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Critique de chichi_zibest


Qu'est-ce que la techno politique ? Asma Mhalla le précise en page 12 : ce terme apparu en 2010 « qualifie la prise en main des technologies numériques, réseaux sociaux en tête, à des fins de mobilisation ou de conquête politique par les citoyens d'un empowerment ». La thèse centrale du livre est que l'omniprésence du numérique dans le monde (développé) en modifie en profondeur sa structure ainsi que la vie de ces citoyens. La maîtrise des technologies numériques : non seulement des réseaux de circulation des données eux-mêmes mais aussi les qui y transitent, leur exploitation par l'intelligence artificielle est un vecteur essentiel pour qu'un État puisse asseoir sa puissance sur ses propres administrés, mais aussi la projeter à l'extérieur de ses frontières. Ainsi, l'auteur énonce. l'alliance entre les BigTech (les GAFAM et autres sociétés oeuvrant dans le monde du numérique et de l'intelligence artificielle) et les Big States. Cette alliance rebat les cartes de la géopolitique actuelle et surtout de la géopolitique à venir, déséquilibre la démocratie actuelle pour la conduire de force vers une nouvelle définition demain.
Le sous-titre « comment la technologie fait de nous des soldats » s'explique par l'activité de ces BigTech au niveau civil et militaire, ces BigTech étant animées par une volonté intrinsèque de contrôle et de prédiction de comportement des masses. Cette volonté leur est bien inhérente, il est problématique qu'elles soient les seules à définir les critères de normalité et d'acceptabilité. le poids de ces BigTech est alourdi par leur immixtion dans le domaine militaire, que rend inévitable leur présence inexpugnable dans les marchés publics, ou les subventions prodigieuses qu'elles reçoivent des états pour mener leurs recherches. L'étude de l'auteur approfondit notamment l'évolution des démocraties et de leur futur modèle où chaque citoyen doit pouvoir bénéficier de sécurité et de vie privée.
Passons maintenant à mon avis sur ce livre. L'introduction et les 50 premières pages m'ont plu. le sujet est ambitieux et la problématique bien posée. Les débuts sont prometteurs avec des références aux pensées de Rousseau, Thomas Hobbes, Hannah Arendt, Raymond Aron, Karl Marx, Gilles Deleuze, Christophe Lasch,…quelques faits et chiffres illustrant bien le contexte et les enjeux, je me réjouissais à l'avance de la suite, car rien de tel qu'une pensée limpide qui embrasse de multiples disciplines pour avoir du recul face à un sujet.
Hélas, j'ai vécu comme lecteur l'expérience d'un touriste qui attend sur sa banquette un menu 5 étoiles promis apporté par une Athéna, et se voit aspirer des chapitres milk-shakes composés d'anglicismes composés avec les mêmes ingrédients de pensée. Malgré quelques saveurs relevées grâce à des évènements historiques et des fulgurances sporadiques, ces réjouissances demeurent trop marginales pour donner un goût véritable à l'ensemble. Athéna, quant à elle, s'est muée malheureusement en scribe qui allonge ses phrases d'un vocabulaire inutilement sophistiqué, et semble souvent hésitante à conclure. Au lieu de la sagesse aveuglante qui a saisi le quidam sortant de la caverne de Platon, j'ai du cheminer le long des pages pour chercher la lumière.
C'est dommage car la promesse était belle, et l'introduction attirante. Mais je pense qu'il s'agit plus d'un essai que d'un livre. L'excès de mots et de concepts sont superfétatoires.
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