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Critique de andras


C'est la deuxième fois que je suis confronté à un roman de Pierre Michon, la première fois c'était avec "Rimbaud le fils" que je n'avais pas réussi à terminer. "Confronté" car pour moi il s'agit bien d'une sorte de bataille avec le texte et aussi avec l'auteur, celui-ci apostrophant d'ailleurs ici son lecteur avec un "Monsieur" qui ressemble assez à une provocation. Autre élément de provocation : la répétition ad nauseam de certains termes comme celui de "limousin" dans la partie centrale du livre. Ok, Pierre, on a compris que vous opposiez ici l'homme du terroir, les pieds dans la boue mais jouisseur, au bourgeois parisien, parvenu, et bien souvent écrivain raté et coupeur de têtes. Mais de grâce, arrêtez un peu avec votre "limousin" !
Cette lecture ne fut pas pour moi un moment agréable même si le pire fut dans les cinquante premières pages, la suite étant un peu plus intéressante. Ce n'est que près de la fin que je tentai de trouver sur internet une image de ce fameux tableau des "Onze" ... et que je découvris la double supercherie, concernant le tableau et le peintre. Bien joué et du coup, le livre prenait un intérêt supplémentaire... ou pas. Car au final, c'est l'omniprésence de l'auteur dans son livre qui m'a le plus gêné. Tout, y compris le "limousin" distillé à l'envie, y compris le "Monsieur" adressé au lecteur, y compris les multiples références livresques et picturales qui parsèment le roman, tout ramène à l'auteur qui, dans un style très rococo, se tisse un dais de brocart au dessus de sa personne.
Je ne peux m'empêcher de comparer ce livre au roman de Jean-Paul Kaufmann, "La chambre noire de Longwood" que j'ai lu, il y a quelques semaines, et qui lui aussi donne à "voir" une période historique, la chute et l'exil à Sainte-Hélène de Napoléon. La force de ce livre tient beaucoup à la modestie de JP Kaufmann, modestie qui donne une vibration intense au récit. Pour moi, c'est un peu l'inverse qui se passe avec "Les onze" : on se sent comme convoqué en Sorbonne à une brillante dissertation dont la vacuité du sujet est recouverte par les saillies de l'orateur.
J'ai vu parmi les critiques de Babelio qu'un lecteur s'interrogeait : Qui est le héros de ce livre ? Et parmi les différentes hypothèses qu'il formule, je choisis sans hésiter : Pierre Michon, et ce, au détriment de "Monsieur" son lecteur !
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