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Critique de Fanfanhouari


Il y a des auteurs dont on attend impatiemment le nouveau livre.
Depuis les vies extraordinaires d'Eugène, Isabelle Monnin est entrée dans mon monde, ses mots ayant un écho troublant à mes propres pas sur le chemin de ma vie.
J 'attends donc depuis 2017 son nouveau roman comme quelqu' un d 'assoiffé attend de trouver une fontaine où boire de l' eau fraîche dans la balade de son existence.
Et voilà qu'un matin, j 'apprends que son nouveau livre sort le 11 janvier.
Je me précipite à la librairie, serrant contre moi l' excitation d'un nouveau rendez vous avec une amie pas vue depuis longtemps.
Le roman arrive à la maison et je sais que ce week-end je vais me plonger dans ses mots.
Je ne veux pas l'emmener avec moi dans le tram qui me dépose au travail, je veux le lire dans la douceur de mon foyer, dans la quiétude de mon monde, dans la lumière du matin et dans la promesse d'un nouveau jour qui se retire pour aller embrasser les étoiles.
Me voilà plonger dans la vie d'Odette, grand mère de l'auteure, et de ses silences que nous allons découvrir au fil des pages.
Isabelle Monnin convoque les fantômes de sa famille et je retrouve les miens, jamais bien loin.
Se dessine sous les phrases la cuisine d'Odette, le brouillard de novembre, les chemins qu'elle emprunte pour aller "au pain".
Je connais chaque bruit, chaque silence, chaque odeur.
Fille de l'Est de la France comme elle, la musique des expressions, du vocabulaire me parle comme à une des leurs.
Mes fantômes dansent avec les siens et Odette prend successivement le visage de ma maman dont le prénom est Odette, le visage de ma grand mère dont le prénom se termine par ette, Georgette qui dans son jardin emprunte les sabots d'Odette du livre.
Tout s'emmêle et tout devient clair.
Odette, sixième enfant de la fratrie, ma place dans la mienne et ce petit frère qu'elle aime tant qui porte le prénom de mon papa, Jean.
J'ai commencé ce livre le jour du quinzième anniversaire de son décès.
Je convoque, moi aussi, mes fantômes.
Isabelle Monnin, encore une fois, me trouble.
Sa plume si belle que je relis plusieurs fois des passages au service de la quête de son passé familial comme un besoin de respirer, sa difficulté de vivre, il me semble, qui pourtant fait d'elle une femme incroyablement vivante, ses morts si présents qui dans leur invisibilité sont partout font de ses livres un miroir à ma vie.
Isabelle Monnin rentre dans mon âme et je suis triste d'avoir terminé son livre mais heureuse d'avoir passé ces quelques heures avec elle, je suis troublée mais apaisée, je suis avec mes vivants et avec mes morts, je suis bavarde mais je suis silencieuse, je suis abîmée mais pleine d'envies.
Je suis en manque d'eux mais remplie d'eux à tout jamais.
Isabelle Monnin s'insinue dans la profondeur de nos silences et les fait parler dans une langue bouleversante, celle de notre humanité.
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