On voulait que tout se passe bien, que ce soit un divorce élégant.
Un divorce élégant ? Est-ce que je rêvais ? Et pourquoi pas un divorce magnifique? Un divorce merveilleux ? Un divorce de conte de fées ?
J'avais accepté de dire que j'avais du bol, par rapport à Quentin, même si c'était dur à avaler ; parce que la chance, pour moi, c'était que tout reste comme avant. Mais bon, à force d'en parler, je commençais à m'habituer à l'idée. Tant que je ne l'avais dit à personne, ça prenait une place folle dans ma tête ; maintenant que Quentin était au courant, ça ne prenait qu'une partie de mon cerveau, et c'était déjà mieux. J'avais de la place pour autre chose, par exemple pour le ciel bleu. Et pour imaginer que la vie serait quand même bien, après. Après... Avec ces deux maisons, et tous ces inconnus.
"Ca me fait un drôle d'effet, pourtant j'en avais ras le bol de les entendre s'engueuler".
Je ne savais pas tri quoi lui dire, mais j'avais quand même réussi à lui répondre que ce serait cool pour lui de ne plus entendre ses parents se disputer, qu'il valait mieux qu'ils soient heureux séparément que malheureux ensemble, ce genre de choses - j'avais entendu mon père parler de cette façon à propos du divorce d'un de ses amis, et ça me semblait tenir la route. Quand on ne sait pas quoi dire, on se sert des mots des autres, c'est bien pratique.
Puis j'avais dit à Quentin qu'il s'habituerait, que ce serait une question de temps - ça , c'est ce que dit ma mère, dès qu'il y a du changement dans l'air.