A l'instar de ses contemporains, Miro continuait d'explorer les divers moyens d'expression et d'expérimenter de multiples matériaux. Il façonnait des assemblages avec toutes sortes de matières et d'objets trouvés ; .... Il est quasiment impossible de décrire le but qu'il s'était assigné, puisqu'il l'ignorait lui-même.
Je n'invente rien, tout est ici. Joan MIRO
Miro, qui connaissait très certainement le fameux conseil de Léonard de Vinci de prendre les irrégularités d'un mur, le dessin du marbre, les nuages ou les ombres comme point de départ d'un tableau, commença à prêter plus attention à ces formes fortuites. A ce moment-là d'ailleurs, de telles sources d'inspiration étaient l'objet de discussions dans les milieux artistiques que fréquentait Miro.
Passé le premier mouvement d'admiration, Miro retrouva sa pondération et se mit à regarder le monde artistique parisien d'un oeil plus critique. Il devait reconnaître qu'une bonne partie de l'art contemporain n'émanait pas de l'impérieuse nécessité d'exprimer une idée imminente mais qu'elle était souvent produite pour être vendue. ..... Dans une lettre qui révèle à la fois ses exigences vis-à-vis de lui-même et son optique religieuse, il explique : "J'ai vu quelques expositions des peintres modernes. Les Français sont endormis. ... Picasso très fin, très sensible, un grand peintre. La visite à son atelier m'a démoralisé. Tout est peint pour son marchand, pour l'argent. Une visite chez Picasso, c'est comme une visite à une danseuse étoile qui a trop de soupirants.... Ailleurs, j'ai vu des tableaux de Marquet et de Matisse, il y en a de très jolis mais ils en font beaucoup, juste pour dire de les faire, pour les marchands et pour l'argent. Dans les galeries on voit beaucoup de déchets insensés..."
En 1947, lors de son premier voyage en Amérique, Miró, devenu célèbre, rencontra le fameux critique d’art Clement Greenberg qui fut très désappointé par leur entrevue, l peintre s’étant montré, comme toujours, peu enclin à parler. Greenberg raconte : « Ceux qui eurent l’occasion de le rencontrer de son vivant voyaient un petit homme trapu, plutôt taciturne, vêtu d’un costume bleu marine. Il avait une tête toute ronde aux cheveux foncés coupés ras, le teint pâle, les traits réguliers, des yeux et des mouvements vifs. D’une légère nervosité mais impersonnel et distant en la compagnie d’inconnus. On ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui avait bien pu pousser ce bourgeois vers la peinture moderne, la Rive gauche et le Surréalisme. »
au moment ou Miro s'apprêtait à faire une entrée fracassante dans le monde artistique, le cubisme avait déjà disloqué et recomposé l'espace du tableau et son sujet, et dada venait de faire éclater la révolte nihiliste contre l'art. Les fauves avaient cessé d'utiliser la couleur pour évoquer la nature mais commençaient à utiliser la nature pour évoquer la couleur. En un mot, le monde académique était la cible de feux nourris et quelques groupes ennemis s'étaient déjà formés.
Je travaille très dur, m'approche d'un art de concept prenant la réalité comme point de départ, jamais comme un aboutissement. Joan Miro
J'ai été conquis par la splendeur de la céramique : c'est comme des étincelles. Et puis, la lutte avec les éléments : la terre, le feu... Je suis un lutteur de nature. Quand on fait de la céramique, il faut pouvoir dompter le feu.
Joan Miró
Celui qui s’évertue à comprendre une peinture de Miro n’arrivera peut-être pas à l’aimer vraiment.
Les grands se développent et grandissent à tout âge.