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Critique de ODP31


Il n'y a pas que des ours dans les Pyrénées. Il y a aussi une invasion de tueurs en série.
Pendant que Baloo et ses copines slovènes confondent troupeaux de brebis et bars à tapas sous l'oeil attendri des bisounours, Bernard Minier décime dans ses romans les aborigènes pyrénéens en introduisant un nombre incalculable de psychopathes passablement chafouins.
Depuis « glacé », Martin Servaz, son brave flic éprouvé par la vie, se charge de les pister. Servaz, c'est du miel à assassins. Vous l'envoyez dans n'importe quel patelin paumé qui n'a pas connu d'homicide depuis la période cathare et c'est l'hécatombe. Il traverse un village comptant moins de 10 âmes et vous pouvez déjà prévoir quelques vols pour l'au-delà. Il peut vous transformer la Belle des champs en maîtresse sadomasochiste, un chercheur de champignon nonagénaire en empoisonneur sadique, un éleveur de brebis en pédophile et un chasseur de sanglier du dimanche en sniper surentraîné. Chez lui, la famille Ingalls court dans les herbes hautes et se transforme en secte sataniste dès le tomber du jour. Même les foetus sont suspects.
Je suis un brin moqueur et pourtant j'ai lu tous les romans de la série sans y être forcé ou payé. En fait, cette lecture, c'est un peu comme une réunion de famille. On est content de revoir tout le monde une fois par an mais on ne peut pas s'empêcher de raconter toujours les mêmes histoires et de lancer des commentaires désagréables pendant le trajet de retour. Je pourrai mentir et dire que mon assiduité s'explique par la qualité du style - comment dit-on déjà quand il n'y en pas ? ah oui - sec et ciselé, ou que c'est en raison des intrigues haletantes, mais l'issue est à peu près toujours la même. L'humour ? Il est si bien caché que je le cherche encore dans la forêt. Je n'irai pas jusqu'à oser mettre en avant les digressions caricaturales sur le mal être de la police, les dangers des réseaux sociaux ou le malaise général de la société, qui semblent puisées dans des brèves de comptoir. Non, je crois que je lis surtout ces romans par chauvinisme parce qu'ils se passent par chez moi (mon piteux pseudo de cibiste est révélateur de ce petit défaut) et que je me suis attaché aux personnages.
Cet opus est un huis clos au grand air qui multiplie les références aux précédentes enquêtes, ce qui flatte les habitués mais peut dérouter des lecteurs de passage.
Pour isoler une vallée montagneuse du reste du monde, rien de mieux qu'une explosion pour ensevelir la seule route qui permet d'y accéder. Servaz est coincé sur place car il a reçu un appel au secours de Marianne, mère de son fils, compagne disparue et kidnappée à répétition. Parti à sa recherche dans une vallée de montagne, il doit faire face à plusieurs crimes ritualisés. Marques de fabrique chez Bernard Minier, les scènes de crimes sont des tableaux horrifiques digne de Jérôme Bosch, qui laissent plus de souvenirs que les scénarios de ses romans. Entre un monastère isolé, une forêt dense et sauvage, une petite commune où la révolte populaire gronde et le retour d'Irène Ziegler, gendarmette du premier tome de la série, pâle copie de Lisbeth Salander, l'écosystème est favorable aux randonnées meurtrières.
Voyage en terrain connu, la corde de la série est de plus en plus effilochée et l'histoire s'use avec un héros qui semble aussi fatigué par ses enquêtes que le lecteur.
Malgré tout, le roman se laisse lire sans déplaisir, le rythme est adapté à l'intrigue, les personnages féminins sont davantage travaillés et dominent les débats de façon intéressante. L'idée d'isoler toute une vallée pendant l'enquête permet aussi de décortiquer les rouages du soupçon en milieu confiné.
J'ai avalé la vallée comme une glace à l'eau du robinet ! C'est frais mais cela manque de saveur.

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