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Critique de Henri-l-oiseleur


Cette édition intégrale des Essais n'est pas faite pour le lecteur qui se dirait en passant : "Tiens, et si je lisais du Montaigne ?" le texte ne se livre pas aussi facilement et demande des efforts à qui est coutumier de l'effort de lecture. Il n'est pas écrit pour les consommateurs jouisseurs que nous sommes, à moins que nous n'ayons compris que l'effort intellectuel était récompensé de jouissances plus vives que la simple lecture passive de grande consommation. Donc, bien d'autres éditions de Montaigne sont plus adaptées, parfois : celles d'extraits scolaires (comme celle de Jacques Vassevière, qui est excellente), celle qui le "translate" en français moderne et lui ôte tout son goût, mais facilite la réception (Quarto Gallimard, André Lanly), ou encore celle qui le paraphrase à l'usage des lecteurs du Monde ("Un été avec Montaigne"). En somme, il y a autant d'éditions de Montaigne qu'il y a de catégories de lecteurs et de consommateurs.

Pour en venir à celle-ci, on dira que le texte n'a été simplifié qu'au niveau de l'orthographe : on aurait tort de manifester un respect religieux pour celle du XVI°s, qui était mouvante et variable, selon les auteurs et les éditeurs du temps. Autrement, les citations latines sont traduites sur la page même, ce qui évite d'interrompre la lecture, et la ponctuation d'origine, en revanche, a été conservée, car elle est la respiration et la rythmique du texte, de la prose de Montaigne lui-même, de son souffle en somme. Dire que la lecture en est facilitée serait mentir : les contemporains reprochaient à Montaigne son obscurité et sa façon de changer abruptement de sujet, à quoi il répondait que "l'indiligent lecteur" peut bien perdre le fil de son essai, mais non lui. Sa prose n'est pas loin du poème, et il ne faut pas nous scandaliser si nous n'y trouvons ni le confort, ni les certitudes, ni les slogans simples auxquels nous sommes habitués (comme ses contemporains engagés, comme nous, dans de féroces et simplistes batailles d'idées et d'intérêts).



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