Citations sur À distance - Annonciation (49)
Fumée
La fumée qui sort de la maison étroite
comme elle s'étire, comme elle s'élève
en bourrasques, en tourbillons
et puis toute droite
irrattrapable
Libérée du poids de la Terre
des remontrances de la Terre,
des réseaux
Là où les Têtes commandantes n'ont plus accès
Maison d'en bas, comme si elle n'était pas
Fumée oublie
Les proches, Qui est proche ?
p.141
Je me fiance à nouveau
aux sources, aux collines
à la nature odorante, rajeunie, pulpeuse, je me fiance
mais le multiple à une seule se subordonne
Le Livre de Vie à présent s'ouvre sur ses prunelles
visage, port aux nombreux vaisseaux
et il donne sur le large
où je m'enfonce
d'où je reviens
pour qu'à nouveau en elle j'appareille
Ses légers seins ocres m’appellent
m’ensoleillent
m’ensorcellent
jardins de noce, épées de lys
fuseaux dans le foin
cabane par intimité
palais par préciosité
une main va toucher
une bouche va bouger
toutes les eaux du monde
récitent les versets de la félicité
Mon savoir a maintenant de nouvelles nourrices
Avec elle, je descends le fleuve extrême-oriental
Le Tao, elle le sait de naissance
L'enseignant sans le savoir, l'enseignant en aimant
retenue
silencieusement close,
silencieusement notre
au seuil des landes, au seuil des temples
Jonques alourdies
jonques allégées
nos jonques jointes
nous remontons vers l'origine.
Quelque part, quelqu'un
…Quelqu’un, plus d’échelles que de pensées
Quelqu’un, pour lui le réveil est une pistache
Quelqu’un, pour lui le réveil est une tasse
Quelqu’un, pour lui l’éveil est une médecine
Quelqu’un, pour lui c’est une glaire
Quelqu’un, pour lui c’est un clou
Quelqu’un, pour lui le sommeil est un melon
Quelqu’un dort dans un lac. Tantôt dans un lac, tantôt dans une citerne
Quelqu’un dort dans une turbine; tantôt dans une turbine, tantôt dans un carrousel
Quelqu’un, il a un sommeil d’agneau
Quelqu’un est de ceux qui se plaisent à gratter un chat sous une bâche
Quelqu’un est de ceux qui n’ont que leur peur à mettre sous le crâne
Quelqu’un est de ceux qui ont cinquante fois vingt ans avant de vieillir…
p.29
Quelque part, quelqu'un
…
Quelqu’un est pour les pulsions
Quelqu’un est pour le Mythe
Quelqu’un est pour le Matérialisme historique
Quelqu’un ce n’est que du vent
Monsieur est Paléoclimatologue
Quelqu’un est au bar
Quelqu’un est dans l’emboutissage, dans la découpe
Quelqu’un, c’est une antilope dans les Savanes du Katanga
Quelqu’un est genre dépositaire, journalier, exploitant, bougnat, cafetier, concessionnaire, importateur, dépanneur
Quelqu’un est genre miauli-miaula, décolletés de robes, crevés de corsages
Quelqu’un est genre orateur, bombardier. Culasse blindée, hélice synchronisée, train d’atterrissage escamotable. Guerre d’Espagne, révolutionnaire qu’il dit…
p.32
Dans l'ultime moment
Le froid est en moi, vous qui criez près de moi
Je quitte la maison aux mille gammes
Dans mes nerfs sans graisse
le chariot de vos bruits fonce méchamment
Défaite, défaite, étrange affaire
En pleine journée, je m'étends, arbre abattu
Le tigre ne vit pas plus vieux que le cerf
mais le tigre arrive toujours à temps pour tuer le cerf
Par erreur le couteau d'un irrité
est entré dans la poitrine mienne
mais c'est toujours une ombre
qui chasse une ombre, pour rejoindre les ombres
Ne t'agite pas, mon être, ne te lamente pas, ne me brise pas
Souvenons-nous de nous retenir
Dans l'amitié du silence
enfonçons seuls dans la nuit immense.
p.82
Quelque part, quelqu'un
…Quelqu’un, il n’a pas la moelle qui correspond à sa figure
Quelqu’un, on le prend par son pôle et on l’amène tout doucement, tout doucement où l’on veut
Quelqu’un, avec ses quarante-sept chromosomes, c’est un fier imbécile
Quelqu’un, il a aussi sa « Weltanschauung »**
Quelqu’un chante pour le fumier voisin
Quelqu’un, le vin rouge lui descend dans la jambe c’est le tannin bien sûr ou c’est la jambe, ou c’est le cœur, ou ce sont les artères, tuyaux de tristesse. C’est le sang bleu qui cherche du repos dans les veines, c’est la défaite, c’est dix ans de perdus dans la vie
Quelqu’un est dans les présupposés
Quelqu’un est dans les tangentiels, les circonférentiels. Fait l’entendu en essentiel…
p.31
**weltanschauung : (en Philosophie) Vision, conception globale du monde, de la vie, de l’humanité.
Quelque part, quelqu'un
…Quelqu’un a depuis quelque temps sa méchanceté estropiée
Quelqu’un a de la surdi-sainteté
Quelqu’un, pensant, s’éloigne
Quelqu’un, pensant, se rapproche
Quelqu’un, pensant, se renforce
Quelqu’un, pensant, s’affaiblit et s’anémie
Quelqu’un, il n’a pas de pensée fraîche jamais
Quelqu’un, il n’a de pensée qu’en convois
Quelqu’un, dans le but de penser, pense-t-il, il pense…
p.31
Parlant population…
La Population ici, c’est la Marouque
la Bourouque
la Biroubouque
la Gorguena
la Flandoche et la Pouperougue
la Roboueuse
la Clivette à gli gli
la Pastre (glave, glavâtre, biraleuse),
Et l’Étarissol
Et la Clamidoise la Claliouscusse
Et c’est la Prianthe
la Snique
la Lipatte et l’Avogandron
l’Acrodotte et la Chrapone, surtout la Chraponne
la Limeille tratte à vratte et vrotte à pratte
et la Cataphanouille
Ici sont les Botabars
les Épotobars de Rronangad
les Abaratanangars de Rogarrasse
les Borotonyas Éidéiéssés
les Baratannyessasa Épitassis
mes Abels
et les Caïns, dont je ne vois pas la fin
qui dans l’emmêlement ouvrent marche à la lumière
p.36-37
Il la déjupe ; puis à l'aise il la troulache,
la ziliche, la bourbouse et l'arronvesse,
(lui gridote sa trilite, la dilèche).
Ivre d'immonde, fou de son corps doux,
il s'y envanule et malajecte.
La grande ville, ensuite le temps
Doucement broutée, la capitale vieillissante guérit
lentement de trop de vanité. La pluie a apporté la
pâleur. Le froid, la neige ont exténué les couleurs.
Délicate mise en ruines d la grande ville. La rouille
a rogné les inscriptions. Les enseignes aux lettres
brisées laissent en suspens le sens, donnant incertitude à
ce qui se voulait sans réplique.
Évasives, fatiguée, les proclamations faiblissent sur
les monuments qui s’usent.
La ville capitale achève de se déprendre de sa première
assurance.
Le temps a corrigé.
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