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4,37

sur 1217 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Malgré quelques réticences initiales, je ne regrette pas de m'être rangée aux avis de Babéliautes enthousiastes en plongeant dans cet Equilibre du Monde qui m'a toute de suite happée.

J'ai dévoré les près de 900 pages de cette formidable fresque, très accessible grâce à un paradoxe qui na cessé de me surprendre tout au long du livre : le style et la structure narrative sont dans les purs canons occidentaux (R.Mistry est canadien) mais n'empêchent pas, bien au contraire, de ressentir de manière quasi sensuelle toutes les couleurs, la densité, les contradictions de l'Inde des années 70 : l'élégance dans le sordide contre la vulgarité dans l'aisance, la foule contre la solitude, la laideur contre la beauté, la pauvreté du village contre celle de la ville, le tryptique infernal démocratie - bureaucratie - corruption, la fleur chatoyante posée sur un étron.

A travers les pérégrinations d'Ishvar et Om son neveau entre lutte pour la survie et efforts d'ascension sociale hors de leur condition d'intouchables, c'est toute l'histoire de l'Inde post indépendance que traverse le roman, ponctué de scènes marquantes : le vote floué au village; l'enrolement forcé pour assister au meeting d'Indira Gandhi; la scène au tribunal, la brutalité de la politique de planning familial...
Mais aussi la procession pour la mort du mendiant, les repas partagés, le patchwork de Dina...

L'empathie pour les principaux personnages, Ishvar et Om mais aussi Dina la veuve luttant pour son indépendance et Maneck le jeune étudiant qu'elle accueille chez elle, fonctionne à plein.

C'est vivant, c'est riche, c'est palpitant, c'est émouvant et parfaitement rhytmé, et l'on ne sort pas tout à fait indemne de la lecture car autant le dire, ce qui leur arrive à tous en dernier lieu, malgré des moments de lumière, est parfaitement dégueulasse.

L'auteur fait dire à un moment à l'un de ses personnages que l'équilibre du monde est affaire de lutte pour la survie et se joue entre l'espoir et le désespoir: un équilibre plombé dans le roman par l'impossibilité à dépasser sa condition, mais aussi rétabli par la lumière qui le traverse.
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Ce roman prend place en Inde, plus exactement à Bombay, dans les années 1970 et 1980. Alors que le pays est secoué par d'importants changements politiques et sociaux, l'auteur nous amène à découvrir le monde de plusieurs personnages vivant dans le même quartier de la ville. Om et Ishvar les tailleurs, Dina la veuve et Maneck l'étudiant sont les points centraux de l'histoire, mais autour d'eux évoluent bien d'autres gens. Issus de milieux sociaux très différents, le destin les amène à partager un appartement. Parmi toutes les péripéties que connaîtront les personnages, plusieurs sont dramatiques. On y comprend la pauvreté et l'injustice qui faisait rage en Inde à cette époque.
Ce livre m'a plongé dans un monde que je connaissais trop peu. On parle ici d'une véritable fresque sociale où l'Inde contemporaine nous est démontrée à travers les différentes couches de la société. On ne peut passer inaperçu le talent de l'auteur pour décrire la nature humaine avec des mots foisonnants d'originalité et une plume entremêlant les expressions indiennes et anglaises.
Lien : http://labibliothequedechloe..
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formidable! J ai adore ce livre!
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Vous ne connaissez pas encore Rohinton Mistry ? Commencez par L'équilibre du monde.

C'est un pavé, mais un pavé qui vaut le détour, si tant est que l'on s'intéresse à ou est curieux de la société et de la culture indienne.

L'essentiel de l'action se situe sur à peine une décennie dans les années 70-80, mais c'est au total l'histoire de trois générations qui nous est contée, avec force flash-back au début du livre.

Les personnages principaux sont Ishvar et Om, l'oncle et le neveu, deux hommes nés intouchables, tanneurs, et devenus tailleurs, contraints de partir à la ville pour tenter de gagner leur vie. Manek, jeune étudiant ingénieur originaire d'un petit village dans la montagne et venu à la ville pour ses études et Dina Dallal, jeune veuve ayant décidé de se battre pour subsister dans une société qui la condamnerait à vivre en deuil pour le restant de ses jours auprès de son frère.

Cette dernière monte une affaire de couture en embauchant Ishvar et Om et héberge Manek chez elle. À ces personnages centraux s'ajoutent un grand nombre de personnages périphériques qui accompagnent plus ou moins longtemps la lecture. Les familles des protagonistes. Les mendiants, très présents, et leur Maître qui les protège contre paiement. Les représentants de l'administration, caricatures de fonctionnaires bornés mais zélés. La patronne et le propriétaire de Dina Dalal. Un camarade d'étude de Manek.

Les histoires entrelacées de ces personnages se déroulent sur fond de troubles sociaux, inter-communautaires, inter-castes et politiques, d'état d'urgence, de campagnes "d'embellissement" (comprendre d'élimination des mendiants) et de stérilisations "volontaires", de mondialisation lorsque l'on comprend en filigranes que les tailleurs miséreux assemblent des habits pour les européens.

Le récit est rythmé par les imprévus, souvent tragiques, qui affectent les différents personnages principaux et périphériques confrontés à une vie qui ne leur épargne rien, jusqu'au bout.

Au fil de leurs aventures, le lecteur (re)découvre l'absurdité du système des castes qui conduit à traiter comme des sous-humains certaines catégories d'indiens qui peuvent donc être exploités, stérilisés voire tués sans conséquences.

L'ensemble est très marqué par l'hindouisme et la notion de karma. Au fond, chacun doit rester à sa place, remplir sa mission et ne pas chercher à échapper à son sort prédéterminé au risque de mettre en danger L'équilibre du monde si subtile...et injuste.

Un roman fleuve passionnant, touchant, très réaliste mais laissant peu de place à l'espoir. Non sans rappeler Émile Zola.
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Une histoire touchante, centrée autour de personnages attachants.

J'ai appris pas mal sur l'Inde de cette époque là, le livre m'a incitée à aller googler pour avoir plus d'informations sur les évènements politiques de cette période que je ne connaissais quasiment pas avant cela. Ce n'est par contre pas du tout indispensable pour suivre le livre (d'ailleurs, je l'ai fait après), j'ai juste apprécié d'avoir cet apport culturel.

Le livre est poignant tout du long, le rythme s'accélérant tout du long. On va de drame en drame et par moment ca perd en réalisme (un peu comme se faire toucher par la foudre 5 fois). Mais, pris individuellement, chacun de ces drames est plutôt réaliste - bien qu'extraordinaire. Ils nous touchent et l'on voit les personnages évoluer malgré tout, parfois avec un serrement de coeur. Car les personnages sont pour moi le gros plus de ce livre, ils sont vraiment réussit. Leur personnalité sont riches sans qu'il y ait besoin de grandes scènes d'introspection et l'interaction de tout ce petit monde venant de milieux bien différents et très touchante. le tout n'est pas facile, bien sur, et explorer avec eux les difficultés d'adaptation de chacun et leur évolution est absoluement palpitant.

J'ai eu du mal à lacher le live du début à la fin. S'il se passent plein de choses d'un point de vue politique ou évolution plus globale, les personnages les subiront plus qu'il n'agiront dessus. L'action des personnages est surtout en rapports à leur relations aux autres, à leur évolution personnel, à leur environnement local. Moi, j'aime ça.
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L'histoire se déroule en Inde :

Pour échapper à l'emprise de son frère, Dina, une jeune veuve, ouvre un atelier de couture et va être amené à engager deux tailleurs, oncle et neveu, appartenant à la caste des intouchables. Aussi s'ajoute Maneck, un jeune étudiant qui devient le colocataire de Dina. L'auteur nous fait d'abord découvrir, successivement, le passé de ces personnages, dont le destin se rencontre. Ensuite on y voit Dina, apprendre à vivre avec la présence de ces tailleurs qui travaillent pour elle et de son coloc Maneck. Tout au long de l'histoire, on y découvre, à travers la vie de ceux-ci, la misère et les difficultés causés, entre-autres, par l'État d'urgence instauré par le gouvernement des années 70-80 en Inde.

C'est ce fragile équilibre entre espoir et désespoir qui marque la vie des personnages de ce roman profondément humain. L'écriture est simple et facile à lire et les personnages sont attachants. C'est un roman qui nous fait découvrir l'Inde avec beaucoup de réalisme; dans sa beauté, mais aussi surtout, dans sa misère et sa pauvreté. Aussi, un glossaire se trouve à la fin du livre, pour donner la définition des mots et expressions hindous qui sont dans le roman.

En somme, pour le réalisme, les personnages attachants, un roman très humain qui nous fait découvrir l'Inde, surtout par sa misère. Un roman que je conseil fortement et qui vaut la peine d'être lu, même s'il est long.
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J'aimerais vous parler encore d'un roman de Rohinton Mistry, l'Equilibre du monde, titre original A fine Balance, titre amèrement, désespérément antithétique.

Ce roman, comme tous les autres livres de l'auteur, brasse l'histoire contemporaine de l'Inde, avec ses désespérés de la terre qui essaient de redresser la tête et qui seront irrémédiablement broyés par la machine sociale et politique, avec Indira Gandhi et ses programmes de stérilisation, ses magouilles et son amour immodéré pour son fils.

Mistry situe son roman comme les autres à Bombay ; il décrit ce qu'il connaît de l'intérieur : la petite bourgeoisie parsie, la misère grouillante du petit peuple de la rue, les magouilles politiques et les abominations du système des castes, la violence atroce qui s'exerce pour que le système social puisse se perpétrer.

Pas de révolution dans les romans de Mistry. Pas de grands personnages qui vont changer le monde, seulement de petites gens, avec leur courage et leur rouerie, leur volonté de vivre une vie qui vaille la peine et puis les voilà qui baissent les bras.

Pas de rédemption, pas d'espoir mais du rire au milieu de l'horreur, des satisfactions minuscules au sein de la misère la plus atroce.

Quel roman, quel souffle, quel grouillement de vie dans ce microcosme !

Dans un quartier de Bombay une jeune parsie, Dina Dalal, lutte pour conserver son indépendance après la mort de son mari ; elle ne veut pas retourner au domicile de son frère Nusswan qui appartient à la classe sociale moyenne qui commence à apparaître en Inde. Elle prend un pensionnaire, un étudiant venu de sa montagne, Maneck. Elle décide aussi de faire travailler deux tailleurs intouchables, Ishvar et Omprakash, sous-traitant ainsi la sous-traitance qu'elle a obtenue. Nous avons ici une analyse très fine du sous-prolétariat et des conditions de travail dans la confection.

Tout semble s'améliorer, Dina peut payer son loyer malgré les menaces du propriétaire qui veut récupérer le logement, Ishva et Omprakash ne dorment plus dans la rue, Maneck va passer ses examens. Mais il y a l'état d'urgence décrété par Indira Gandhi, les exactions, les horreurs dont seront victimes les deux tailleurs. Quant au meilleur ami de Maneck, Avinash l'étudiant leader de la contestation estudiantine, il mourra torturé dans les geôles de la police, entraînant sa famille dans une cascade de malheurs.

Il faudrait citer tant de personnages forts dans ce roman fleuve ! Shankar le mendiant cul de jatte, emblématique de ce peuple parfois estropié volontairement par la volonté du roi des mendiants, Ashraf Chacha l'ami musulman de la famille des tailleurs à qui il doit la vie lors des atroces massacres de musulmans… Tant de personnages dans cette trame dense, tant de personnages qui s'agitent et tentent d'échapper à leur destin !

Mais il n'y a pas de rédemption, toute tentative de révolte contre l'ordre établi se soldant impitoyablement par la répression. L'épisode de la castration d'Omprakash est insoutenable, tout comme la description de la stérilisation forcée des hommes de tout un village dans des conditions d'hygiène déplorables. Ishvar deviendra cul-de-jatte après la survenue de la gangrène, reprenant le rôle de Shankar le mendiant dans une désespérante roue du destin. Restent la résignation et l'humour des personnages qui trouvent la force de rire, les autres comme Maneck finissant tragiquement.
Inlassablement Dina fabrique un couvre-lit en patchwork avec les chutes de tissu, mais il manque un morceau ou un fil se détache, superbe métaphore du travail du romancier et de son propre déchirement face à la dureté de la société indienne.
Lien : http://n.giroud.free.fr
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Un roman émouvant sur la vie en Inde en 1975 et 1985. Nous sommes immergés dans ce pays avec ces habitants qui ont souffert mille maux. J'avais déjà lu sur l'Inde et ce livre m'a permis de m'y replonger. Les personnages sont attachants, leurs histoires bouleversantes. Merci à l'auteur pour ce partage.
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Roman fleuve écrit par un écrivain anglophone, très connu dans son pays. Il raconte sur plusieurs générations la destinée de plusieurs personnages qui finissent par se retrouver, les uns venant d'un village archaïque (ce sont des intouchables), l'autre, Dina, veuve méprisée et rejetée par sa belle-famille vivant en ville et essayant de subsister en étant couturière, un troisième, Manek, tout jeune homme descendu de la montagne, qui apprend ce qu'est la vie. Roman social, roman psychologique, roman d'apprentissage passionnant qui décrit l'évolution des moeurs en Inde avec souvent humour et violence satirique. Roman réaliste, qui utilise pourtant des symboles pour dire ce qu'est la condition humaine. Ainsi Dina, telle une autre Pénélope, fabrique un grand patchwork avec les restes de tissus, image du roman et de l'existence qu'il met en scène. « Je préfère croire que Dieu est un géant qui fabriquait un patchwork. Avec une infinité de motifs. Et le patchwork a tellement grandi qu'on ne peut plus discerner le modèle ; les carrés, les rectangles et les triangles ne s'emboitent plus les uns dans les autres, tout ça n'a plus de sens. Alors Il a abandonné ». La conception du temps est très différente de la nôtre : la condition des personnages s'améliore - encore que…. Les progrès sont bien lents. Les Intouchables sont victimes d'autres formes d'esclavage, sujétion à un gouvernement corrompu, stérilisation systématique, retour forcé à la campagne, grands travaux imposés, etc. Surtout peut-on parler de progrès quand l'essentiel est la destinée individuelle, la sagesse que l'on peut atteindre – peut-être - à travers les heurs et malheurs de la vie. Manek devant un brasero : « Les boulets se ravivèrent quand il les éventa.
Comme ils flamboient, pensa Manek - des êtres vivants qui respirent et palpitent. Démarrant modestement, avec une chaleur modérée, puis parvenant à l'incandescence, leurs langues de feu crépitant, chaleur et passion, transformant, menaçant, dévorant. Et puis… l'apaisement. Une douce tiédeur, la soumission et, pour finir, le parfait repos »

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indispensable pour connaître les réalités de l'Inde
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