Citations sur L'Abbé Jules (19)
Vois-tu, mon garçon, si j'avais connu autrefois ces vérités, je n'en serais pas où j'en suis aujourd'hui.
Car je suis une canaille, un être mafaisant, l'abject esclave de sales passions ... Enfin, je te dirai peut-être cela plus tard ...
Et sais-tu pourquoi ?
Parce que, dès que j'ai pu articuler un son, on m'a bourré le cerveau d'idées absurdes, le coeur de sentiments surhumains ...
Mon oncle l'abbé ! En me répétant ces mots, tout bas, je voyais se dresser devant moi une figure de fantôme, hérissée, sabrée de grimaces, grotesque et terrible, tout ensemble, et je ne savais pas si je devais m'en effrayer, ou bien en rire.
On a déformé les fonctions de mon intelligence, comme celles de mon corps, et, à la place de l'homme naturel, instinctif, gonflé de vie, on a substitué l'artificiel fantoche, la mécanique poupée de civilisation, soufflée d'idéal... l'idéal d'où sont nés les banquiers, les prêtres, les escrocs, les débauchés, les assassins et les malheureux...
Ecoute-moi, tu réduiras tes connaissances du fonctionnement de l'humanité au strict nécessaire :
1/L'homme est une bête méchante et stupide
2/La justice est une infâmie
3/L'amour est une cochonnerie
4/Dieu est une chimère .
La nature ne dit rien à l'enfant ni au jeune homme. Pour en comprendre l'infinie beauté, il faut la regarder avec des yeux déjà vieillis, avec un coeur qui a aimé, qui a souffert.
J’ai menti, j’ai volé, j’ai repoussé du pied les infirmes et les pauvres, ces mélancoliques élus du ciel. Rêvant de criminels attentats, et la chair brûlée de concupiscences monstrueuses, sans remords, sans hésitation, je me suis approché de la Sainte Table, et j’ai donné au doux corps du Sauveur le lit fangeux d’une âme sacrilège… Enfin, j’ai désiré la femme de mon prochain, j’ai soufflé la débauche au cœur des jeunes filles, et, dans les champs, sous l’infini regard de Dieu, comme un bouc immonde, j’ai forniqué…
Je veux me faire prêtre, nom de Dieu !
Et ce fut le silence, tout autour de lui, et ce fut la nuit, une inquiétante nuit, profonde et sans lune, une nuit qui entrait dans son âme et qui renvoyait, sur la pâle lumière du ciel occidental, avec le mystère grandissant de ses ténèbres, à elle, les grimaçantes et vengeresses images de ses remords à lui et de ses terreurs.
La nature ne dit rien à l'enfant , ni au jeune homme . Pour en comprendre l'infinie beauté, il faut la regarder avec des yeux déja vieillis, avec un coeur qui a aimé, qui a souffert .
Mais qu’a-t-il pu fabriquer à Paris ?