (médicales, psychiatriques, etc) sur un peuple auquel vous vous trouvez mêlé sans l'avoir forcément demandé, et que vous aviez un besoin irraisonné, inassouvissable de vengeance ?

Après un ou deux siècles d'ennui - parce que, par un hasard pas forcément aussi heureux qu'il en a l'air, vous échoué d'abord sur un satellite recelant un minerai permettant la confection d'une sorte de potion de Jouvence -, vous feriez sans doute absolument tout ce qu'il faut pour vous emparer de la réalité du pouvoir. Si, si, ne vous le cachez pas !

C'est ainsi que les "Connaisseurs", espèce de moines-soldats technologiques, revêtus de lourds casques - clin d'oeil direct aux chevaliers teutoniques de la grande fresque historique du génial Einsenstein dans son Alexandre Nevski -, interdisant toute connaissance technique avancée aux habitants de ce système solaire, l'Empire des mille planètes fort éloignée de la notre (afin d'en interdire, peu à peu, les échanges intra-planétaires et, partant, les velléités de liberté), s'imposant par des pouvoirs d'essence métapsychique aux yeux du commun des mortels (divination, diagnostic médicaux imparables, etc) et la force brute de leurs gardes du corps.

Mais que viennent donc faire faire Valérian et sa fidèle (et maline) Laureline dans cette histoire ? Et bien, presque rien : Mettre un sacré gros bazar à Syrtes (hommage de l'auteur au roman de Julien Gracq) et son Empire !!! Sous prétexte - sincère - d'une première rencontre discrète avec ce morceau de galaxie, nos deux agents spatio-temporels vont provoquer un véritable séisme social et provoquer bien des changements imprévus. Pour la discrétion, on repassera !

En seulement deux albums, Pierre Christin et Jean-Claude Mézière ont su imposer non seulement un style mais aussi deux héros (le faux dur meneur d'hommes et risque tout - souvent par bêtise - et la jeune ingénue pas si ingénue que cela, au caractère bien trempé et souvent beacoup plus futée que son supposé chef) ainsi qu'un univers SF assez neuf, en 1969, dans la Bande-Dessinée dite Franco-Belge.
Le dessin de Mézière trouve assez rapidement sa saveur, ses couleurs, son expression quasi définitives et si les évocations très pop-art et psychédéliques dignes de l'époque y font florès, c'est toujours utilisé à si bon escient que le côté péniblement kitsch, ampoulé et désuet de ce style n'apparaît nullement ici, bien au contraire. Quant aux décors parfois très péplum des villes extraterrestres, ou les ambiances grandioses voulues par les épisodes interplanétaires de cet album, ils sont tout simplement parfaits dans leur genre.

L'ensemble est servi par un scénario qui ne connait ni rupture de cadence, ni ennui et si les phylactères sont ici et là très remplis, ce n'est jamais gratuitement ni lassant. Un bien belle réussite !
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