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4.01/5 (sur 91 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Metz , le 07/05/1932
Mort(e) à : Paris , le 26/01/2022
Biographie :

Philippe Contamine est un historien médiéviste français, spécialiste de la guerre et de la noblesse à la fin du Moyen Âge.

Agrégé d'histoire en 1956 et docteur ès lettres en 1969, il est professeur d'histoire du Moyen Âge à l'Université de Nancy II, à l'Université de Paris X (Nanterre) puis à l'Université de Paris IV (Paris-Sorbonne) jusqu'en 2000, Directeur de la Fondation Thiers (centre de recherches humanistes) depuis 2001.

Historien, médiéviste (enseignement, recherche), Philippe Contamine a retenu comme thème de réflexion dans les années 1960 le phénomène guerre, dans sa totalité, spécialement dans la France des deux ou trois derniers siècles du Moyen Age. Partant de là, successivement ou simultanément, ses investigations ont porté sur la noblesse, la diplomatie, les finances, l'État, les différentes formes de pouvoirs, la vie privée. Il a souligné que la guerre dite de Cent Ans fut surtout une guerre de sièges et que la bataille rangée abîma dans cette guerre l'image du chevalier.
Plus récemment, Philippe Contamine a abordé le genre biographique, avec Jeanne d'Arc, tout d'abord, en signant un ouvrage de référence avec Olivier Bouzy et Xavier Hélary (Jeanne d'Arc, histoire et dictionnaire), puis en cernant, sous un angle essentiellement politique, la personne et l'action du roi Charles VII.

Il est élu en 1990 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres au fauteuil de Paul Lemerle.

Il est nommé Commandeur de la Légion d'honneur en 2021 Commandeur de l'ordre des palmes académiques, et Officier de l'Ordre des Arts et Lettres.

Il est le frère de Claude Contamine (1929).
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Bibliographie de Philippe Contamine   (33)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Charles V vint "aux affaires" dès 1356, en raison de la capture de son père Jean II le Bon à l'issue de la défaite de Poitiers [...] Lorsqu'il devint roi en 1364, le royaume de France, en vertu du traité de Calais conclu en 1360 entre Jean le Bon et Édouard III, roi d'Angleterre, se trouvait juridiquement amputé d'un tiers par rapport à ce qu'il était en 1356 : une immense principauté d'Aquitaine s'était en effet constituée, courant de Thouars à Bayonne, soit vingt-deux diocèses, au profit d'Édouard, déjà prince de Galles, fils aîné et héritier d'Édouard III.
Charles V aurait pu se résigner à cette amputation, remettre en ordre le territoire qui lui restait, être satisfait d'être resté le maître à Paris, Rouen, Orléans, Tours, Lyon, Toulouse et Montpellier. Il ne le voulut pas. Aussi s'employa-t-il à mettre en place tout un dispositif militaire, diplomatique et financier en vue d'annihiler les effets de la paix de Calais.
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À cette lente saignée, à cet effritement régulier- forme la plus courante de la désertion- s'ajoute un renouvellement accéléré du personnel : sur les 73 chefs de montre, un seul sert cinq mois de suite, cinq servent quatre mois de suite, 43 un mois (Hay du Châtelet, Du Guesclin, p. 396-402). En définitive, tout se passe comme si les institutions militaires se trouvaient largement en avance sur la réalité sociale ; alors qu'elles permettaient et prévoyaient des unités au personnel relativement stable, celui-ci, trop souvent, ne consentait pas à servir longtemps ; il n'était pas encore préparé, ni dans sa mentalité ni dans ses habitudes de vie, à la discipline d'une carrière continue, se déroulant sous un même chef, mais concevait toujours le métier des armes comme une activité à la fois familière et intermittente, marquée de départs incessants, d'absences brèves ou longues, de passages fréquents d'une compagnie à l'autre. La seconde moitié du 14e siècle vit la progressive orientation des structures militaires vers une organisation collective et permanente, alors que la plupart des combattants demeuraient au stade de l'individualisme, sinon de l'anarchie. (L'armée de la reconquête [1369-1380], page 170).
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La guerre de Cent Ans, si l’on admet la chronologie qui lui est classiquement assignée, dura cent seize ans. Certains historiens ont pu même faire commencer le conflit franco-anglais en 1294, avec la première confiscation de la Guienne par Philippe le Bel, et lui donner comme terme le traité de Picquigny de 1475, entre Édouard IV et Louis XI : il se serait alors étendu sur cent quatre-vingt-un ans. Quelles que soient les dates retenues, le premier trait de l’antagonisme franco-anglais fut son exceptionnelle longueur.
Ce n’est pas que face aux forces de guerre on ne puisse relever l’existence de pressions sociales, de tendances idéologiques et mentales et de nécessités matérielles qui poussaient à la réconciliation des deux adversaires et, d’une façon plus générale, à la paix. Tous ceux qui, dans la guerre, n’étaient que des victimes, ou des contribuables, ou des enrôlés de force – habitants des villes et du plat pays, clercs, marchands, paysans, l’immense majorité – ne pouvaient que se réjouir d’une interruption des hostilités, quel que soit le contexte politique ou diplomatique dans lequel elle se produisait.
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Lorsque commença la guerre de Cent Ans, les royaumes de France et d’Angleterre, depuis l’éclipse de l’Empire romain germanique, étaient réputés les deux États les plus puissants de l’Occident chrétien. Or le mariage d’Henri II, premier souverain Plantagenêt, avec Aliénor d’Aquitaine avait eu pour résultat que les rois d’Angleterre, ses successeurs, étaient devenus en même temps ducs d’Aquitaine ou de Guienne. Longtemps, leurs possessions continentales avaient été bien plus vastes, mais le premier des grands rois capétiens, Philippe Auguste, en avait conquis la plus grande partie. Cependant, les vaincus n’avaient pas renoncé aux provinces perdues, et les vainqueurs espéraient évincer un jour complètement du royaume leurs adversaires. Afin d’établir une paix durable, reconnue de part et d’autre, Saint Louis, par le traité de Paris de 1259, céda quelques territoires à Henri III d’Angleterre, lui reconnut la jouissance de la Guyenne, mais exigea qu’en échange cette principauté devînt ou redevînt un fief dont le possesseur devrait prêter hommage au roi de France.
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Chevalier désargenté, le troubadour Bertran de Born, né en 1140, célèbre la guerre.
(...)
"Il me plaît quand les éclaireurs
Font fuir les gens avec leurs biens
Et me plaît de voir après eux
Nombreux guerriers de front venir.
Me plaît en mon courage
De voir châteaux forts assiégés,
Remparts rompus et effondrés
Et l'armée au rivage
Tant à l'entour clos de fossés
Avec solides pieux serrés. (...)
"Sachez que tant ne m'a saveur
Manger ni boire ni dormir,
Que si j'entends crier : "A eux !
Des deux côtés ; partout hennir
Sous bois chevaux sans maîtres,
Et quand j'entends : "Aidez ! Aidez !
Et vois tomber par les fossés
Grands et petits sur l'herbe ;
Et vois les morts qui dans les flancs
Ont tronçons de lances et pennons.
"Barons, mettez en gage
Châteaux et villes et cités
Plutôt que de rester en paix."
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De fait, à la fin du Moyen Âge, il semble que la guerre ait pesé de tout son poids sur une chrétienté latine par ailleurs spirituellement déboussolée, inquiète, voire divisée, déchirée par de profondes rivalités politiques et sociales, économiquement affaiblie et déséquilibrée, démographiquement exsangue.
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Les effets de la guerre se firent sentir dans l'ordre démographique. Si l'on peut tenir pour négligeable une baisse éventuelle de la natalité "légitime" (combattants absents de leurs foyers),compensée d'ailleurs par un accroissement des naissances illégitimes (la fin du Moyen Age,siècle d'or des bâtards ?),la guerre, surtout dans ses batailles rangées,sa forme la plus meurtrière,entraina une surmortalité directe frappant les combattants. Elle provoqua aussi le massacre des populations civiles ,soit dans une action collective (Limoges 1370),soit par de multiples meurtres isolés. Indirectement, elle contribua à répandre les épidémies et à multiplier les morts par famine ou mauvais traitement. Cependant, si son rôle a pu être important dans le domaine français,il fut très secondaire en Angleterre. Or ce pays connut alors une dépopulation massive.: on y estime à 2 100 000 le nombre des habitants durant la première moitié du 15eme siècle,soit un recul de 40% par rapport aux années 1340. La guerre n' a pas été la cause essentielle de la crise démographique à la fin du Moyen Age: sa responsabilité est ici bien plus faible que celle des épidémies.
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Techniquement, la querelle de Guyenne était de type féodal,mais un problème plus grave s'y cachait: la notion d'état s'étant progressivement transformé et développé, du mème coup, les rapports s'étaient modifiés entre le roi de France et ses vassaux; ceux ci devaient subir une tutelle de plus en plus étroite.
Si cette évolution était de plus en plus insupportable aux plus importants d'entre eux, elle l'était encore plus pour le duc de Guyenne,roi d’Angleterre.
De plus, le roi de France tendait toujours à ramener ses différents avec son adversaire,quels qu'ils fussent à des litiges entre un vassal et son seigneur,dont il était nécessairement le seul juge.; le souverain anglais voyait sa liberté d'action réduite d’antan : il ne pouvait par exemple s'allier aux ennemis du roi de France, sans se rendre coupable ,en tant que duc de Guyenne de félonie envers son seigneur. Logiquement, il lui fallait obtenir l'indépendance totale de sa principauté,et puisque le traité de 1259 le lui interdisait formellement ,déclarer Philippe VI de Valois un usurpateur et revendiquer à sa place la couronne de France.
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Vers 1450,la France était plus unifiée qu'un siècle plus tôt. L'autorité royale,avec ses organes judiciaires,militaires,financiers,administratifs, y étaient plus fortes,le particularisme provincial en recul. Sans doute le mouvement était il largement entamé dès avant 1337,mais la longueur et l’âpreté du conflit,qui auraient pu provoquer un dislocation du pouvoir monarchique,favorisèrent et accélérèrent en fin de compte les progrès de la centralisation et la marche vers l'absolutisme.
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Azincourt porta le coup le plus rude au prestige militaire de la noblesse française. Ses pertes,eu égard aux effectifs engagés furent sévères. Le patrimoine moral qu'elle avait lentement récupéré depuis le désastre de Poitiers se trouva soudain dilapidé. Mais les conséquences politiques immédiates demeurerent limités.
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