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Critique de AnnaDulac


Quand on le voit s'avancer pour prononcer son « Discours à l'Académie suédoise », à la fois si grand et si fragile, notre coeur se serre, car nous savons bien que Patrick Modiano a, comme il le dit lui-même « des rapports difficiles avec la parole » et que « si le romancier peut raturer ses écrits », à l'oral, il n'a pas « la ressource de corriger ses hésitations. »

Pourtant, pour « quelqu'un qui a l'habitude de se taire », quelle réussite que ce discours d'une profonde humilité et en même temps d'une grande lucidité sur ce qu'est l'art du romancier.

On y apprend que le besoin d'écrire est venu à Patrick Modiano comme une revanche sur une enfance un peu mutique, (« j'appartiens à une génération qui ne laissait pas parler les enfants ») pour que les adultes « l'écoutent » enfin et « sachent ce qu'il a sur le coeur. »

C'est aussi en consultant des anciens annuaires de Paris qu'il a eu envie d'écrire ses premiers livres. Il lui suffisait d'un nom, d'un numéro de rue, et son imagination s'envolait.

Quant aux motifs de ses romans, ils sont nécessairement empruntés à son époque, dont l'Occupation, car, dit-il, on ne peut écrire dans une tour d'ivoire. Mais, même si l'écrivain est influencé par « l'air du temps », il exprime toujours « quelque chose d'intemporel. »

Elucider des épisodes de son enfance est aussi une des clés de son écriture.

Le tout est tissé d'influences littéraires, dont celle de Baudelaire, et de tous les romanciers qui ont voulu « explorer les plis sinueux des grandes capitales. »

Le plus bel hommage est celui que Patrick Modiano rend à ses lecteurs et c'est très émouvant.

Il dit que seuls les lecteurs font exister un livre, car un romancier ne peut « se lire lui-même » puisqu'il est comme un « peintre de fresques » travaillant près du plafond et sans recul ou un conducteur « roulant sur le verglas sans visibilité. »

« Oui, le lecteur en sait plus long sur un livre que son auteur lui-même. »

C'est très beau.

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