Tu es un "enquêteur".
Comme Kurt Wallander... mais avec la façade écaillée, toiles cirées tachées et volets cassés.
Tu voudrais vraiment qu'on vive dans un monde où on serait tous légalement tenus d'annoncer notre religion avant de se toucher et de se déshabiller ?
" Mieux vaut un cambrioleur que tu connais, et qui t'a laissé la vie sauve, qu'un voleur que tu n'as pas encore rencontré."
Avraham n’en crut pas ses oreilles ; il ne s’appelait ni Lucas ni Janvier mais carrément… Jules !
Avraham, qui n'était donc plus chargé de l'affaire, ravala ses doutes. De toute façon, mieux valait attendre, vu qu'il n'avait aucune preuve. Il était le seul dans cette pièce à avoir observé de près le visage gris de la victime. Le seul à avoir identifié la terreur qui était restée gravée sur ses traits, tandis que tous les autres, persuadés qu'ils avaient décrypté cet homme et ce qui lui était arrivé, n'aspiraient qu'à se débarrasser du cadavre pour l'enterrer en même temps que le dossier et passer au suivant.
^Elle avait tout fait pour m’allaiter, mais sans succès. Alors qui m’a allaité ? Ses deux voisines juives, la Bulgare et l’Irakienne. Pendant des mois, elles se sont relayées, un jour l’une, un jour l’autre, pour me donner le sein en même temps qu’à leurs propres enfants, jusqu’à ce que je grandisse et n’aie plus besoin de lait maternel. C’est ce que je voulais vous raconter. Je n’ai pas oublié ce qui s’est passé, ni avant ma naissance ni après. Je n’ai rien oublié du tout. Il y a eu des horreurs, chez vous et chez nous. Mais Dieu me donne l’occasion de refermer la boucle. […] Et moi, je crois que Dieu, avant de me rappeler à Lui, me donne la chance de lui rendre la pareille. Pas aux Juifs – à Lui. De Le remercier pour la vie et la force qu’Il m’a données quand j’étais petit et que ma mère ne pouvait pas m’aider. Voilà pourquoi nous tenons à nous occuper de ce bébé et à lui assurer une belle vie.
La plupart des dossiers dont il s’était occupé au cours des dernières années étaient de terribles drames dont la résolution n’avait aidé personne. À quoi bon avoir révélé que Raphaël Sharabi avait tué son fils Ofer ? Ou que Haïm Sara avait étranglé sa femme Jennifer avant de l’enterrer dans une cour ?
« J’ai l’impression de ne mener que des combats sans importance et surtout sans vainqueurs. Dans lesquels il n’y a que des perdants.
— Comment peux-tu dire que ce sont des affaires sans importance ? s’étonna Marianka.
— Elles comptent bien sûr pour ceux qui sont concernés, mais leur résolution n’a rien changé sur un plan plus global. D’ailleurs, ça n’a même pas été bénéfique aux victimes et à leur famille. »