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Critique de motspourmots


Voici donc le roman le plus incroyable de l'année. Je l'ai lu en juin et il a bien failli polluer toute la suite de mon exploration de la rentrée littéraire. Déjà, pendant que je le lisais, j'avais du mal à le lâcher pour vaquer à d'autres occupations. Et depuis, il m'habite encore, au point de trouver fades bon nombre de textes (qui le sont peut-être, allez savoir). C'est un véritable tour de force, une expérience singulière, une aventure dans laquelle on s'immerge en se laissant peu à peu prendre à un effet hypnotique. Un jeu de piste redoutablement intelligent. Une mécanique qui s'empare de votre cerveau et ne vous laisse aucun répit.

Car vous n'avez plus qu'une obsession : savoir enfin qui est ce Francis Rissin dont le nom envahit petit à petit les murs des villages de la France entière sur ce qui ressemble à des affiches électorales. Il serait inutile de tenter de raconter ou de résumer l'intrigue, et puis cela gâcherait de façon certaine le plaisir du lecteur. Non, il faut entrer dans ce roman avec envie, curiosité et une totale désinhibition... Se laisser balader par l'auteur. Et ça, il sait faire. Chacune des onze parties qui constituent le récit est l'occasion d'un changement d'angle de vue, de style narratif et même de temporalité. le lecteur avance à tâtons, surpris à chaque tournant, pris parfois à contre-pied au détour d'un chapitre ou déboussolé par une perte de repère temporel. Emporté dans un tourbillon vertigineux.

Le récit est construit autour du thème de l'homme providentiel. A la fois politique, philosophique, il résonne terriblement avec l'actualité récente et interroge avec acuité l'inconscient de la France. Celle des villages, la France profonde, rurale, celle des lecteurs de la PQR dont le rôle est ici essentiel. Un territoire omniprésent et qui contribue à l'ancrage du personnage dans une réalité en opposition au fantasme qui habite peu à peu les esprits. L'auteur pousse très loin chacune des parties, utilise toutes les facettes de la création pour interroger le rapport entre fiction et réalité. C'est fichtrement bien fait.

J'ai retrouvé avec Francis Rissin la même sensation de jubilation qu'à la lecture du précédent roman de Laurent Binet, La septième fonction du langage ou d'Antoine Bello (notamment Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet ou Roman Américain). Il y a ce côté ludique suprêmement intelligent. Mais ici, l'ambition est encore plus forte et les neurones grésillent de plaisir.

Bref, pour moi c'est LA révélation de la rentrée, un premier roman qui provoque une fascination hypnotique. Alors, oubliez tout ce que vous avez lu sur les "romans les plus attendus de la Rentrée littéraire" et courrez chez votre libraire commander votre exemplaire. Après tout, vous aussi vous avez le droit de savoir qui est Francis Rissin.
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NB : pour la petite histoire, les éditions Tusitala publient surtout de la littérature traduite et pas mal d'auteurs de leur catalogue sont... morts. C'est la première fois qu'ils publient un premier roman français, d'un auteur en pleine forme (Martin Mongin a 40 ans, il est professeur de philosophie et passionné de politique ce qui lui vaut d'avoir publié quelques articles dans le Monde diplomatique). Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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