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Citations sur Poèmes choisis, 1916-1980 (44)

Voici le souvenir de moi que je voudrais
fixer dans votre vie :
être l'ombre fidèle qui accompagne
et ne demande rien pour elle;
l'image surgie d'une estampe mitée,
témoin oublié d'une enfance, qui recrée
l'instant de paix dans la journée fiévreuse.
Et si parfois une force inconnue
vous soutient dans un labyrinthe
d'heures brûlantes,
puissiez-vous imaginer
que vous a pris la main quelques instants
en secret,
non l'Ange des livres édifiants
mais votre ami discret!

Extrait de "Lettre levantine"
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DANS L'INHUMAIN

Il n'y a rien d'agréable
à te savoir sous terre même si l'endroit peut ressembler à l'Île des Morts avec un soupçon de Renaissance.
Cela n'a rien d'agréable d'y penser mais le pire est de voir. Quelques cyprès, des tombes de second ordre avec des fleurs artificielles, dehors un bout de parking pour d'improbables voitures et cars. Mais je sais que ces morts habitaient à deux pas, toi tu as fait exception. J'ai horreur de songer que là-dedans quelques os et deux ou trois babioles furent tout ce qu'on croyait être toi et l'étaient peut-être, atroce à dire. Sans doute dans ta hâte à t'en aller croyais-tu que le premier parti trouve la meilleure place. Mais quelle place et où? On persiste à penser avec une tête humaine alors qu'on entre dans l'inhumain.

(Extrait de "Cahier de poésie 1973-1977)
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ÉLÉGIE

Ne bouge pas.
Si tu bouges tu le brises.
Comme une grande bulle de cristal
mince
ce soir, est le monde :
il gonfle il gonfle il monte.

Qui d'entre nous
croyait en épier le rythme et le souffle?

Mieux vaut ne pas bouger.
C'est un bleu d'eau profonde
qui nous enveloppe,
en lui
pullulent formes images arabesques.
Ici pas de lune pour nous :
c'est plus loin qu'elle doit s'arrêter :
les confins du visible en écument.

Fleurs d'ombre
jamais vues, imaginées,
Vergers emprisonnés
par deux murs,
parfums entre les doigts des potagers !
Nuit sombre,
crées-tu des fantômes
ou berces-tu
dans tes bras un monde ?

Ne bouge pas.
Comme une bulle immense,
tout gonfle, tout monte.
Et toute cette fausse réalité
explosera
peut-être.
Nous, nous resterons peut-être.
Nous peut-être.
Ne bouge pas.
Si tu bouges tu le brises.

Tu pleures ?

(extrait de "Autres vers et poésies éparses") Pp. 299-300
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Le balcon

Il semblait jeu facile
de changer en néant l'espace
qui m'était ouvert, en morne
incertitude ta certitude de feu.

A présent j'ai lié à ce vide
chacun de mes motifs récents,
sur le néant ardu s'émousse
l'anxiété de t'attendre vivant.

La vie qui émet des lueurs
est la seule que toi tu perçois.
Vers elle tu te penche à cette
fenêtre qui ne s'éclaire pas.

(Les occasions)
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Il me semble impossible,
ma divine, mon tout,
qu'il reste de toi moins
que le feu rouge-verdâtre
d'une luciole hors saison.
La vérité est que même
l'incorporel
ne peut égaler ton ciel
- seules les coquilles qu'imprime le cosmos
dans leur égarement disent quelque chose
qui te regarde.

(extrait de "Autres vers et poésies éparses") - p.291
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IV satura

LE TEMPS ET LES TEMPS


Le temps n'est pas unique : plusieurs rubans
glissent, parallèles,
souvent en sens contraire et rarement
s'entrecroisent. C'est quand se révèle
la seule vérité que, dévoilée,
elle est aussitôt biffée par qui surveille
engrenages et aiguillages. Puis on replonge
dans le temps unique. Mais ce fut l'instant
où les rares vivants se sont reconnus
pour se dire, non au revoir, mais adieu.

p.191-192
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Satura - 14

On dit ma poésie
poésie d'inappartenance.
Mais elle appartenait à quelqu'un : toi,
toi qui n'es plus forme, mais essence.
On dit que la poésie à son sommet
magnifie le Tout en fuite,
on nie que la tortue
soit plus rapide que la foudre.
Toi seule savais que le mouvement
n'est pas différent de la stase,
que le vide est le plein, qu'un ciel pur
est le plus diffus des nuages.
Ainsi je comprends mieux ton long voyage,
prisonnière des bandages et du plâtre.
Et pourtant ne me laisse pas en repos
l'idée que, seul ou à deux, nous ne sommes
qu'une seule chose.

(extrait de "La Tourmente et autres textes") - p.181
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Satura. La mort de Dieu

Toutes les religions du Dieu unique
n'en font qu'une: seuls varient cuisiniers et cuissons.
Ainsi ruminai-je: pour m'interrompre quand
tu glissas vertigineusement
dans l'escalier en colimaçon de la Périgourdine
et en bas tu pouffais de rire.
Quelle bonne soirée ce fut, avec tout juste
un instant de frayeur. Le pape aussi
dit la même chose en Israël
mais s'en mordit les lèvres quand il apprit
que le Grand Marginal, s'il existe,
était périmé.
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Les occasions – II - Motets


L'âme qui dispense
forlane et rigodon à chaque nouvelle
saison de la route, s'alimente
de la passion secrète, la retrouve
à chaque angle plus intense.

Ta voix est cette âme qui plane.
Sur des fils, sur des ailes, au vent, au hasard, à
la faveur de la muse ou de quelque instrument,
elle revient joyeuse ou triste. Je parle d'autre chose
à d'autres qui t'ignorent et son dessin
est là qui insiste do ré La sol sol…

p.97
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Souvent j'ai rencontré le mal de vivre :
c'était le ruisseau étranglé qui gargouille,
c'était la feuille qui se recroqueville,
desséchée, c'était le cheval terrassé.

Du bien je n'ai rien vu, hormis le prodige
que dévoile la divine Indifférence :
c'était la statue dans la somnolence
de midi, et le nuage, et le faucon très haut qui plane.

(Os de seiche)
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