Double Je, tome 4

Une fois en prison, tu auras tout le temps de revoir le visage de ma sœur. Ma sœur que t'as laissé mourir sans rien faire ! Tu n'auras plus qu'elle en tête. Tu vas souffrir, crois-moi... Tu vas souffrir à en crever !

-Si tu avais appelé une ambulance quand tu as remarqué que quelque chose n'allait pas, ma sœur serait encore en vie !
-Mmh mfh !
-T'as peur ?! Tu tiens tant que ça à la vie ?! Imagine ce que Kotori a ressenti, ce jour-là ! Quand elle a appelé au secours ! Quand elle a hurlé "à l'aide" !! Elle était morte de peur... Oui... Sa terreur est mille fois pire que la tienne !! Elle non plus ne voulait pas mourir !!

Au revoir, mamie, ma si précieuse mamie...

Aujourd'hui, je découvre à quel point notre pays est clément envers les assassins.

C'est quoi ce pays ?! Dans quel monde on vit ?! Comment on peut laisser des meurtriers en liberté ?!

-En procédure pénale, le principe est "non bis in idem", à savoir "pas deux fois pour la même chose". Ça signifie qu'on ne peut pas juger deux fois une personne pour les mêmes faits. Une fois la personne acquittée, elle ne peut faire de nouveau l'objet de poursuites pour ce même crime, même sous une qualification différente. Par conséquent, Manabu Gotôda ne peut plus être poursuivi.
-Mais c'est quoi ce principe ?! Mais c'est vous qui n'avez pas fait votre travail. Vous, la police, et le procureur !

Tu vas apprendre, chère Nobara, que les femmes ont le droit de blesser les hommes... Par contre, elles ne doivent jamais les déshonorer !! C'est la limite à ne pas franchir !!

Aujourd'hui, j'angoisse tellement à l'idée de voir "Nobara" disparaître des esprits... Et jouer "Kotori" me pèse, je n'en peux plus...

Pour moi aussi, le temps passe... La preuve, hier, je me suis éclatée en regardant la télé. Un fou rire, et je me sens coupable. On dirait que même moi, je commence à me détacher de ma sœur. Parfois, mes réactions me choquent. J'oublie certains détails de nos discussions passées, alors que ça ne remonte qu'à quelques années.

- Malgré tout, je pense que t'es pas assez forte, physiquement, pour y arriver.
- Yû ...
- Par contre, moi ... Si !
- Yûwa ...
- Laisse-moi le tuer à ta place.