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Après avoir découvert l'auteur avec son roman "Eltonsbrody", je n'ai eu qu'une envie c'est de lire son autre roman.

Voilà donc un petit ovni littéraire et quel bonheur !
Car oui, les personnages de ce roman sont pour le moins loufoques, intriguants, bizarres, uniques, voire effrayants et dérangeants.

Nous sommes ici dans le petit village de Middenshot et nous faisons connaissance avec ses habitants notamment la famille Jarrow. le père a littéralement perdu la raison et pense sa femme morte, alors qu'elle est bien vivante, présente à ses côtés, mais il ne lui parle que par séances de spiritisme organisée par la complicité de la mère et de la fille Grace.

Puis il y a Mr Holme, ancien policier et veuf, obsédé par son jardin, ses serres et sa collection d'orchidées.

Ce petit monde, avec ces bizarreries mais finalement sa monotonie quotidienne, va être ébranlé par une série de meurtres atroces.

Avec intelligence et originalité, Edgar Mittelholzer nous invite à réfléchir sur le mal présent dans nos sociétés, sur la violence, notre rapport avec elle et de quelle manière nous en défère.

Écrit en 1952, on sent encore très présent chez l'auteur le choc qu'a été la seconde guerre mondiale.
Les personnages excentriques nous interrogent sur les racines du mal, est-il inné/acquis ? Peut-on l'annihiler ? Par quelle méthode ? faire justice soi-même par exemple ?
Quel serait un "bon" individu pour une "bonne" société.
Certains des habitants de Middenshot ont un avis bien tranché sur ces questions et sur l'eugénisme, et nous amène à se poser ces questions.

Cette lecture déroutante est une réussite pour moi, aussi bien sur le propos que sur l'écriture et l'ambiance qui s'y dégage !

A DÉCOUVRIR !!

Ce qui est certain également, c'est que je vais très vite me procurer les autres publications du Typhon dans cette collection
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Il vente à Middenshot, du souffle tempétueux des ténèbres. Il y neige à gros flocons, qui recouvrent le village de plumes et de « débris de petites fées déchiquetées ». Quand ce n'est pas le brouillard qui l'enveloppe de ses tentacules opaques.
Middenshot est bercé par une atmosphère définitivement mystérieuse, angoissante à la nuit tombée, qui remplit d'effroi ceux qui y vivent et angoissent ceux qui s'en approchent ; des visiteurs empruntant l'oppressant terrain communal aux lecteurs suivant les métaphores atmosphériques et les allégories des éléments. Qui ; si le dense brouillard, l'épaisse couche de neige, le vent tumultueux, obscurcissent l'âme des personnages, éclaircissent cependant l'esprit du lecteur par leur fréquence et la composition transparente du récit sur lesquelles elle repose. Middenshot est le théâtre d'un conte noir dont il renferme tous les codes. Un conte effroyable. Angoissant. Peuplé d'habitants tout aussi terrifiants, personnages atypiques, parangons d'épouvantes.
Mais on dit qu'à Middenshot, « tout n'est qu'illusion ». Car, à bien y regarder, ces personnages caricaturaux, ces archétypes, revêtent un caractère burlesque tant ils sont prévisibles, tant leurs propos et leurs actions sont parfois grotesques. Il y aurait de l'absurde derrière l'épouvante, une comédie derrière la tragédie ? L'auteur nous le dit, à Middenshot, tout n'est que « rêverie et tromperie », où circule un proverbe bien connu ; « chaque esprit devient son propre miroir ». Alors, que se cache-t-il derrière le miroir, derrière cette brume, derrière ce rideau de neige ? Derrière cette poésie de l'horreur ?
Quelles fonctions remplissent ces métaphores si limpides, cette composition du récit si évidente, si ce n'est de se jouer du lecteur à mesure qu'il piège les personnages, pris dans un brouillard de dialogues et de faits, enseveli sous une couche épaisse de figures de styles et de poésie. Poussé par un vent tempétueux à décrypter l'implicite, qui devra s'enfoncer dans la neige, suivant les traces laissées par l'auteur, traverser la brume des mots pour comprendre le message transmis par l'auteur. Pour saisir la dimension philosophique du roman et identifier la réelle épouvante qui menaça non pas Middenshot, mais le monde dans son intégralité. Car, si à Middenshot « tout n'est qu'illusion », l'auteur nous avertit. « Tout n'est que désillusion. »
« le temps qu'il fait à Middenshot » est une comédie noire, terrifiante et jubilatoire, portée par une atmosphère envoûtante. Un texte à plusieurs niveaux de lecture, écrit en 1952, dont le récit, en apparence simpliste et évident porte en lui une problématique profonde sur le Bien et le Mal faisant écho à la douleur des âmes perdues de l'après-guerre. Un texte inclassable, décalé, qui vous fera tant frissonner de bonheur tant que rire d'effroi. Tout en alliant la légèreté d'un flocon de neige à la densité d'un brouillard opaque.

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Avant de vous parler du roman, j'aimerais vous dire quelques mots sur l'auteur. Edgar Mittelholzer est né en Guyane Britannique au début du XXe siècle, d'une mère martiniquaise et d'un père suisse-allemand. Rejeté par ses parents à cause de sa couleur de peau ( le plus foncé de la fraterie), il se tourne vers l'écriture. Mais son premier roman ne verra finalement pas le jour à cause d'un bombardement de l'entrepôt stockant les exemplaires. Mobilisé lors de la seconde guerre mondiale, il fera de nombreuses dépressions qui l'obligeront à quitter l'armée. le succès littéraire arrivera dans les années 50 grâce à un homme, Leonard Woolf, mari de Virginia. Mais ses vieux démons vont le rattraper et il mettra fin à ses jours en s'immolant en 1965.

Le temps qu'il fait à Middenshot a été écrit en 1952, dans un monde d'après-guerre où les horreurs des camps et de la Shoah sont toujours présentes dans les esprits. Qu'est-ce que le bien ? Quel est la limite entre le bien et le mal? Comment se débarrasser du mal ? Et la justice ?
Des questionnements qui ne nous quitterons pas tout au long du roman.

le Vent, le brouillard, La neige. Trois éléments pour trois parties qui lèveront peu à peu le voile sur les désirs des habitants de Middenshot, une bourgade anglaise.
Dans la famille Jarrow, je vous présente le père. Persuadé que sa femme est morte depuis dix sept ans(alors qu'elle est à côté de lui), il ne communique avec à elle que par des séances de spiritisme animées par sa fille. Cette dernière, une (presque) vieille fille subit jour après jour les folies paternelles et sa passion du macabre sans jamais oser le contredire et intervenir. Mais depuis quelques temps son intérêt se porte de plus en plus sur son voisin, Mr Holme. le quinquagénaire, veuf et passionné d'horticulture, n'est quant à lui, pas insensible aux charmes de sa jeune femme de ménage. Mais que lui arrive-t-il? Et pendant ce temps, un tueur s'est échappé de l'asile voisin, semant cadavres sur son chemin. « Allons moissonner de l'os et du sang! de l'os et du sang! de l'os et du sang ! »

Un texte singulier que j'ai apprécié même s'il souffre d'un petit essoufflement vers la moitié. J'ai aimé cette atmosphère gothique qui flirte avec le réalisme fantastique, le tout soupoudré de grotesque. Une petite préférence pour ce vieux fou de Jarrow. Mais l'est-il réellement ?
D'autres personnages secondaires sont intéressants, notamment les détectives à la logorrhée bien ficellée 😆.
Si ce sont les éléments naturels qui sont convoqués c'est bien de nature humaine qu'il s'agit. Alors y plongerez-vous à votre tour ?
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Le temps qu'il fait à Middenshot ? Il fait gris. Ni blanc ni noir. Je ne sais pas trancher. J'ai aimé certains aspects comme la folie du paternel qui en fait un personnage atypique et attachant mais tout autour cela m'a moins intéressé. L'histoire ne décolle jamais vraiment et tourne un peu rond. Elle est prétexte à quelques réflexions sans doute personnelle à l'auteur pas dénuées d'intérêt, mais ce n'est pas forcément ce que j'étais venue lire.
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Le mois de juillet devait me permettre de voyager en Angleterre selon le challenge @ayearinengland2021 . Mais j'ai surtout voyagé dans le Berkshire, d'abord avec "l'enfant de l'étranger" de Hollinghurst puis avec ce récit en trois parties d'Edgar Mittelholzer. On peut saluer le travail éditorial de @leseditionsdutyphon : c'est un très bel objet-livre. Les trois parties du roman, "le vent", "le brouillard", "la neige" sont séparées avant même qu'on ait ouvert le livre par les illustrations en pleine page sur fond noir. L'auteur a écrit son roman comme une pièce de théâtre en trois actes. On peut saluer la performance d'un récit polyphonique où parfois les voix des personnages se mêlent sans aucun tiret, sans indication et pourtant on n'est jamais perdu, on sait parfaitement qui dit quoi au milieu de cet enchevêtrement choral. Au-delà de l'exercice de style, #edgarmitterlholzer pastiche les romans policiers et les romances en nous introduisant dans deux maisons, celle de Mr. Jarrow qui vit avec le fantôme de son épouse et sa fille Grace, celle de M. Holme qui veut épouser Grace Jarrow et a une domestique, Hyacinthe, qui a une jolie croupe. C'est un peu ce qui m'a agacée dans ce livre d'ailleurs : la répétition des motifs, les orchidées, mais aussi les fessées, les croupes, le fait que les femmes aiment les brutes plus que les gentlemen. Hormis ce bémol, toute la réflexion sur l'eugénisme et sur la peine de mort au lendemain de la Seconde Guerre mondiale s'est révélée passionnante. Les tueurs en série rôdent à Middenshot autour des deux maisons : le Grand Exécuteur veut moissonner de l'os et du sang ! Ce roman choral est de toute façon un OVNI, une oeuvre de fiction qui ne ressemble à aucune autre.

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Le temps qu'il fait à Middenshot est un livre qui nous fait rire et trembler. Comme le précise bien la préface - d'ailleurs élégante et fluide, il est rare de trouver un tel équilibre : être sans cesse sur une ligne de crête entre la comédie noire et le polar. La dernière fois que j'ai assisté à un tel numéro d'équilibriste, c'est devant Fargo des frères Coen.
On rit parce que chaque personnage s'empêtre dans lui-même au point de devenir parfois sa propre caricature. Pour quoi ? Simplement pour se prouver à soi-même qu'on a raison même quand on a tort. Edgar Mittelholzer pointe très bien ce ridicule qui nous prend parfois quand on a peur d'abandonner une idée. Si on tient à elle, c'est parce qu'on tient par elle, nous montre Edgar Mittelholzer dans une oeuvre où l'on rit, peu rassurés !
Et l'on tremble parce que l'auteur nous fait ressentir comme personne les ambiances. le vent, le brouillard, la neige deviennent des personnages avec lesquels nos antihéros doivent composer. A la lecture du livre, ces atmosphères nous enveloppent : c'est un roman totalement immersif !
Dernier point et non des moindres, si Edgar Mittelholzer regarde, écoute, sent, décrypte si finement la nature humaine, il fait de même avec la nature. Par-là, il nous invite à un rapport moins conquérant avec elle, mais plus complice.
Riche, profonde et incroyablement amusante, cette oeuvre dévoile tout le charme et la classe de la littérature inclassable.
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Je tiens à souligner le magnifique travail éditorial des éditions Typhon : la couverture, les rabats, les pages illustrées en intérieur qui rythment les parties à coup de pluie, de neige, de brouillard...

J'ai attendu l'automne pour m'emparer de cette lecture et parfaitement rentrer dans l'ambiance opaque et grisâtre de la petite ville de Middenshot. le texte est original et propose une aération de l'esprit surprenante, par rapport aux plumes habituelles. Les personnages cocaces, comiques, et désespérément enlisés dans leurs schémas de vie ont donné vie au voisinage... et m'ont laissée parfaitement insensible aux dégâts causés par le Grand Exécutionneur.
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Un polar "expérimental" où le cozy crime flirte avec la démence.
Une petite bourgade de la province londonienne, une ambiance qui n'est pas sans rappeler le petit village de Miss Marple, tout droit sorti de l'imagination d'Agatha Christie quelques années auparavant... et des personnages qui en seraient presque des caricatures de l'absurde.
L'auteur brode une intrigue savamment organisée de sorte que chaque personnage a son arc narratif propre. le lecteur fait des sauts de puce permanents entre l'un et l'autre, jusqu'à ce que l'intrigue soit correctement ficelée.
La folie de l'auteur transparaît au travers des obsessions de ses personnages, la construction du récit, et la frontière entre fiction originale et démence créative est ténue. le lecteur ne peut en être que troublé, longue sera la réflexion amenée par cette oeuvre qui suivra la lecture de celle-ci.
Ma note : 2,75/10
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