AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Françoise Adelstain (Traducteur)
EAN : 9782253150862
896 pages
Le Livre de Poche (14/05/2003)
4.36/5   1181 notes
Résumé :
A travers la vie d'un seul quartier et de son petit peuple de cour des miracles habité par des personnages venus de tous horizons , Rohinton Mistry réussit une fresque bigarrée et sensible qui est tout à la fois une parabole de la condition humaine et de l'odyssée d'une nation.

Révélation de la littérature anglo-indienne en plein essor, consacré par le succès et la critique internationale, Rohinton Mistry démontre un talent romanesque digne d'un Dicke... >Voir plus
Que lire après L'Équilibre du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (147) Voir plus Ajouter une critique
4,36

sur 1181 notes
En 1975, en Inde, dans un train, se trouvent trois personnages, Ishvar Darji, tailleur, Omprakash Darji, dit Om, tailleur lui aussi, son neveu, et Maneck Kohlah, un jeune étudiant. Une accélération impromptue du train provoque une chute des livres que transporte Maneck sur Om ; les trois personnages font ainsi connaissance. Ils se rendent compte qu'ils vont exactement au même endroit, chez Mrs Dina Dalal. Les tailleurs vont y travailler car elle vient de créer une petite entreprise de couture, tandis que Maneck sera un hôte payant. En effet, Dina, malgré un frère riche et prospère, manque d'argent et veut conserver son indépendance. Ensuite, on va remonter le temps dans les premières années de l'indépendance de l'Inde, à la fin des années quarante et au début des années cinquante, pour observer les jeunes années de Dina en ville ainsi que celles d'Ishvar, dans un village pauvre à l'écart des métropoles. ● C'est une fresque fascinante, très romanesque et aussi très réaliste, qui porte à la fois sur un pays et sur trois familles : les Darji, les Schroff-Dalal et les Kohlah. On y voit combien le système des castes, au moins dans les campagnes, autorisait tous les abus de pouvoir des hautes castes, sous prétexte de l'« équilibre du monde » : une place pour chacun et chacun à sa place. ● Mais « l'équilibre » du titre reçoit d'autres définitions dans le roman, comme : « ‘ Il faut parfois utiliser ses échecs comme marchepieds vers le succès. Maintenir un bon équilibre entre l'espoir et le désespoir. ' Il s'arrêta, considérant ce qu'il venait de dire. ‘ Oui, répéta-t-il. Au bout du compte, tout est une question d'équilibre.' » ● On se rend compte aussi de l'autoritarisme du régime indien sous le gouvernement d'Indira Gandhi (dont j'avais pourtant une image plutôt positive), et tout spécialement sous l'état d'urgence et le « MSI » (Maintien de la Sécurité Intérieure) des années 1975-1977, qu'elle décréta pour être en mesure de conserver le pouvoir. Cet état d'urgence a autorisé tous les abus, toutes les corruptions, toutes les violences. ● La première ministre est ridiculisée dans les meetings qu'elle tient en forçant des milliers de pauvres hères à y assister pour faire nombre. ● le roman montre avec brio la vie des « gens ordinaires » broyée à la fois par les hautes castes et par le gouvernement, la police et tous leurs affidés. C'est ainsi par exemple que sous prétexte de limiter la population, des stérilisations forcées furent réalisées à grande échelle, ou encore, sous prétexte de l'embellissement des villes, on démolit les bidonvilles à tour de bras et sans préavis, jetant leurs habitants dans la rue du jour au lendemain. « Tu ne comprends donc pas ? Pour eux, nous sommes moins que des animaux. » ● Une ironie féroce est parfois utilisée par l'auteur : « Certaines blessures sont si banales que ça ne marche plus. Par exemple, arracher les yeux d'un bébé ne rapporte plus automatiquement d'argent. Des mendiants aveugles, il y en a partout. Mais aveugle, avec les orbites vides, des trous à la place des yeux et un nez coupé – pour ça, n'importe qui paye. Les maladies aussi, c'est pas mal. Une grosse tumeur sur le cou ou la figure, d'où suinte du pus jaune, ça marche très bien. » ● J'ai appris beaucoup de choses que j'ignorais sur cette période dans ce pays. Mais le livre n'est pas didactique, c'est un vrai roman, d'une ampleur et d'une flamboyance magnifiques. On ne voit pas passer les 880 pages, on ne s'ennuie pas une seconde, car l'auteur est un conteur hors pair. Il donne d'ailleurs une sorte de définition du récit : « Veillait-il à agencer les événements spécialement pour elle ? [Maneck raconte sa vie à sa mère.] Peut-être pas – peut-être que le fait même de raconter créait un dessin naturel. Peut-être les êtres humains possédaient-ils ce don de mettre de l'ordre dans leurs existences désordonnées. » ● Les personnages, fort bien décrits, complexes, riches, sont extrêmement attachants, y compris les personnages secondaires, comme le mendiant Shankar, le Maître des mendiants, Ibrahim le collecteur de loyers ou encore les parents de Maneck. ● C'est aussi une réflexion sur la précarité de la vie, sur l'impossibilité du bonheur qui pourtant n'empêche pas de rester au moins fataliste dans l'adversité. « La vie ne garantit pas le bonheur. […] Tout finit mal. C'est la loi de l'univers. […] En ce qui concerne les êtres humains, les seuls sentiments valables qu'ils puissent nous inspirer sont l'étonnement, pour leur capacité à supporter l'adversité, et la tristesse, car ils n'ont rien à espérer. » Car Dieu nous a abandonnés : « Maintenant je préfère croire que Dieu est un géant qui fabriquait un patchwork. Avec une infinité de motifs. Et le patchwork a tellement grandi qu'on ne peut plus discerner le modèle ; les carrés, les rectangles et les triangles ne s'emboîtent plus les uns dans les autres, tout ça n'a plus de sens. Alors Il a abandonné. » ● de plus, cet ouvrage est particulièrement bien traduit. ● Je remercie l'ami babeliote @traversay qui m'a recommandé ce livre superbe, qu'à mon tour je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          6125
L'équilibre du monde nous emmène au coeur de l'Inde des années cinquante, secouée par de violents conflits internes : système de castes toujours présent dans de nombreuses régions, mouvements séparatistes, affrontements entre hindous et musulmans, mise en place de l'état d'urgence.

Au milieu de ce tourbillon, quatre personnages vont bon gré mal gré devoir vivre ensemble pour garder quelques lambeaux de dignité : Dina Dalal, destinée à des études de médecine jusqu'à la mort de son père, et la prise en charge de la famille par son frère, qui la destine à un rôle d'esclave domestique, ou à devenir rapidement l'épouse d'un de ses amis. Elle parvient tout de même à conserver son indépendance, au prix d'un travail acharné ; Maneck, qui vient des montagnes, et a été envoyé à l'université par ses parents, inquiets par la soudaine modernisation de tout le pays, et qui ont bien du mal à s'adapter aux nouvelles règles du jeu ; Et enfin Ishvar et Omprakash, les deux personnages les plus poignants du récit. le père d'Ishvar fait partie de la classe des Intouchables, destiné à travailler le cuir, et a l'interdiction formelle de toucher à quoi que ce soit des plus hautes classes, sous peine de le souiller définitivement. Après une énième injustice, il décide de faire l'inconcevable : ses fils ne travailleront pas le cuir, mais seront tailleurs. Cette transgression aux lois ancestrales lui coûtera toutefois très cher.

Avec l'instauration de l'état de l'état d'urgence, les choses se compliquent encore pour le quatuor. La police a désormais le pouvoir d'arrêter n'importe qui sans procès, et se vend dès lors au plus offrant. Les rafles dans la rue se font de plus en plus nombreuses : pour former des assemblées importantes lors des discours du Premier ministre, pour s'approvisionner en main-d'oeuvre bon marché ou pour des campagnes de stérilisation forcée.

Le récit est dur : si les quatre héros parviennent de temps à autre à être heureux, on sent bien que ce bonheur est précaire, et qu'ils peuvent se retrouver à la rue sans ressource en un rien de temps. Pire encore, il n'y a pas vraiment d'échappatoire : à l'encontre de tout ce qu'on ressent d'habitude quand les héros de roman sont oppressés, on a envie ici qu'ils plient encore plus l'échine, plus vite, sans discuter, pour s'éviter des ennuis futurs.
Commenter  J’apprécie          670
Ecrivain à succès dont j'ignorais jusqu'alors l'existence, Rohinton Mistry est un auteur canadien, originaire de l'Inde, qui mérite toute mon attention. C'est en me “promenant” dans une librairie, que j'ai découvert, par hasard, le romancier. La première de couverture de son troisième roman, l'Equilibre du monde (1996), édité en Livre de poche, a suscité toute ma curiosité.

La couverture est pleine de couleurs. du jaune, du vert, du rouge… des couleurs vives. Mes pupilles sont exaltées. La rue est peuplée de monde, tous s'affairent à leurs activités. Je devine l'Inde grâce aux saris portés par deux femmes. Par une telle présentation, j'imagine une histoire aussi colorée et vivante que la première de couverture et me dis qu'en ces temps festifs (le soleil, l'été, les vacances) il me plairait bien de lire un roman de ce type. Ce qui, par la même occasion, me permettrait peut être de découvrir l'Inde et de m' aventurer vers d'autres horizons.

A la lecture du roman, je me rends compte finalement que mes sens m'ont trompée. Disons que la première de couverture m'a trompée. L'auteur écrit à l'encre noir, pas en rouge, jaune ou vert. Il déverse sur le papier pauvreté, misère, corruption, violence… autant de tâches qui noircissent la page blanche, autant de tâches qui noircissent la vie, si tant est que la vie soit aussi blanche qu'une page.

Au travers de ces quatres personnages principaux- Mme Dina Dalal, Ishvar et son neveu Omprakash et enfin Maneck- et d'autres protagonistes, l'auteur nous raconte l'Inde aux cours des années 70-80. le système de caste qui perdure encore dans les villages, les crises politiques, la corruption, la violence entre communauté religieuse, la misère et la pauvreté qui sévissent alors que l'état d'urgence est décrété par Madame le Premier ministre, accusée de malhonneteté lors des dernières élections. Au prétexte de prétendus troubles intérieurs qui risqueraient de mettre à mal la sécurité du pays- c'est pour se maintenir au pouvoir en réalité- Madame le Premier ministre applique le MSI, décret sur le maintien de la sécurité intérieure. Ce décret installe le pays dans le chaos le plus totale.

Et comme souvent, ce sont les plus pauvres que choisit le chaos. Alors que les plus riches se satisfont de la politique gouvernementale et de l'état d'urgence, parlant d' “ordre” et de “sécurité”, désignant les salariés et les SDF de “bandes de paresseux”, les plus pauvres sont livrés à eux mêmes et tentent de survivre dans cette jungle immense qu'est devenue l'Inde. Les syndicats, les mouvements d'oppositions sont interdits. La liberté de la presse condamnée. le chômage explose. La famine accompagne. L'exploitation est de rigueur. La corruption, tel un cancer, se propage à tous les niveaux. La société est malade, profondément. Les plus pauvres sont dans la boue. Dans cette jungle, aucune branche à laquelle ils pourraient s'attacher pour fleurir. Toutes sont pourries. La Justice et l'Etat les ont abandonné… abandonnés à leur sort, le hasard, le destin disent les protagonistes alors que leur vie sont dessinées, en réalité, par un coup de crayon volontaire.

Ainsi, dans ce désordre le plus complet, le Premier ministre décide, au nom de la politique d'embellissement de la ville, de raser les bidonvilles sans se soucier de sort de ces pauvres habitants et citoyens qui déjà s'appauvrissent et subissent les changements d'ordres économiques. Et cas plus absurde, pour faire face à la surpopulation de l'Inde, elle décrète une politique de stérilisation massive dont les pauvres, comme d'habitude, sont les principales victimes. de nouveaux fonctionnaires émergent: les incitateurs, chargés de convaincre les citoyens des bienfaits de la stérilisation. Mais la population étant réticente et les fonctionnaires devant remplir leurs quotas, les dérives et catastrophes humaines apparaissent très rapidement. Très vite, l'Homme ne devient qu'une marchandise, on le vend, le mutile. On l'utilise pour remplir le quotas, pour gagner sa vie, pour avoir de quoi manger, pour survivre. Très vite l'Homme est réduit à bien peu de chose et se voit sacrifié pour des ambitions personnelles. D'humanité, il n'y en a plus et on n'y croit plus… Toute est sombre, noire, vide, sans espoir.

Mais à cette noirceur, nos quatres personnages, si attachants, apportent un peu de couleurs vives. Par le jeu du hasard (si l'on croit au hasard), leurs chemins se rencontrent et se tissent entre eux une réelle amitié. La maison de Dina Delal, où ils habiteront tous, illumine de bonheur, de sourires, de rires au milieux de tracas et du chaos qui, dehors, assombrit tout sur son passage. L'humanité, par la solidarité et l'amour, brille de plus belle. Mais la lumière, bien qu'intense, n'est que temporaire… le chaos les conduisant en effet vite à l'ombre.
Où est l'équilibre dans ce monde? Y'en a-t-il d'équilibre? Si il y en a, celui là n'est-il pas fragile? Il a suffit d'une loi, d'un décret pour plonger l'Inde dans le chaos et la violence. Il suffit de bien peu pour que la lumière vire à l'ombre. Un coup de main sur la lampe, un léger vent, un petit changement… et le cours de nos vies se voit modifié. Comment faire pour revenir à la lumière? Comment faire pour équilibrer le monde si celui-ci se penche plus sur un côté que l'autre? L'espoir dans le désespoir semble nous expliquer l'auteur. L'amour dans la haine. La douceur dans l'horreur. La paix dans la violence. La joie dans la tristesse…

L'équilibre du monde est un roman dense, riche, émouvant et drôle quelques fois. Les personnages sont si touchants que l'on s'y attache au point de ne leur souhaiter aucun malheur. Et pourtant… Et pourtant, c'est avec tristesse que nous avons à les quitter à la dernière page. L'équilibre du monde est un de ces romans que je conseillerais au plus grand nombre….
Commenter  J’apprécie          532
En Inde, dans les années cinquante. Dina est une jeune fille indépendante. Avant son mariage, de courte durée, puis pendant son veuvage : "si elle désapprenait à vivre seule, un jour elle le paierait cher". Pour survivre, elle emploie deux tailleurs Om et Ishram. Et loge Maneck, le fils d'une amie, étudiant. Om et Ishram, issus de la caste des cordonniers ont échappé à cette destinée par la volonté du père d'Ishram, refusant d'offrir à ses fils cette vie de misère et d'humiliation . Ishram s'en sort mais son frère payera de sa vie son insistance pour faire appliquer la loi qui l'autorise à voter. de sa vie et de celle de toute de famille, à l'exception de son fils Om alors absent. Oncle et neveu tentent leur chance dans une grande ville. Et sont embauchés chez Dina. Les conditions de vie des deux hommes sont épouvantables, et le malheur les poursuit sans relâche. Cependant des liens vont se tisser dans la petite communauté hébergée par Dina, renforcés par les difficultés qu'elle même rencontre pour survivre.

Plongé en plein coeur de cette survie quotidienne des miséreux, alors l'abolition du système des castes n'existe que dans les textes des lois, le lecteur est happé par l'exposé réaliste des absurdités de cette société. Totalement enchaînés par des coutumes ancestrales, peu ont la volonté et la lucidité de se révolter pour s'en sortir, d'où le risque de simplement de faire éliminer. le maintien des profondes inégalités n'est pas uniquement le fait des privilégiés : on le ressent dans le roman dans les attitudes de soumission des deux tailleurs qui sont sensées être celle de leur caste.

L'exposé des conditions de vie des mendiants, dont la perte d'autonomie les font entrer dans un système pourri de protection payante est odieux. À l'époque où se déroule les faits, le gouvernement a de plus lancé une grande entreprise d'"embellissement" de la ville, c'est à dire de destruction des bidonvilles et de réquisitions de sans abris pour des travaux forcés inhumains. Et c'est la tout le problème, la valeur de la vie humaine semble être extrêmement aléatoire, et marchandable pour le profit de quelques-uns.

Magnifique récit témoignant des conditions de vie aberrantes dans ce pays à la dérive, pour lequel on se demande par quel miracle ou quel drame les choses pourraient changer
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          611

Une fresque de l'Inde des années 1970, vue à travers le peuple.
Quelques personnages dont on suit les heurts et malheurs : Dina, jeune femme qui aurait dû avoir un avenir souriant mais que la mort de son père puis de son mari obligé à gagner sa vie comme elle peut. Les tailleurs Ishvar et Om qui travaillent pour elle. L'étudiant Maneck qui ne supporte plus sa résidence universitaire et s'installe chez elle comme hôte payant, le mendiant Shankar…. Et bien d'autres qui gravitent autour de ceux ci. Certaines des parties sont consacrées à l'histoire d'un personnage.

Le quotidien est souvent sordide, outre la faim jamais très loin, il y a la saleté, les vers, les cafards, la distribution d'eau intermittente. Également les relations entre les castes et particulièrement envers les intouchables totalement à la merci de la méchanceté des classes supérieures qui considèrent avoir droit de vie et de mort sur eux. Mendiants ramassés dans la rue et emmenés loin pour travailler contre un logement inconfortable et une maigre pitance.L'administration bien sûr corrompue qui échange droits contre stérilisation ou fait pire encore...

Et au dessus de tout cela la figure du premier ministre, jamais désignée nommément, Indira Gandhi. Il me semble qu'elle bénéficie en Occident d'une image assez positive , mais ce n'est pas le cas sous la plume de Rohinton Mistry. Légèrement ridicule, autoritaire, elle se déplace dans les campagnes pour prononcer de longs discours sur ses efforts en faveur des plus pauvres mais ses meetings ne déplacent les foules que parce que des rabatteurs viennent dans les bidonvilles promettre nourriture et argent à ceux qui montent dans les bus. Promesse même pas correctement tenue. Culte de la personnalité digne d'autres pays considérés comme dictatures, tricherie dans les élections, état d'urgence, Indira Gandhi à bien perdu de sa valeur à mes yeux.

On est souvent entre le rire jaune et les larmes comme dans cette scène ou un homme possédant deux singes qu'il nourrit comme il peut et un chien qui doit se débrouiller seul retrouve après avoir été embarqué pour un meeting, lesdits singes dévorés par le malheureux chien qu'il essaie alors s'étrangler.

Je conseille chaleureusement ce roman dans lequel on ne s'ennuie pas un instant malgré ses 882 pages. Et si vous connaissez un livre équivalent sur l'Inde de ces trente, quarante dernières années parmi les plus pauvres, je suis preneuse. Déjà il y a les deux autres titres de Mistry Un si long voyage et surtout Une simple affaire de famille que je retiens, mais ils concernent les classes intermédiaires.
Commenter  J’apprécie          556

Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
[Ashraf] se mettait en phase avec le temps, ce grand tourmenteur.
"C'est une chose étrange. Du vivant de ma Mumtaz, je restais seul toute la journée, à coudre ou à lire. Et elle, de son côté, était occupée à faire la cuisine, le ménage, et à prier. Mais la solitude n'existait pas, les jours passaient aisément. Savoir qu'elle était là me suffisait. Et maintenant elle me manque tant. Il est impossible de se fier au temps - quand je veux qu'il file, les heures se collent à moi comme de la glu. Et il a un caractère changeant. Le temps est le fil qui ligote nos vies en paquets d'années et de mois. Ou un élastique qui s'étire selon le bon vouloir de notre imagination. Le temps peut être un joli ruban qui orne les cheveux d'une petite fille. Ou les rides sur un visage, ou celui qui vous vole le teint et les cheveux de votre jeunesse." Il soupira et sourit tristement. "Mais pour finir, le temps est un noeud coulant passé autour du cou, qui vous étrangle lentement."
Commenter  J’apprécie          310
Les discours débordaient de promesses de tous ordres et de toutes dimensions : écoles neuves, eau potable, assistante médicale ; terres pour les paysans qui n'en avaient pas, au moyen de la redistribution et de l'application plus stricte de la loi sur le plafonnement de la terre ; promesses d'une législation puissante pour punir toute discrimination et tout harcèlement des basses castes par les hautes castes ; promesses d'abolir le travail à la chaîne, le travail des enfants, le sati, le système des dots, le mariage des enfants.

« Il doit y avoir des tas de lois en double dans notre pays, dit Dukhi. À chaque élection, ils parlent de voter les mêmes que celles qu'ils ont votées vingt ans auparavant. Quelqu'un devrait leur rappeler qu'ils doivent les faire appliquer. »
Commenter  J’apprécie          270
Maintenant je préfère croire que Dieu est un géant qui fabriquait un patchwork. Avec une infinité de motif. Et le patchwork a tellement grandi qu'on ne peut plus discerner le modèle ; les carrés, les triangles et les rectangles ne s'emboitent plus les une dans les autres, tout ça n'a plus de sens. Alors Il a abandonné .
Commenter  J’apprécie          520
Om monta sur le trottoir, son vélo à la main. Le guidon était tordu et les garde-boue raclaient encore plus résolument qu'avant. Il épousseta son pantalon, examina les taches de graisse sur les revers.
« Combien vous a-t-il donné ? demanda quelqu'un.
— Cinquante roupies.
— Vous vous êtes relevé trop vite. » L'homme hocha la tête d'un air réprobateur. « Il ne faut jamais se relever trop vite. Il faut rester par terre et pousser des gémissements, des grognements. Réclamer un docteur, réclamer une ambulance, hurler, pleurer, n'importe quoi. Dans un cas comme ça, on peut se faire au moins deux cents roupies. »
Il parlait en professionnel ; son bras tordu pendant à son côté en témoignait.
Commenter  J’apprécie          230
Pandit Lalluram n'était pas n'importe quel Brahmane, c'était un Brahmane Chit-Pavan – un descendant des purs parmi les purs, des gardiens de la Connaissance Sacrée. Ni chef du village, ni fonctionnaire du gouvernement, il n'en méritait pas moins, disaient ses pairs, par son âge, son sens de la justice et cette Connaissance Sacrée enfermée à l'intérieur de son crâne luisant, leur respect inconditionnel.

Toutes sortes de querelles, à propos de la terre, de l'eau ou des animaux, aboutissaient devant lui, pour arbitrage. Les disputes familiales, concernant des brus désobéissantes, des épouses têtues et des maris volages, étaient également de sa juridiction. Ses pouvoirs étaient incontestables, chacun repartait satisfait : la victime, avec l'illusion d'avoir obtenu justice ; le coupable, libre d'agir comme avant.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Rohinton Mistry (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rohinton Mistry
Bombay, 1921.
Perveen Mistry travaille dans le cabinet d'avocats de son père, devenant la toute première femme avocate en Inde. Un statut qui ne manque pas de faire débat, alors que seuls les hommes sont autorisés à plaider au tribunal… Mais quand un meurtre est commis dans une riche maison musulmane pratiquant la purdah (séparation stricte des femmes et des hommes), elle est la seule à pouvoir mener l'enquête.
Faisal Mukri a été retrouvé poignardé à Malabar Hill, chez son ancien employeur, Omar Farid, un riche marchand, lui-même décédé quelques semaines auparavant. Les potentielles témoins du crime sont ses trois veuves, vivant recluses dans une partie de la maison interdite aux hommes. Perveen arrivera-t-elle à comprendre ce qui s'est réellement passé ?
Une enquête passionnante, qui nous plonge au coeur de la société indienne du début du XXe siècle et de la place qu'y occupent les femmes.
« PERVEEN MISTRY A TOUT POUR PLAIRE, DONT UNE PROPENSION RÉSOLUMENT BIENVENUE À SE FOURRER DANS LES AFFAIRES DES AUTRES. UN VÉRITABLE PAGE-TURNER ! » The Globe and Mail

Le 14 janvier dans toutes les librairies et aussi sur :
- Site Leduc.s : https://www.editionsleduc.com/produit/2070/9782368124321/les-veuves-de-malabar-hill
- Amazon : https://www.amazon.fr/Veuves-Malabar-Hill-Sujata-Massey/dp/2368124942/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&keywords=9782368124949&qid=1578501164&sr=8-1
Fnac : https://livre.fnac.com/a13914689/Sujata-Massey-Les-veuves-de-Malabar-Hill#omnsearchpos=1
Retrouvez-nous sur : - Facebook : https://fr-fr.facebook.com/Editions.charleston/ - Instagram : https://www.instagram.com/lillycharleston/
+ Lire la suite
autres livres classés : indeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (3202) Voir plus



Quiz Voir plus

Le textile en s'amusant

Savez-vous quelle est la plus ancienne fibre textile dérivée du pétrole ? Indice : cette matière a rapidement pris sa place dans l'histoire du vêtement féminin.

le nylon
le feutre
le ramie

10 questions
147 lecteurs ont répondu
Thèmes : textile , Textiles et tissus , industrie , plantations de coton , culture générale , vêtements , habillement , détente , maillot de bain , laine , humour , Chanvre , confection , Fibres textiles , laine , grande-bretagne , histoire , indeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..