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Critique de monromannoir



Tout d'abord, il faut savoir que Benoît Minville est un libraire passionné que je croise au détour des réseaux sociaux. Un personnage atypique qui défend des romans qu'il est fortement recommandé d'apprécier au regard de son look et de sa mine patibulaire. Mais derrière cette dégaine de psychopathe, on devine le gars sensible qui doit pleurer devant un épisode de la petite maison dans la prairie.

Avec Rural Noir, premier roman « adulte » de l'auteur, on dénote tout d'abord l'influence de Stephen King et de Dan Simmons, chantre des romans mettant en scène des intrigues liées à l'enfance. Alors bien évidemment, Rural Noir nous saisi pleinement par le biais de l'émotion que dégage cette bande d'adolescents unis par une amitié qui semble indéfectible. Bon nombre de lecteurs y retrouveront probablement leurs propres souvenirs de vacances à la campagne qu'ils pourront projeter sur ce récit.

Mais au-delà de l'émotion latente, le récit peine à convaincre tant la trame narrative y est laborieuse. C'est tout d'abord dû au parti pris de l'auteur de dévoiler le drame du passé en toute fin de récit alors que la plupart des protagonistes en connaissent la teneur. On assiste donc à une succession de chapitres, évoquant ce passé, qui traînent en longueur et qui n'apportent pas grand chose hormis cette émotion qui paraît parfois quelque peu surfaite. C'est durant la période liée au présent que l'on retrouve les meilleurs moments, notamment lors des phases laissant place à une action parfois aussi cruelle que brutale. Néanmoins, la férocité de la confrontation finale nous laisse quelque peu perplexe. On peine ainsi à croire à ce remord qui ronge Romain depuis tant d'années au regard de l'attitude qu'il adopte vis à vis de certains personnages qu'il n'hésite pas à sacrifier durant une transaction nocturne extrêmement prenante.

Ce qu'il manque dans Rural Noir, c'est le contexte social dans lequel évoluent les protagonistes. le monde paysan y est à peine évoqué par l'entremise de quelques personnages secondaires que l'on aurait souhaité connaître d'avantage. Les exploitations qui font faillites, les révoltes de paysans acculés, les suicides ; rien de tout cela n'est vraiment abordé dans ce récit qui manque cruellement d'ampleur. Les dialogues sont également l'une des faiblesses de ce roman. Ils sont ampoulés et parfois terriblement laborieux avec une propension au pathos qui devient terriblement mièvre, comme lorsque les personnages évoquent leurs souffrances respectives comme s'il s'agissait d'une espèce de concours pour savoir qui a le plus morflé.

On passera sur la problématique de la temporalité où les événements se mettent en place au moment même du retour de Romain, sans qu'il en soit le déclencheur, ainsi que sur ce laps de cinq ans où rien ne se passe, entre la tragédie et son départ. Puis, dix ans plus tard, on assiste donc à une espèce de « trop hasardeux » coup du sort qui permet au présent d'être le reflet du passé sans qu'il n'y ait aucun autre mécanisme permettant d'expliquer cette collision entre les deux périodes.

Au final, Rural Noir c'est un roman tendre, bourré d'émotion mais qui manque terriblement de tenue et de cohérence et qui en font ainsi un récit bancal dans lequel on peine à s'immerger. Vraiment dommage.
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