sabelle Mity nous plonge dans les méandres de la propagande nazi, gérée et orchestrée par le visionnaire (dans tous les sens du terme possible) Goebbels, obnubilé par l'image, la distorsion de la réalité, la beauté (et les actrices !) et un Hitler fasciné par Hollywood.
Depuis l'invention de la photographie et du cinématographe, l'image a été la première récupération pour la propagande, pour influencer, pour dénoncer, pour montrer…
L'image, encore plus que le cinéma, a un impact énorme sur l'avis d'une personne.
Le parti national-socialiste a compris, avant le putsch de Munich, de la force d'une image ; Hitler posait pour des photographes officiels (déjà) pour créer une ambiance, une posture de chef ; il avait pris des cours de théâtre pour apprendre le positionnement, les gestes, etc.
Nul doute, donc, qu'à son ascension au pouvoir, et sous l'influence (néfaste mais bien pensée) de Goebbels de la mise en scène, et de la puissance du cinéma pour faire passer des messages, l'idée de la race aryenne, de la force de l'Allemagne, de la suprématie des idées nazies.
Dès 1933, certains cinéastes (Max Ophüls, les frères Siodmack ou
Billy Wilder, par exemple… puis
Fritz Lang plus tard…) et acteurs/actrices fuient le régime, refusant la mascarade ou l'opprobre (notamment les juifs). Certains autres restent (et pas que Lent Riefenstahl) et essaient de se frayer un chemin, sans trop copiner, mais la machinerie bien rodée va les englober pour créer une illusion. Goebbels nationalise la société des films allemands, et vogue la galère (oui, c'est facile, mais…)
Car là est le but : créer l'illusion d'un système, d'une population, d'une idéologie commune.
Les actrices allemandes (et des pays « aryénisés », tel la Norvège) vont en subir le prix fort, sous l'influence d'un Goebbels qui retouche les scénarios, choisit les actrices, les séduit (on se doute donc qu'elles avaient bien conscience du funeste destin qui les attendaient si elles se refusaient… compte-tenu du peu d'attrait du ministre de la Propagande… entre autres).
Que cela soit la star Zarah Leander, ou les autres (toutes aussi belles et bonnes), leurs destins vont être liées durablement au régime.
Autant la gloire sera au rendez-vous avec tous les avantages dus à leurs rangs, autant certains vont s'opposer, avec leurs moyens, et en subir les conséquences.
Cet ouvrage montre les arcanes de la propagande, les petits arrangements entre amis/ennemis, les luttes de pouvoir au sein du régime, de l'adoration malsaine de Goebbels, de l'arrivisme de certaines, du questionnement sur l'art et la dictature (ou comment lutter de l'intérieur aussi).
Reste que ces actrices ont un peu disparu après la guerre et malgré des carrières à la télévision ou en cabaret pour certaines, seuls les fans de cinéma connaissent encore leurs noms.
N'hésitez pas à aller sur une plateforme de vidéos ou sur l'INA, pour aller écouter, admirer les Zarah Leander, Marika Rökk, Sybille Schmitz, Kirsten Heiberg…
Bref, un ouvrage très intéressant pour les amateurs de cinéma et du régime.