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Critique de HundredDreams


C'est avec le plus grand plaisir que j'ai retrouvé le commandant Martin Servaz, le héros si attachant de Bernard Minier. L'auteur nous emmène dans ma région, au milieu des montagnes pyrénéennes à la beauté froide, dans une vallée plutôt isolée et inhospitalière, où de nombreux meurtres sordides vont le replonger dans un passé qui le hante, celui du tueur en série Julian Hirtmann et de Marianne, son ex-femme disparue depuis de nombreuses années kidnappée par le tueur.
Cette vallée devient un huis-clos infernal, angoissant dans lequel le policier traque un esprit dérangé, intelligent, manipulateur et redoutable.

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Au beau milieu de la nuit, un coup de téléphone, celui de Marianne. Un appel au secours. Martin Servaz a peu d'éléments pour la retrouver. Ce qu'il réussit à saisir des paroles de la jeune femme est qu'elle a été séquestrée dans les Pyrénées, qu'elle a réussi à s'échapper. Poursuivie, elle se cache dans la forêt, non loin de l'abbaye des Hautsfroids.
Espoir de la retrouver vivante. Crainte de la perdre à nouveau, peur d'arriver trop tard. le commandant, suspendu par sa hiérarchie et en attente de son conseil de discipline, ne peut que se rendre sur les lieux et mener son enquête en toute discrétion, du moins au départ.
Mais lorsque des meurtres abominables s'enchaînent, la concomitance des deux faits s'avère troublante et le lecteur ne peut que se demander quel lien relie l'évasion de Marianne à la série d'homicides dont les mises en scène spectaculaires et effroyables montrent un criminel inventif, méthodique et machiavélique.
Et lorsqu'un éboulement d'un pan de la montagne, dont l'origine criminelle ne fait aucun doute, coupe la vallée du reste du monde, le village et ses habitants se retrouvent alors isolés, à la merci du meurtrier.
La tension monte dans le village d'Aigues-Vives, les pages se tournent de plus en plus vite jusqu'au dénouement particulièrement bien réussi et totalement inattendu.

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J'ai apprécié l'univers décrit pas l'auteur. On se sent totalement imprégné par l'ambiance anxiogène, étouffante de ce huis-clos, la forêt immense, froide, humide et impénétrable, l'abbaye retirée du monde, les religieux tenus au secret, les villageois nerveux au bord de l'implosion, l'ambiguïté des suspects.
Les personnages sont comme des icebergs, on ne voit que la face émergée, l'autre face, immergée, cache des personnalités bien plus complexes qu'elles ne paraissent, les apparences étant souvent bien trompeuses.
En effet, de nouveaux personnages apparaissent dont les comportements complexes et équivoques amplifient cette anxiété, en particulier celui de la psychiatre Gabriella Dragoman, particulièrement bien travaillé. Sa personnalité troublante et provocante accroît cette atmosphère sombre et oppressante.

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Avec Bernard Minier, on est toujours sûr de passer un bon moment de lecture, sans jamais s'ennuyer. L'auteur distille dans ce quatrième tome des souvenirs des tomes précédents pour ne jamais perdre le lecteur. Si vous n'avez jamais lu la série de livres du commandant Servaz, je vous conseille donc de lire les trois romans précédents.
C'est aussi avec plaisir que j'ai retrouvé certains personnages comme Marianne dont on connaît à la fin du roman le sort qui lui a été réservé pendant toutes ces années d'enfermement, Irène Ziegler, la gendarme de « glacé », ou Hirtmann, toujours dissimulé entre les lignes.

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L'efficacité du roman s'appuie une nouvelle fois sur un décor étouffant, des meurtres originaux et sauvages, une intrigue prenante et efficace, et bien sûr, le personnage charismatique de Martin Servaz qui évolue, plus mature, anxieux sur son devenir dans la police, mais aussi plus serein, moins sombre.

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L'écriture est agréable et fluide, alternant l'action à des thématiques d'actualité ou de belles descriptions de la montagne, des forêts, de cette abbaye dissimulée dans la montagne.
Le seul reproche que j'aurais et ce n'est que mon avis personnel, un avis parmi des milliers d'autres, j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas trop, mais les nombreuses réflexions, sur le mal-être de la société française à la dérive, la colère sous-jacente et grondante d'une partie de la population française, la crise de la police, le féminisme, ont cassé le rythme de l'intrigue et m'ont gênée, même si j'en conviens, elles ajoutent à l'atmosphère du livre.

Il n'en reste pas moins que j'ai passé un agréable moment en compagnie du commandant Servaz. « La vallée » est un bon roman, mais pas un coup de coeur comme j'ai pu l'avoir avec son premier roman « glacé ».
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