La première période commence avec le dernier quart du XIVe siècle, avec les plus anciens panneaux peints qui nous soient conservés, au moment même où la Flandre va se réunir au duché de Bourgogne, alors que règne l'art international dont nous avons parlé. Deux traits principaux la caractérisent : La représentation réelle des choses fait son apparition dans la peinture avec les découvertes des frères Van Eyck qui, avant 1417, dans les miniatures célèbres des Heures de Turin et de Milan, apportent dans le décor les lois du clair-obscur, de la perspective, de l'imitation vraie poussée jusqu'aux moindres nuances. Les motifs peints ne seront plus signes des choses, mais images du monde copié dans sa vérité.
Seulement la révolution avait été trop brusque. Par la tyrannie de la mode, par l'habitude dès lors généralisée de séjours en Italie, les peintres des Pays-Bas furent mis, presque sans préparation, au contact d'un art dominateur, complet, de toute autre tendance que leur art traditionnel et à un tout autre stade de développement. Ils y perdirent le goût et le respect de leurs règles et de leurs modèles antérieurs, sans pouvoir reconstruire un nouvel édifice équilibré.
La deuxième période, celle de l'humanisme, se caractérisera par une diversité dominante et par le triomphe de l'individualisme. Le contraste sera d'autant plus frappant qu'en deçà et au delà de cette période nous avons, au contraire, comme nous venons de le voir et comme nous l'expliquerons tout à l'heure, des siècles de cohésion où les artistes semblent se grouper autour des grandes individualités nationales.
L'École que l'on a coutume d'appeler l'École flamande de peinture, et pour laquelle on devrait plutôt conserver l'appellation École des Pays-Bas méridionaux, comprend les œuvres artistiques produites dans les anciens comtés de Flandre et de Hainaut, dans la partie méridionale du duché de Brabant, dans le pays de Liège et dans la partie Sud du duché de Limbourg.