L'infirmerie après les cours, tome 10

Je viens de me prendre une claque avec ce manga. le titre un peu niais en Français et le graphisme de la couverture laissaient penser à un shojo tout ce qu'il y a de plus classique.

Or rapidement je me suis retrouvée dans une ambiance glauque où chaque participant au "rêve" est en quête identitaire et cherche à dépasser ses traumatismes.

Le personnage principal interpelle dès le départ : garçon ? Fille ? Pourquoi dit-il être homme pour la partie haute du corps et femme pour la partie basse ? A-t-on affaire à un hermaphrodite ou est-ce lié à un blocage psychologique ? Et derrière son côté "héros" on aperçoit vite une forme de fuite, voire de lâcheté.

Un autre mystère des rêves est de deviner qui est qui, pourquoi et ce qui les motive. La mangaka balade avec brio le lecteur avec des retournements de situations. J'avais des soupçons sur la soeur de Sou, mais je ne m'imaginais pas ça.

Enfin le final est incroyable, je ne m'attendais pas DU TOUT à ça. Je pense relire la série à présent que je connais les réponses.

Au delà du côté divertissant de l'histoire fantastique il y a de véritables réflexions philosophiques derrière cette aventure intitiatique. Bien sûr il y a le rite de passage à l'âge adulte, mais pas seulement (je ne veux pas spoiler, je vous laisse voir avec la conclusion de la série).

Niveau graphismes je trouve que la qualité n'est pas aussi bonne que l'histoire une fois de plus avec cette mangaka, mais on finit par passer au dessus. Disons que si quelqu'un pouvait lui expliquer qu'en 3/4 on ne voit pas forcément dépasser d'oreille des 2 côtés, un certain nombre de dessins seraient bien meilleurs. C'est le seul bémol que je met à cette série.

Je ne lis pas de shôjo. Seulement L'infirmerie après les cours me faisait de l'oeil depuis plusieurs années, comme l'exception qui confirme la règle. Problème : le dernier tome est paru en France il y a dix ans, la série n'est plus commercialisée. J'ai enfin sauté le pas en trouvant l'intégralité des volumes en vente d'occasion. Après quelques jours de lecture, ce dont je suis certaine c'est que je ne regrette absolument pas mon achat. Si le premier chapitre ne m'a pas emballé, c'est bien parce que j'étais déconvenue de me retrouver si vite plongée dans le contexte du manga. Mais c'était un mal nécessaire pour m'immerger dans le vif du sujet et comprendre tous le enjeux de l'histoire.

On retrouve certes des codes du shôjo typique (romance et triangle amoureux, jeunes écolières aux allures de poupées, etc) ce que j'apprécie très peu, mais Setona Mizushiro a su y mêler une ambiance fantastique et onirique si particulière qu'il m'était difficile de ne pas poursuivre ma lecture. le personnage principal de Mashiro devient rapidement agaçant(e) aux yeux du lecteur, mais aussi des autres personnages de par son indécision et son attitude à la fois princier et princesse au coeur pur. Ses doutes peuvent aux premiers abords paraître stéréotypés (« Je décide d'être un homme, donc je me dois d'être viril et fort », « J'agis comme une femme, je me laisse faire par les hommes »), mais on relativise en se disant que Mashiro traverse l'adolescence et tous les questionnements essentiels que l'on rencontre tous. J'ai cru dans un premier temps qu'on aurait affaire à des clichés, mais après avoir achevé ma lecture, je comprends qu'il n'en était rien. Les personnages sont plus profonds qu'il n'y paraît, moins lisses et plus ambigus.

L'infirmerie après les cours est un manga qui aborde bien des sujets : scolarité, amour, amitié, famille, sexualité, abandon, violence, mais surtout quête de soi, de son identité, de son genre, de son orientation sexuelle. le « cours » après les cours a pour but premier et final de dépasser l'obstacle le plus encombrant de sa vie pour enfin être ce que l'on est réellement et s'accepter. Les rebondissements et révélations sont nombreux, à tel point qu'il faudrait une relecture pour voir tout ce qu'il nous a échappé la première fois. Les deux derniers tomes sont terriblement géniaux, on sent la fin toute proche et cette question qui se fait de plus en plus oppressante : que se passe-t-il de l'autre côté de la porte ? Que devient-on une fois l'examen réussi ?

Pour finir, le dessin ne m'a pas autant dérangé que lors de ma lecture du Jeu du chat et de la souris, de la même mangaka, il y a plusieurs années. Certains pointent du doigt ses erreurs à ce sujet, mais comme beaucoup je la félicite pour ses scénarios édifiants qui savent me toucher. Je referme donc mes tomes de L'infirmerie après les cours, avec la sensation d'être sortie d'un long rêve, et je m'en vais à la conquête de nouveaux mangas de Setona Mizushiro, qui jusqu'ici ne m'a jamais déçue.

...

Cette série de 10 tomes est très originale, décalée, très bien ficelée avec un scénario complexe et réfléchi. Nous passons de l'âge adulte, à la sexualité, la transsexualité (ben oui quand même), les traumatismes, le rêve, l'identité personnel... Dès la fin du premier tome, l'envie de continuer est vraiment présente pour en savoir plus sur Mashiro et ce qu'il va lui arriver.
Lien : http://www.yuya.fr/chronique..

Mashiro est un jeune homme dans toutes les apparences. Les premières pages vous le montre pourtant avoir ses menstruations. Alors Mashiro, homme ou femme ? Voilà toute la problématique du manga, choisir d'être une femme ou un homme, comment fonctionnent l'un ou comment devenir l'autre, tel est le sujet principal. Pour répondre à cette question, Mashiro est invité à faire partie de l'équipe étrange des cours à l'infirmerie. En descendant un escalier qui n'est visible que la nuit, Mashiro accède à un dortoir ou chaque lit cache un élève. Quand Mashiro s'endort, il se réveille dans un autre lycée mais montre à qui le veut tous ses secrets et sa profonde blessure. Tous les personnages sont décousus un par un, le jeu est de deviner qui se cache derrière l'armure, derrière la jeune fille gothique, derrière le trou béant en plein milieu d'un visage ou derrière le bras à la longueur inimaginable. Surprise sur suprise, on accompagne Mashiro dans son questionnement, ses doutes et son choix final. Avec lui (elle?) gravite le personnage de Kuréha, une jeune fille qui laisse voir à travers les rêves à l'infirmerie sa haine pour les hommes et sa blessure intérieure. Alors que Mashiro prend la décision de devenir homme et de protéger Kureha, c'est le personnage de So, viril au possible mais étrangement perturbé, qui bouscule et fait hésiter Mashiro dans sa quête identitaire. C'est une histoire très étrange, belle servie avec un talent assez perturbant entre un texte clair, linéaire et des dessins qui s'améliorent et qui laissent une atmosphère extremement violente physiquement comme moralement.
Lien : http://xoarum.jimdo.com/