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Citations sur Poèmes choisis, 1916-1980 (44)

IV Satura
DIRE TU


Dépistés par moi,
les critiques le répètent :
dite tu, chez moi, est une institution.
Sans cette faute de ma part ils auraient su
qu'en moi plusieurs font un, même s'ils apparaissent
multipliés par les miroirs. Le mal,
c'est que l'oiseau pris dans la palombière
ne sait plus s'il est lui ou l'un des ses trop
nombreux doubles.

p.173
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[...] c'est tout ce qu'il nous est donné de savoir sur le bonheur.
Il coûte trop cher, il n'est pas pour nous, qui le détient ne sait qu'en faire."
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MORGANE



Je ne puis imaginer que ta jeunesse
se soit prolongée
si longtemps (et quel temps !).
On m’avait accusé
d’abandonner le troupeau
comme si je me sentais
illustre, ex gregis, que sais-je encore.
Or je m’étais contenté de dire
revenons à nos moutons (foin des brebis)
mais la foule pensa
que la disgrâce d’appartenir à un multiple
était signe d’âme déformée
et de cœur sans pitié.
Hélas fille adorée, ma véritable
Reine de la Nuit, ma Cordélie,
ma Brunehilde, mon hirondelle de l’aube,
ma baby-sitter si mon cerveau s’égare,
mon épée mon bouclier,
hélas comme se perdent les pistes
que traçaient sous nos pas
les Mânes qui nous ont veillés, les plus atroces
qui aient jamais été gardiens de deux humains.
On a écrit et dit que la foi nous manquait.
Peut-être en avons-nous eu un succédané.
La foi est autre chose. Ainsi disait-on mais
il n’est pas dit que le dit soit bien sûr.
Peut-être aurait suffi celle en la Catastrophe,
mais non pour toi qui du giron des Dieux
sortais pour y faire retour.



(17 janvier 1977)
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Souvent j’ai rencontré le mal de vivre:
c’était le ruisseau étranglé qui bouillonne,
c’était la feuille desséchée qui se recroqueville,
c’était le cheval terrassé.

Du bien, je n’ai rien su, hormis le prodige
qui entrouvre la divine Indifférence:
c’était la statue dans la somnolence
de midi, et le nuage, et le faucon haut dans le ciel.
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Satura 9

Écouter était ta seule façon de voir,
La note de téléphone s'est réduite à bien peu.
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Autres vers et poésies éparses


Descendons le chemin qui dévale
parmi les ronces enchevêtrées ;
le vol d'un papillon nous guidera
face aux horizons que brisent les rivières.

Refermons derrière nous comme une porte
ces heures de doute et de nœuds dans la gorge.
De nostalgies non dites que nous importe ?
Même l'air autour de nous vole !

Et voici qu'à un détour
surgit la ligne argentée de la mer ;
nos vies anxieuses jettent encore l'ancre.
Je l'entends plonger — Adieu, sentier ! À présent
je me sens tout fleuri, est-ce d'ailes ou de voiles…

p.308
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III. La tourmente et autres textes/iv. Flashes et dédicaces
POUR UN « HOMMAGE À RIMBAUD »


Tard sortie du cocon, admirable aile
de papillon qui d'une chaire effeuilles
l'exilé de Charleville,
ne va pas le suivre en son fulgurant
vol de perdrix grise, ni laisser tomber
plumes brisées, feuilles de gardénia
sur l'asphalte, glace noire !... Ton vol
sera plus terrible porté par
ce déploiement de pollen et de soie
dans le halo de pourpre auquel tu crois,
fille du soleil, esclave de sa première
pensée, qui désormais le domines là-haut…

p.147
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Toute la foi que j’ai en toi (Ho tanta fede in te, 1980)


Toute la foi que j’ai en toi
durera
(Je t’ai un jour dit cette sottise)
Jusqu’à l’éclair d’outre-monde détruisant
L’immense dépotoir où nous vivons
Lors nous nous trouverons en je ne sais quel lieu
Si dire lieu a un sens quand l’espace
Manque, discutant tel vers controversé
Du divin poème.

Je le sais, au-delà du visible du tangible
Point de vie possible mais l’outre-vie
Est peut être l’autre face de la mort
Cachée en nous au long de tant d’années.

Toute la foi que j’ai en moi
Tu l’as ranimée sans le vouloir
Sans le savoir car ici-bas
Chaque débris de vie contient une trappe
Dont nous ne savons rien et qui peut être
Nous attendait égarés incapables
De lui donner sens.

Toute la foi que j’ai me brûle ; certes
En me voyant on me croira de cendre
Sans s’apercevoir de ma renaissance.

*

Ho tanta fede in te che durerà
(è la sciocchezza che ti dissi un giorno)
finché un lampo d’oltremondo distrugga
quell’immenso cascame in cui viviamo.
Ci troveremo allora in non so che punto
se ha un senso dire punto dove non è spazio
a discutere qualche verso controverso
del divino poema.

So che oltre il visibile e il tangibile
non è vita possibile ma l’oltrevita
è forse l’altra faccia della morte
che portammo rinchiusa in noi per anni e anni.

Ho tanta fede in me
e l’hai riaccesa tu senza volerlo
senza saperlo perché in ogni rottame
della vita di qui è un trabocchetto
di cui nulla sappiamo ed era forse
in attesa di noi spersi e incapaci
di dargli un senso.

Ho tanta fede che mi brucia; certo
chi mi vedrà dirà è un uomo di cenere
senz’accorgersi ch’era una rinascita.
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J’ai descendu, en te donnant le bras (Ho sceso, dandoti il braccio,)

J’ai descendu, en te donnant le bras, plus d’un million d’escaliers,
et maintenant que tu n’es plus là c’est le vide à chaque marche.
Même ainsi notre long voyage a été court.
Le mien dure encore, et je n’ai plus besoin
des correspondances, des réservations,
des embûches, des déboires de qui croit
que la réalité est celle qu’on voit.

J’ai descendu des millions d’escaliers en te donnant le bras,
et non parce que quatre yeux y voient sans doute mieux.
C’est avec toi que je les ai descendus, sachant que, de nous deux,
les seules vraies pupilles, malgré leur épais voile,
c’étaient les tiennes.

*

Ho sceso, dandoti il braccio, almeno un milione di scale
e ora che non ci sei è il vuoto ad ogni gradino.
Anche così è stato breve il nostro lungo viaggio.
Il mio dura tuttora, nè più mi occorrono
le coincidenze, le prenotazioni,
le trappole, gli scorni di chi crede
che la realtà sia quella che si vede.

Ho sceso milioni di scale dandoti il braccio
non già perché con quattr’occhi forse si vede di più.
Con te le ho scese perché sapevo che di noi due
le sole vere pupille, sebbene tanto offuscate,
erano le tue.

20 novembre 1967
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Sur le lac d’Orta


Les Muses se tiennent perchées
sur la balustrade
à peine un souffle de brise sur l’eau
il y a quelques arbres illustres
le magnolia le cyprès le marronnier
la vieille villa est décrépie
par une vitre cassée je vois des sofas moisis
et une table de ping-pong. Personne ne vient ici
depuis des années. Un concierge était prévu
mais on sait ce qu’il en est des prévisions.
C’est étrange l’angoisse qu’on éprouve
sur cette rive déserte sableuse herbeuse
où les saules pleurent vraiment
où stagne indécis entre la vie et la mort
un intermède sans public. C’est
une angoisse limbique toujours incertaine
entre la catastrophe et l’apothéose
d’une luxuriante décrépitude.
Si la solution du puzzle le plus torturant
était plus qu’une lubie
il serait étrange de la trouver où pas même une anguille
n’essaie de survivre. Il y a longtemps habitait ici
une famille britannique. Hélas il manque un gardien
mais ces anges (angles) ne devaient pas être assez fous
pour être gardés.
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