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Critique de fanfanouche24


De très vifs remerciements à Masse Critique –Littérature / Babelio ainsi qu'aux éditions Riveneuve, qui m'ont communiqué cet essai biographique sur le poète congolais Tchicaya U Tam'Si, dont je découvrais le nom pour la toute première fois…

Ce poète congolais, dont la vie ne fut surtout pas un long fleuve tranquille, nous offre une oeuvre très riche et protéiforme ; cet écrivain , originellement « poète » s'essaiera à tous les genres !
… Une enfance solitaire, avec les moqueries et les humiliations, à cause de « sa différence » : il avait un « pied-bot »…, sans parler des remous et des drames de son pays, déchiré , abîmé par le colonisation et les bouleversements politiques…

Un parcours de rébellion et d'engagement pour son pays, à travers ce
« véhicule essentiel » qu'est pour lui la poésie et l'Ecriture, en général.il fut aussi journaliste.

Son biographe, spécialiste de l'oeuvre de cet artiste, détaille, remet dans son contexte, explique magistralement chaque écrit : qu'il soit de la poésie, du théâtre, des récits, ou des romans. Parallèlement, il nous présente ses liens, ses admirations, ses réticences envers les autres écrivains de son continent, que cela soit avec Léopold Senghor ou Aimé Césaire. C'est ainsi que nous apprenons avec stupéfaction les avis partagés et les oppositions lorsque L. Senghor est nommé à L Académie Française

« Souvent en retrait dans la cour de récréation, il s'enfonce dans la solitude.
" Être interdit d'enfance, interdit de jeux d'enfance, dira-t-il plus tard, m'a poursuivi longtemps. Je ne pouvais participer à aucun jeu. (...)j'étais rejeté par les autres parce que je ne pouvais pas courir. Alors, la mauvaise saison aidant et ayant un pied qui était presque un baromètre, j'étais handicapé, je restais dans mon coin. Quand on est seul, ou on est fou ou on est poète...Alors je suis devenu poète ." Non seulement il le devient, mais mieux: les camarades, par dérision ou par méchanceté, le surnomment " le poète ".Il joue le jeu: oui, il est poète. »

Je vais tenter de transcrire les principales balises de son parcours et des évènements , l'ayant construit….

1931 : Naissance ; entre une mère, princesse de son clan, un père, Jean-Félix Tchicaya, « écrivain » dans l'administration coloniale, puis instituteur, ensuite s'engageant en politique…, un oncle guérisseur, un autre rétameur….
1943 : le 1er élève en Afrique équatoriale à intégrer une école européenne
1945 : 1éres élections au Congo. Les Territoires d'Outremer obtiennent des députés à l'Assemblée. Son père est élu député du Gabon-Moyen-Congo
1946 -1950 : Venue en France. Etudes à Orléans et à Paris
1955 : Publie son 1er recueil de poésie « le Mauvais sang »
1956 : « Ma poésie est comme le fleuve Congo, qui charrie autant de cadavres que de jacinthes d'eau ». « Se grise de mots…. Pour éviter de se couper la gorge »
1960 : Pigiste à OCORA (*Radio-France)
23 juin 1960 : 1er gouvernement congolais, présidé par Patrice Lumumba
30 juin 1960 : Indépendance de la République congolaise
5 juillet 1960 : rupture entre le Congo et la Belgique
****Rencontre de Patrice LUMUMBA, « L'Homme le plus fascinant après mon père »
6 janvier 1961 : patrice Lumumba est assassiné
17 janvier 1961 : Mort de son père
Années 60-70-80 : Devient « Fonctionnaire international ». Continue d'écrire et de publier. ETC.

Ouvrage fourmillant de renseignements et d'informations indispensables pour comprendre la complexité du parcours humain et littéraire de Tchicaya U Tam'Si….
« "Epitomé" inspiré par la disparition de Patrice Lumumba, fait voler en éclats cette sérénité retrouvée. "Epitomée" est un recueil de la révolte, dans lequel Tchicaya U tam'si privatise le deuil de tout un continent. Dans "A Triche coeur", le poète se confondait avec le pays natal; ici il s'assimile à Lumumba, qui se confond avec le Congo. Et cette identification est double : il est le poète, la voix des sans voix, celle de tous ses compatriotes endeuillés. Il est ensuite, en sa qualité d'ancien journaliste, le messager de Lumumba.
Et ce, d'autant plus, qu'il est intrigué par une coïncidence troublante : son père meurt la même année que Patrice Lumumba, à un jour d'intervalle. Tout est signe pour un poète...
Les intellectuels africains, et ceux de la diaspora, ont vécu la disparition de Lumumba comme un séisme. dans une formule devenue célèbre, Frantz Fanon a dit ne pas "se pardonner" cette mort. Formule qui trahit le sentiment général des intellectuels du monde noir : celui de ne pas avoir su être à la hauteur du combat de Lumumba. dès sa disparition, Aimé Césaire écrit "Une saison au Congo", un tombeau à sa mémoire" (...)

Avec la mort de son père, l'assassinat de Lumumba sera la 2e tragédie de son existence, le marquant à jamais !!!

"Lumumba-rumba et frère du Christ

De même que le christ a osé s'attaquer aux pouvoirs de ce monde, de même Lumumba a défié le roi des Belges, lors de son mémorable discours de 20 juin 1960, vengeant par le verbe l'humiliation de son peuple et, partant, celle de tous les colonisés. C'est cette conscience et cette audace du nationaliste congolais qui ont séduit le poète."

Je renouvelle ma gratitude aux éditions Riveneuve, pour cette publication, m'ayant permis cette belle rencontre poétique et littéraire….lecture qui m'a aussi beaucoup appris sur la Littérature francophone et plus spécialement celle d'Afrique ; je vais me presser de découvrir son roman « Ces Fruits si doux de l'arbre à pain », sélectionné pour le prix Goncourt 1987, sans être retenu finalement.
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