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Citations sur Chants extraordinaires : Tome 2, Trente-sept extraits.. (8)

« Chants du chemin »
— Les gens se tournent vers la “religion” pour l’une des trois raisons suivantes : le souhait d’améliorer leur sort dans la vie et de pallier leur peur de la mort ; la volonté d’échapper aux inévitables souffrances de la vie en mettant fin à tous ses aspects par l’obtention du nirvana ; le désir de libérer tous les êtres de l’asservissement à l’illusion, car ils comprennent l’interconnexion étroite de toutes les formes de vie. Dans ce cas, le pratiquant spirituel — un bodhisattva — bénéficie du plus grand respect dans le système du grand véhicule (le mahayana), sans que les autres pratiquants soient déconsidérer. Les efforts des premiers, initialement voués à l’amélioration personnelle, peuvent entraîner finalement une maturation spirituelle qui leur permet d’être attentifs au bien-être d’autrui. Pour ceux qui sont incapables d’affronter la souffrance de vivre, le refuge dans le nirvana personnel n’est pas définitif ; c’est un sursis temporaire à la souffrance qui peut, lui aussi, faire mûrir finalement la réalisation bodhisattvique de la responsabilité universelle.
Les meilleurs enseignements de Milarépa, le champion de l’idéal du bodhisattva, traitent des pratiques du bodhisattva. Mai, comme il enseignait d’après son expérience personnelle de la condition humaine, il adaptait toujours ses enseignement à son auditoire. Aux gens simples confrontés à des problèmes séculiers, il donnait des enseignements fondamentaux sur l’action et ses résultats (karma), la souffrance inévitable de l’esprit conditionné, les bienfaits de l’action juste. La description qu’il fait, dans les hauts et les bas du samsara, des tourments des états inférieurs veut inciter son auditoire à sortir de sa complaisance et à consacrer cette précieuse existence humaine au progrès spirituel. Il ne s’agit pas de pessimisme, mais d’un état de fait : le mal de vivre est le point de départ et le fondement du chemin vers la liberté.
P. 59-60
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Introduction
... La conduite embarrassante de Milà, qui caricaturait souvent insolemment les comportements et les usages habituels, incitait ses auditeurs à affranchir leur esprit des limites de la pensée conventionnelle. Ses réponses à leurs questions semblaient souvent sibyllines car, au lieu de répondre sans ambages, il traitait l’erreur conceptuelle sous-tendant la question. Dans l’absolu, toutefois, une seule réponse est exacte : l’existence apparemment indépendante des êtres et des choses est illusoire ; l’état naturel a été déformé par les perceptions conditionnées de l’esprit commun. Mais pour s’adapter aux niveaux variés de développement de ses auditeurs , Milà recourait à de nombreuses stratégies. Sa capacité à toucher son auditoire tenait à sa profonde connaissance du fonctionnement de l’esprit. Ses mots et ses actes, même ses éventuelles démonstrations de pouvoir surnaturels, étaient des approches concrètes de problèmes précis. Il agissait sur les fonctionnements habituels de l’esprit par poussées habiles visant l’origine des pensées erronées.
Les interventions de Milà établissaient des connexions “karmiques” avec toutes sortes de gens ; elles lui permettaient de semer les graines du développement spirituel de façon parfois incompréhensible dans l’immédiat. Le mot karma signifie action. Il renvoie à l’opération de la cause et de l’effet dans l’esprit. Le réseau complexe des actes du passé conditionne les perceptions et les idées du présent. La conception ordinaire d’un “moi” et d’un “monde” en résulte. Toute action, physique ou mentale, se répercute dans le champ de l’expérience personnelle. Chaque instant influence le suivant. Comme le lien entre l’action et l’expérience régit le samsara, on ne peut pas atteindre la libération en ignorant la loi de causalité. C’est plutôt en travaillant avec elle à la création des conditions propices au développement spirituel que l’on établit un terrain solide pour le bond ultime vers le liberté.
Aventurer l’esprit dans le non-connu est une entreprise ambitieuse et dangereuse, surtout avec les techniques tantriques. Certaines expériences peuvent fourvoyer la personne non préparée, l’entraînant sur de mauvais chemins et même à la démence. La direction d’un maître réellement accompli est nécessaire, pour ajuster la pratique et l’expérience, pour aider à lever les blocages et pour adapter la tactique à l’état toujours fluctuant de l’esprit. Milà lui même attribuait le succès de sa pratique à son maître, Jowö Matipa de Lhobrag, le Traducteur (1012-1097), comme en témoigne la dédicace qu’il fait au début de chaque chant. Mais il est dit aussi que, sans disciples à instruire, un maître n’a aucune raison vraiment de continuer à vivre. Les disciples d’un Lama souffrant le prient de rester ici-bas en lui offrant vivres et médicaments et en lui exprimant le besoin qu’ils ont de lui. Mais on peut se passer des offrandes matérielles car l’offrande essentielle est l’engagement de tout l’être dans l’œuvre de libération.
Comparé à l’image type du maître spirituel, Milàrépa est un personnage troublant. Il paraît inconséquent voire capricieux, en paroles et en actes, parce qu’il lui manque le “ronron” d’une personnalité routinière. Sa liberté n’est pas de la passivité, mais un jeu spontané dans l’état naturel où rien, ni les êtres, ni les choses, ni le maître, ni les disciples, ne peut plus prétendre avoir une existence séparée, autonome et immuable. Le monde phénoménal est une distorsion mentale de la réalité due à l’organisation du cerveau et de la perception par les habitudes de l’esprit formaté et conditionné. L’expérience méditative répétée de la dissolution de ces perceptions pesantes et habituelles permet au yogi(ni) d’extirper la tendance irrépressible à organiser et centraliser l’expérience. Dans l’état naturel de l’esprit, il perçoit simultanément la nature primordiale et la nature organisée des choses. Il est libre de choisir et, au lieu de rejeter le monde des apparences, il choisi d’y vivre, agissant pour le bien des êtres avec la vision claire des aspects apparent et ultime. Une telle personne s’appelle un bodhisattva, ce qui signifie “chevalier de l’Éveil”. La libération exclusivement personnelle est impensable pour un bodhisattva qui comprend l’interconnexion de toutes vies. On ne peut pas, dans la société, modifier son propre rôle à moins que les attitudes d’autrui à l’égard de ce rôle changent aussi. De manière analogue, un bodhisattva réalise que son développement spirituel est inextricablement lié à celui des autres. Il utilise ce lien pour mettre sa vie en scène et pour rester en relation avec les autres afin de leur montrer le chemin vers la liberté. Un être qui “s’irréalise” comme Milà Bonne-Nouvelle, n’est pas une coquille vide incapable d’émotion et d’amitié ; on doit toujours se souvenir de sa réelle nature humaine. Milà se préoccupait constamment du développement spirituel de ceux qui l’entouraient. A la manière d’un dramaturge puissant ou d’un acteur qui improvise, ses mots et ses actes élargissent habilement le champ perceptif et conceptuel des individus, ameublissant peu à peu la terre dure de leurs façons de penser psychorigide et dans des sillons très fortement enracinées.
p.10-11-12
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Chant du Corps-Vajra et du yoga du rêve

Je m’incline devant les saints Lamas
Et le glorieux seigneur Héruka, à jamais présent,
Qui s’ébat dans le monde de grande félicité
Enlacé à la nuque par la parèdre Dordjë-Pagmo.
Père Dorjë-Tchang, bénissez-moi !

Fils, tu es le “Dordjë Dragpa” prédit par les dâkinis ;
Il est bon pour toi de penser ainsi

Il existe en général trois variétés d’illusions ;
L’illusion de la méprise sur les apparences et la vacuité,
L’illusion des visualisations des divinités créées en esprit
Et l’illusion des hallucinations par troubles de l’esprit et des lung.
Pour comprendre comment opèrent ces illusions
Tu dois arrêter le flux des lung de roma et kyangma.
Arrêter de respirer serait le mieux.
L'esprit et les lung sont alors absorbés dans “la claire lumière”.

Tu dois aussi faire fondre le thiglé
Afin qu’il s’égoutte dans Nada.
Ainsi, par le pouvoir de la félicité flamboyante, immaculée,
Les dix lung majeurs
Et les 21 600 lung mineurs
Naissent du cylindre vide de Nada.
En particulier, les divinités et leurs châteaux illimités
Naissent de l’esprit et des lung subtils et souples
Et sont révélés comme escorte du Corps de gloire du Lama.

Dans l’état entre le rêve et le sommeil,
Dans le palais où cesse l’inspir et l’expir,
L’expérience de la grande félicité-claire lumière se manifeste
Grâce à la sagesse de la non-méditation.

Lorsque les empreintes créant les rêves illusoires sont activés,
Tu dois réaliser la nature des apparences et la vacuité
En reconnaissant l’illusion du rêve dans la vacuité non-née,
Et créer tes propres manifestations oniriques vides.

Tu dois pratiquer les préceptes pour les trois transformations :
Transformer en général le monde apparent en monde divin ;
Manifester en particulier le corps de la divinité en rêve
Par l’action de l’esprit et des lung ;
Manifester les corps d’émanations, la clairvoyance, et ainsi de suite.

Considère ceci comme mon chant de pratique,
Un discours secret tombé de mes lèvres.
Ce n’est que le rire d’un très heureux vieil homme.

Fils, Réchougpa, c’est mon acte de miséricorde ;
J’ai manifesté le Corps d’arc-en-ciel dans cette vie.

Ceci est ma transmission pour la pratique,
Le chant de Milà Dorjè Gyéntsen.
p. 205 à 208
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« MILAREPA (Dorjé Gyéntsen) » “Chants extraordinaires”, (traduction - Lama Kunga et Brian Cutillo, tome 2 éd. Claire Lumière © 2003
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... Le mince étranglement du damarou
Indique votre manque extrême de sagesse ;
L’épanouissement vers les deux ouvertures
Montre l’accroissement de vos actes négatifs.

Les peaux fermement tendues sur les deux ouvertures
Montrent que vous êtes aveuglés par les deux voiles.
Le vide dans le tambour
Montre le vide de cette vie et des suivantes.

La courroie ornée de coquillages, autour de l’étranglement,
Est le signe certain d’un esprit tordu.
Les boules qui fouettent les peaux
Imitent vos coups aux portes pour le manger.
Et le son que fait le tambour quand on en joue
Proclame le rire de la dérision.

Sa courroie tenue en main
Représente les chants marmonnés bloqués dans votre gorge.
La bannière qui y est nouée
Est la bannière flottante de votre déshonneur ;
Et la tête de la bannière à trois niveaux
Reflète votre errance dans les trois mondes du samsara.
...
p. 196-97
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Milà à quatre yogis... :
... « ... Le mince étranglement du damarou
Marque la place de l’erreur et du doute
Lorsque le samsara et le nirvana se rencontre ;
L’élargissement en coupe des deux voûtes crâniennes
Est comme la croissance et le déclin du samsara et du nirvana.

Les peaux fermement tendues sur les deux ouvertures
Indiquent les sens explicite et implicite ;
Le vide à l’intérieur est comme
La réalisation du Corps absolu pour soi-même.

La courroie ornée de coquillages, autour de l’étranglement,
Symbolise le Corps de gloire ornementé ;
Les boules fouettant les peaux
Sont les Corps d’émanation qui en partent.
Et le son qu’il produit quand on en joue
Montre la maîtrise sur les guerriers et sur les dâkinis.

La courroie tenue en main
Indique le maintien des engagements de pratique.
La bannière qui y est nouée
Est la bannière flottante de la renommée.
Et la tête de bannière à trois niveaux
Montre le non-attachement aux trois mondes du samsara.
...
p. 194
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(Le “bœun” est la tradition de chaman originelle du Tibet. Après l’arrivée au Tibet du bouddhisme, les deux traditions rivalisèrent pour la foi et le soutien du peuple. A mesure que les bœunpos assimilaient les idées bouddhistes, la portée du bœun s’élargit peu à peu. De leur côté, les bouddhistes adaptaient les techniques du bœun dans la communication avec les peuples du Tibet. La rivalité pour la ferveur et le soutient populaire avait bien lieu du temps de Milarépa... )
p. 162
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« Chants et réalisation »
Le maître spirituel doit transmettre l’essence de sa propre réalisation et doit être capable de juger la profondeur de l’expérience de ses disciples. Les textes de ce chapitre relatent les problèmes et les questions de disciples avancés de Milà. “Milà donne son approbation à Réchoungpa” offre un aperçu inhabituel de la relation entre Milà et son disciple le plus proche. Indépendant et entête de nature, Réchoungpa était souvent l’objet de l’essentiel de la critique cinglante de Milà, comme en témoigne “L’orgueil de Réchougpa”. Ici, l’histoire est exceptionnelle par sa description du grand plaisir de Milà devant l’accomplissement de Réchoungpa. Cet éloge sans précédent reconnaît la capacité de ce dernier à agir dans le monde des apparences sans perdre son absorption dans l’état naturel, où la perception n’est pas structurée par les pensées. C’est le signe qu’il avait progressé de la phase de création à la phase d’achèvement de la méditation tantrique.
p. 127
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Milà-djè... s’adressant à un “Tibet sombre” et moyenâgeux... :
« Je m’incline aux pieds du seigneur du Dharma, maître Marpa,
Lotsawa qui dissipe l’opacité de l’ignorance.

Dans les ténèbres de l’ignorance de ce lieu barbare,
Que n’éclaire pas le soleil du saint dharma,
Les gens ont des corps humains,
Mais l’activité de leur esprit
Exclut tout autre préoccupation
Que manger, boire et se divertir.

Écoutez ce chant de mon découragement,
Êtres non humains, dieux et esprits,
Du fait de leurs actions passées, ils ont des vies inférieures
Et dans ces vies inférieures, ils renouvellent
Les naissances inférieures par leurs actes négatifs.
Voyant ces corps humains à l’esprit de bête
Je me suis découragé.

La compassion s’écoule du plus profond de mon cœur
Mais je suis incapable d’apporter le moindre secours.
Puissent-ils tous devenir mes disciples
Lorsque j’aurai progressé vers l’Éveil. »...
...
Dans ce pays primaire, les animaux sont plus prévenant que les gens !
...
p. 50-51
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