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Critique de fanfanouche24


Découverte imprévue et réussie lors de mes pérégrinations dans ma médiathèque de cet écrivain guinéen, Tierno Monénemno…

Au centre du récit, une jeune femme,Zoubida, avec un père taiseux mais aimant… se renfermant et faisant mettre le voile à sa fille adorée, dès qu'elle aborde l'adolescence…

« Je l'ai toujours vu ainsi, en chasseur de dragons. Il était le guerrier effarouché qui prenait les autres, tous les autres, pour les ennemis à abattre. Mais je ne voulais pas un guerrier. J'avais besoin d'un père. Quelqu'un qui parle, quelqu'un qui rit, quelqu'un qui aime. Il nous aimait, nous n'en doutions pas, mais à sa manière, c'est-à-dire de loin, dans le réduit du silence. Ses mots étaient aussi rares et ses gestes aussi sobres que ceux d'un étranger de passage. » (p. 139)

Zoubida , dans un pays où les femmes n'ont aucun droit de cité, soumises aux diktats masculins, va subir de plein fouet toutes ces maltraitances…La catastrophe survient , puisqu'elle a osé avoir un bébé hors mariage, avec en plus un européen, un breton, fils d'un colonel, Loïc, qui , même si il éprouve des sentiments à son égard, ne veut surtout pas d'attaches, et encore moins d'une « paternité »… ayant été traumatisé par un père despote et violent !

Zoubida veut garder son enfant… elle devra donc supporter de lourdes épreuves dont la prostitution, et les viols quasi légaux de Mounir, son proxénète « et « protecteur »…
Zoubida, fort courageuse , décide de fuir pour échapper aux violences des hommes, décidés à la punir et à la soumettre..!

« -Explique-moi !
-Que veux-tu savoir ?
-Où suis-je ? Une prison, un lupanar, un harem ?
-Tout cela à la fois !
-Et pourquoi ?
-Pour nous apprendre à vivre !
- On ne peut rien apprendre enfermé dans une cage.
-Ne me parle pas de liberté ! Les chaînes seront toujours là. Longues ou courtes, visibles ou invisibles.
-Je m'évaderai
-Ils te rattraperont. Impossible d'éviter celles que l'oeil ne peut pas voir.
-Je les briserai toutes, même celles que mon oeil ne peut pas voir.
-Avec tes songes ? »(p. 43)

Elle ne baisse pas les bras, se refuse à se soumettre à son destin de « femme souillée », rejetée… elle tuera son « tortionnaire », se retrouvera en prison, ne réalisant pas qu'elle a été condamnée à la perpétuité… Mais enfin, sur son chemin, une lumière magnifique se présentera à travers Arsane, un visiteur de prison et ses Livres ! Je ne dirai pas un mot de plus !!!

La prison sera curieusement… grâce aux livres un début de « libération » et d'ouverture des horizons pour Zoubida…

« Lis-les comme ils arrivent. N'obéis qu'à ton appétit ! Ne t'occupe point de ranger. Surtout pas de rayonnages dans ta jolie petite tête ! Laisse ça aux ébénistes et aux érudits ! Dis-toi que la littérature est un extraordinaire festin, un délicieux fourre-tout. Goûte à tous les plats, pêle-mêle selon tes goûts, selon tes envies ! Lis tout... Voltaire, Flaubert, Camus, Le Clézio, mais il n'y a pas que les Français... Pouchkine, Gogol, Soljenytsine, mais il n'y a pas que les Russes... Faulkner, Caldwell, Salinger, Roth, mais il n'y a pas que les Américains... Sassine, Achebe, Hampâte Bâ, Kourouma, Lanou Tansi mais il n'y a pas que les Africains, Maalouf, Darwich, Abû Nuwâs, mais il n'y a pas que les Arabes... Plus tu varieras les lectures, plus cette pièce s'élargira, plus ton esprit s'illuminera. Alors, tu n'habiteras plus une prison mais un ciel plein d'étoiles... »

Un style très fluide, léger, poétique que celui de cet écrivain guinéen pour raconter le sort peu enviable réservé aux femmes… les violences, humiliations courantes, qui leur sont faites … Toutefois, Zoubidane est un personnage solaire, qui adore la vie…se bat envers et contre tout… se refuse à être enfermée dans une sorte de fatalité !

Après cette première lecture appréciée, je vais poursuivre la connaissance de cet auteur, avec la lecture du « Terroriste noir » !
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