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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de relire le Paradis perdu de Milton : c'est à la fois grandiose par le thème et extrêmement poétique dans le détail. N'ayant peur de rien, Milton, ce poète aveugle (la tradition perdure) reprend la Genèse et la développe.
Plus particulièrement, il révèle la figure de Satan dont il fait un héros tourmenté digne d'un roman. le Satan que nous connaissons doit plus à Milton qu'à la Bible où le personnage est sensiblement différent et ne se pose pas en Grand Adversaire. Il commence d'ailleurs son oeuvre avec la révolte de Satan contre Dieu et son exil aux enfers avec les cohortes d'anges déchus qui l'ont suivi. Puis il reprend la création du monde en sept jours comme dans la Genèse mais en amplifiant le texte, et il en vient enfin au coeur du sujet avec la faute de l'homme et son exil du Paradis.
C'est une épopée en vers blancs, avec toute la grandeur nécessaire pour évoquer de si hauts personnages, qui fourmille de mille détails plus poétiques les uns que les autres. Je me suis lancée dans la lecture avec précautions et quelques réserves, je l'ai continuée avec enthousiasme !
NB : Ne manquez pas de regarder les magnifiques illustrations de Gustave Doré, autre génie dans son genre.
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Cinq étoiles pour Chateaubriand.

Grace aux vers boiteux et un vocabulaire fort idiosyncratique, la version originelle en Anglais du « Paradis Perdu » est un calvaire à lire. Les seuls anglophones qui le lisent sont eux qui l'ont au programme d'un cours du premier cycle. Cette traduction en prose De Chateaubriand se sert d'un vocabulaire conventionnel, est facile à lire et plait énormément. Celui qui le lit va mieux comprendre les intentions de Milton que les pauvres étudiants anglophones aux prises avec la version de Milton. Je le recommande fortement à tout membre de GR qui veulent connaitre ce chef-d'oeuvre que leurs amis anglophones ont dû lire pendant leurs années universitaires.
Chateaubriand considère « Paradis Perdu » comme étant la plus grande épopée chrétienne. On accepte à l'unanimité cette opinion au Collège Victoria (l'Université de Toronto) où j'ai fait mon premier cycle. Il faut alors reconnaitre que Chateaubriand a raison.
Un seul bémol. Plutôt que chrétien, « Paradis Perdu » est ultra-protestant. Il n'y aucun intervenant entre l'homme et Dieu. On n'y trouve ni sacrements ni clergé. Malgré tout, « Paradis Perdu » est un grand chef-d'oeuvre très bien servi par la traduction De Chateaubriand.
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Un fantastique poème en vers du XVIIème siècle narrant deux chutes : celle de Satan et de ses sbires lors de leur révolte contre Dieu, puis celle d'Adam et Eve après avoir croqué dans la pomme de l'arbre de science. Un texte magistral, dicté à un apprenti car Milton était aveugle, une prouesse incomparable bien rendue par la traduction juste De Chateaubriand. A lire absolument.
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"Qu'est ce que c'est ? Je ne sais pas mais c'est beau."

L'adoration pure n'est-elle pas finalement la plus belle des offrandes que l'on peut offrir à tout ce qui nous entoure sans chercher à comprendre le principe d'un mécanisme dont la finalité ne consiste qu'à être contemplée.

Murmurer sournoisement à l'oreille du premier de tous les hommes que tout possède une signification que l'on découvre par les sens formate les pires pénalités.

Un retrait candide et affectif envers un domaine surabondant dont les récompenses quotidiennes sont démantelées par les propos revanchards d'un ange déchu.

Savoir c'est ignorer. le silence meurt quand on prononce son nom.

Il suffit d'élever au maximum dans le plus beau des endroits l'omerta de notre sensibilité au contact de tout ce qui s'offre spontanément sans l'apport d'un raisonnement.

A quoi bon être l'égal de dieu et de son savoir dans un environnement aussi paisible et protecteur pour devenir sous l'emprise d'une nouvelle conscience, colérique, haineux, soupçonneux et ambitieux.

La perte de la chose en soi, l'innommée dont la principale mission est d'offrir sa pureté que l'on se contente d'admirer sans rédiger le moindre commentaire.

La consommation du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal n'engendre que l'inévitable détérioration de deux esprits découvrant que leur environnement possède un sens autre que sa nudité.

Une manne subitement métamorphosée en future réflexion cartésienne annihilant toute perception autre que celle de nommer en permanence ce qui n'a certainement pas besoin de l'être.

A moins de s'accepter dans une nouvelle configuration comme étant le produit de son histoire.

Va-t'en pour toi.
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C'est puissant, c'est beau, chaque ligne est une punchline du moyen age, c'est bien écrit de bout en bout et on se demande comment une telle intensité ne perd pas en puissance arrivé à un certain stade du livre, tout simplement du génie. C'est typiquement le genre de poésie qui développe au maximum l'imaginaire du lecteur. du début à la fin on se mange des descriptions épiques de lieu, de personnages, d'objets célestes etc.

Dans cette relecture de la genèse, Lucifer est le personage principal. Après avoir été expédié en enfer en classe affaire, il délibère avec ses armées maléfiques de la marche à suivre pour prendre sa revanche sur le ciel et obtenir réparation. Au final, Lucifer, devenu Satan, déserte le trône de l'enfer dans le but de trouver et corrompre les deux premiers humains de la création, Adam et Eve. Voilà pour le pitch de départ. Et c'est justement Lucifer, ce personnage présenté comme un être torturé intérieurement et vraisemblablement dépressif, qui fait la force de la narration. Ses monologues, quand il s'adresse à lui même, ou à des objets célestes comme le soleil, sont un déferlement d'émotions, une véritable pièce de théâtre, où, dans accès de colère ou de désespoir, il maudit la fatalité. On s'attache assez rapidement au personnage, on suit son épopée à travers les mondes et on espère qu'il atteindra son but mais on sait dès le début comment cela va se terminer, on ne peut pas l'emporter contre Dieu, le lecteur le sait, et le personnage de Satan en a conscience lui aussi, mais malgré tout il continue à se battre contre cet ennemi intouchable qui voit présent et futur.

En résumé : de la poésie spectaculaire.
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A la lecture de ce long poème épique, écrit par Milton alors qu'il était aveugle, il est plaisant d'avoir en tête les gravures de Gustave Doré, les illustrations de William Blake et les grandioses peintures de John Martin. Déjà, mentionnons que la traduction De Chateaubriand y est pour beaucoup dans le plaisir de lecture : à part quelques choix étranges aujourd'hui (traduire dust par poudre plutôt que poussière ?), elle est excellente.

Ce qui marque le plus dans le Paradis Perdu, sans surprise, c'est le personnage de Satan. Et pour cause, sans lui, il ne se passerait strictement rien. S'il n'était pas rebelle, les anges passeraient leur temps à chanter des hymnes et des cantiques à la gloire de Dieu, Adam et Eve resteraient à jardiner tranquillement dans la béatitude, et voilà, fin. Mais Satan est ambitieux, insatisfait, jaloux, et au final magnifiquement humain. Comment ne pas aimer ce personnage ? le début du poème, qui se concentre sur lui et sa psychologie, est de loin la partie la plus enthousiasmante. Je retiens quelques-unes de ses tirades :

Et toi, profond enfer, reçois ton nouveau possesseur. Il t'apporte un esprit que ne changeront ni le temps ni le lieu. L'esprit est à soi-mème sa propre demeure, il peut faire en soi un ciel de l'enfer, un enfer du ciel. Qu'importe où je serai, si je suis toujours le même et ce que je dois être, tout, quoique moins que celui que le tonnerre a fait plus grand ! Ici du moins nous serons libres. (p.63)

Comment ne pas aimer un tel personnage ? Il fait de la philosophie antique, et à travers ces paroles il incarne mieux qu'Adam et Eve la condition humaine et la pulsion vitale. Et Satan, ayant entrainé ses compagnons dans la chute, montre des « signes de remords et de compassion », et, voulant leur parler, « trois fois il essaye de commencer ; trois fois, en dépit de sa fierté, des larmes telles que les anges en peuvent pleurer, débordent. » (p.85) Tous les archanges restés fidèles ne peuvent pas arriver à la cheville de cette esthétique tragique. Et Mammon, un de ses proches, en rajoute une couche :

N'essayons donc pas de ravir de force ce qui, obtenu par le consentement, serait encore inacceptable, même dans le ciel, l'honneur d'un splendide vasselage ! Mais cherchons plutôt notre bien en nous ; et vivons de notre fond pour nous-mêmes, libres quoique dans ce vaste souterrain, ne devant compte à personne, préférant une dure liberté au joug léger d'une pompe servile. Notre grandeur sera alors beaucoup plus frappante, lorsque nous créerons de grandes choses avec de petites, lorsque nous ferons sortir l'utile du nuisible, un état prospère d'une fortune adverse ; lorsque dans quelque lieu que ce soit, nous lutterons contre le mal et tirerons l'aise de la peine, par le travail et la patience. (p.115)

Mais Milton essayerait-il de rendre son lecteur athée ? Et voilà que Béelzébuth accorde de l'importance au « vote populaire » des légions infernales ! (p.119) Et ils votent pour se mettent d'accord ! (p.125) L'enfer est-il donc démocratique ? L'enfer qui, d'ailleurs, est un « univers de mort, que Dieu dans sa malédiction créa mauvais, bon pour le mal seulement » (p.139). Et, pendant ce temps, Milton continue de rendre Satan charismatique. Il le fait voyager périlleusement dans les gouffres entre l'enfer et le ciel, « sombre et illimité océan, sans borne, sans dimensions où la longueur, la largeur et la profondeur, le temps et l'espace, sont perdus ; où la Nuit ainée et le Chaos, aïeux de la Nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu du bruit des éternelles guerres, et se soutiennent par la confusion. » (p.157) Cet endroit, si l'on peut dire, est certainement le plus intéressant du poème, justement parce qu'il est livré au chaos. C'est Satan qui traverse ces épreuves, qui réalise le parcours du héros pour accomplir ses désirs ambigus. Puis, Satan, une fois arrivé dans l'Éden :

Ah ! moi, misérable ! par quel chemin fuir la colère infinie et l'infini désespoir ? Par quelque chemin que je fuie, il aboutit à l'enfer ; moi-même je suis l'enfer ; dans l'abîme le plus profond est en dedans de moi un plus profond abîme qui, large ouvert, menace sans cesse de me dévorer ; auprès de ce gouffre, l'enfer où je souffre semble le ciel. (p225)

Terriblement humain. Quant aux raisonnements de Satan à l'idée de faire goûter aux premiers humains le fruit défendu, ils ne manquent pas de sens : « La science défendue ? cela est suspect, déraisonnable. » Alors, évidement, quand par la suite le personnage de Satan disparait presque, le poème devient nettement moins intéressant. Adam et Eve parviennent cependant à, parfois, reprendre son flambeau, notamment pour certaines scènes d'une certaine sensualité :

N'ayant point la peine de se débarrasser de ces incommodes déguisements que nous portons, ils se couchèrent l'un près de l'autre. Adam ne se détourna pas, je pense, de sa belle épouse, ni Eve ne refusa pas les rites mystérieux de l'amour conjugal, malgré tout ce que disent austèrement les hypocrites de la pureté, du paradis, de l'innocence, diffamant comme impur ce que Dieu déclare pur, ce qu'il commande à quelques-uns, ce qu'il permet à tous. (p.267)

Comme c'est bien dit ! Par contre, je ne suis pas certain de comprendre : ils ont une vie sexuelle dense, mais sans la lubricité et la honte (et la fertilité), qui n'arrivent qu'après avoir goûté le fruit ? Et aussi, cette phrase, à propos d'Eve : « des lèvres de son époux, les paroles ne lui plaisaient pas seules » (p.453) Quelle phrase élégante ! J'adore.

Mais une fois « l'astucieux tentateur » (p.531) dans l'ombre, les archanges prennent le relai, et ils sont fort ennuyeux. Place aux longs récits de bataille, et à beaucoup, beaucoup, beaucoup de paraphrase biblique. En fait,presque la moitié du poème est constituée de ces paraphrases peu enthousiasmantes. Je note simplement que les démons, en guise de punition divine, passent tous les ans quelques jours transformés en serpents. (p.609) Et les dernières lignes, qui laissent le lecteur sur Adam et Eve, sont bien choisies.
Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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un classique à lire et à relire tant la portée des mots et des pensées est intense et immense
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Bien que passionnant, j'ai eu du mal à terminer la lecture du Paradis perdu de John Milton. Même si la prose est fluide, je butais sur des mots, des Noms, des métaphores. Ma connaissance de la religion chrétienne est assez rudimentaire ce qui explique cela. Malgré tout, j'ai pu apprécier les différents événements chantés dans ce poème épique. le désaveu de Dieu pour Satan, la vie d'Adam et Ève en Paradis avant la chute du couple sur la Terre et la Nouvelle Alliance avec Dieu par l'intersession de son fils Jésus. Il y a des scènes de combats. On y découvre la ruse de Satan et la noirceur de son âme. Même le Malin peut avoir une âme.
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Magnifique ode à la Nature
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C'est un livre que j'avais lu (et j'avais adoré), il y a longtemps mais que j'ai eu envie de relire. du coup j'en profite pour ajouter une critique. Donc, ce livre raconte la déchéance de Satan mais aussi les évènements ayant conduit Eve et Adam en disgrâce.

L'histoire débute directement après la chute des anges rebelles dans ce qui peut être l'enfer, on y voit Satan remonter le moral de ses troupes et commencer un complot contre Dieu. Ce qui est intéressant à souligner, c'est que Satan est vraiment l'un des protagonistes de l'histoire et qu'on a son point de vue. Il fait preuve d'une vraie combattivité face à un adversaire complètement omniscient.

D'ailleurs, Dieu dans cette histoire représente un pouvoir vraiment autoritaire. Il sait tout ce qui va se passer mais n'empêche rien et ensuite punit les fautifs pour les fautes dont il connaissait l'existence avant qu'elles ne surviennent (fallait le faire quand même). D'ailleurs, Dieu a aussi puni le serpent alors que celui-ci était possédé par Satan, il n'était pas maître de ses actes.

Dans l'histoire, je comprends que Satan se soit rebeller contre Dieu qui est tyrannique et attend une servitude de ses "créations" sans remises en cause de son autorité. D'ailleurs, le passage ou Raphael vient à la rencontre de Adam et accepte de lui raconter la rébellion de Satan mais attention bémol et je cite: J'ai reçu la commission d'en haut de répondre à ton désir de savoir, dans certaines limites : au-delà, abstiens-toi de demander ;"
Et en plus, il demande ensuite à Adam de ne pas faire de conjectures sur ce que refuse de lui révéler Dieu. En gros, il est demandé à Adam de ne pas réfléchir et d'obéir sagement.

D'ailleurs, il est amusant de constater qu'en dépit d'une caractérisation misogyne de Eve par l'auteur, elle n'en reste pas moins un personnage bien plus intéressant qu'Adam: elle est surtout décrite comme une femme superficielle et qui obéit à Adam. Pourtant, c'est sa curiosité qui l'a rend justement intéressante, Adam est complètement béat, lisse et sans personnalité ce qui n'est pas le cas d'Eve. le seul geste assez beau que j'ai vu, c'est qu'il mange la pomme en connaissance de cause et qu'il ne veut pas laisser Eve seule face à la colère de Dieu.

Cela dit, la description de la vie au Paradis ainsi que les disputes de Adam et Eve sont quand même assez ennuyeuses par moment. Les passages que j'ai préféré sont vraiment avec Satan dont on peut se sentir très proche finalement. Il cumule pas mal de défauts très humains comme l'orgueil, il n'est pas ravi lorsqu'un ange ignore son identité parce qu'il considère que personne n'ignore qui il est. Je n'ai pas aimé Michel et Gabriel qui admettent la supériorité de Satan mais qui se sentent invulnérables car Dieu est de leur côté.

Je reproche tout de même d'avoir donné des noms de Dieu égyptiens et grecs aux anges rebelles. Je sais que ces religions étaient assimilables au cultes de du Diable à l'époque de Milton mais ça me fait grincer des dents. D'un autre côté, à la base, Lucifer était un messager dans la mythologie gréco-romaine.
Si ce genre de sujet religieux vous passionne et que vous aimez la littérature, je recommande fortement ce livre.
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