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Critique de Sarindar


Il y avait des années que le musée Jeanne d'Arc, ou ce qui en tenait lieu, plutôt vieillot, et installé dans une arrière-boutique, sur la place du Vieux-Marché, lieu du supplice infligé à la jeune femme le 30 mai 1431, n'était plus adapté et méritait de céder la place à quelque chose qui rendît mieux compte de la manière dont L Histoire peut traiter de la personne de Jeanne, en isolant d'un côté le personnage historique sur lequel les recherches continuent encore de progresser : nullement oubliée, elle a fait ces dernières années l'objet d'importants travaux qui prouvent qu'elle est loin de s'effacer de nos mémoires et qu'elle suscite toujours un grand intérêt, et en considérant comme un objet d'étude distinct tout ce qui concerne le mythe et les légendes créés autour de la Pucelle. Car il importe que Jeanne, personnage qui peut éveiller l'intérêt, ne soit pas récupérée par des courants qui veulent la réduire à un discours qu'elle n'a jamais tenu, celui du nationalisme, fabrication postérieure, et qui n'était pas son cadre d'action, puisqu'elle agissait plutôt pour un homme qu'elle estimait seul digne de porter légitimement sur sa tête la couronne de France, un roi sacré par ses soins à Reims, Charles VII, alors que cela n'était pas acquis, en raison des options prises par Charles VI et Isabeau de Bavière qui avaient préféré remettre leur héritage dans les mains d'Henry V de Lancastre, roi d'Angleterre, marié à leur fille et censé mettre un terme à la guerre franco-anglaise, commencée en 1337.
La légende autour de la bâtardise d'essence royale de Jeanne est montrée ici pour ce qu'elle vaut : une vulgaire invention pour simplifier l'histoire, un mensonge qui cache l'essentiel, les motivations de cette jeune femme qui sut conduire le roi jusqu'à Reims, mais qui ne comprit pas que ce roi avait pour objectif de refaire l'unité française franco-bourguignonne avant de relancer la guerre contre les Plantagenêts, ce qui était logique, car on ne combat pas deux ennemis à la fois, un à l'interne, les Bourguignons, et l'autre comme envahisseur, l'Anglais.
La muséographie est parfaite, qui distribue les objets et le parcours entre les deux thématiques à bien distinguer : la réalité historique et la récupération politique hypernationaliste ou la surinterprétation des Bâtardisants qui veulent que Jeanne soit un enfant naturel né des amours adultères de la reine Isabeau avec Louis d'Orléans, frère de Charles VI ou d'un autre rapprochement princier (on ne sait quoi fabriquer en ce sens) et des "survivistes" ou survivalistes qui fabriquent à Jeanne une histoire après sa mort sur le bûcher. Tout aussi invraisembable, quand on sait à quel point les Anglais avaient juré la perte de Jeanne.
Si Charles VII n'a pas fait grand-chose pour la sauver, c'est qu'il avait alors à séparer les Bourguignons des Anglais, ce qui n'était guère simple et ce qu'il devait réussir à faire en 1435.
On suivra avec intérêts les explications utiles et indispensables données, au travers d'enregistrements, par quelques grands historiens, parmi lesquels il faut citer Philippe Contamine, Olivier Bouzy, Colette Beaune.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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