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Citations sur De sang et d'os, tome 1 : La traque (8)

La silhouette pâle et nue (il n’avait jamais rencontré un vampire qui dormait en pyjama) se balançait à la périphérie de sa vision. Quelqu’un l’avait pendu à un crochet à viande pour la journée, et la pointe de celui-ci était enfoncée dans son dos, pour ressortir sous son omoplate. Des lignes d’ichor noir coloraient sa peau blanche et gouttaient dans des casseroles disposées sous ses pieds. Ses yeux étaient ouverts, mais c’était une sorte de vigilance reptilienne, lente et froide. Il s’était gorgé. Son estomac était distendu par un trop-plein de sang, et il devait digérer avant que ce qui ressemblait à une personne puisse se réveiller.
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— J’ai l’impression d’avoir été piétiné par un cheval, déclara-t-il d’un ton rauque.

Gatlin essaya de prendre une grande inspiration, mais ne put qu’expulser un rire tremblant.

— Je n’arrive pas à reprendre mon souffle. Dieu merci, j’avais le gilet.

— Ouais, dit Took en jetant un coup d’œil à ce qui restait du bas du torse de Gatlin.

L’explosion amorcée par le fil déclencheur l’avait frappé de côté et lui avait arraché des pans entiers de chair. Du pied au genou, ses jambes étaient intactes, mais plus haut, des os blancs et brisés sortaient de sa peau réduite en bouillie au milieu des plaques rigides de tissu carbonisé où son uniforme avait fondu contre sa peau.

— Dans quel état seriez-vous sans lui ?

Gatlin lâcha un nouveau rire. Son sourire tremblotait au niveau de ses commissures, et Took pouvait voir dans ses yeux bleus vitreux qu’il y avait plus qu’un choc un peu rude qui n’allait pas chez lui. Son cerveau ne pensait tout simplement pas qu’il était temps de le mettre au courant de ce qui s’était passé.

(page 6)
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Il ne prit même pas la peine de regarder le groupe de prière en sortant de la voiture et se dirigea vers les portes principales du bureau du shérif. Le silence qui s’abattit sur le groupe de prière, et les « amen » coincés dans la gorge de tout un chacun lui signifièrent sans qu’il ait besoin d’une confirmation visuelle que son apparence avait fait son petit effet. Les gens confondaient rarement Madoc avec un être humain en civil. Dans son uniforme tactique du VINE, plus sombre que la nuit et en contraste total avec sa coloration pâle, ce qu’il était apparaissait comme une évidence.
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Il avait des menottes aux poignets et un collier en acier autour de la gorge ; des liens de fer recouverts d’argent. Quelqu’un avait également insufflé de la magie dans le métal. C’était collant et au moins aussi douloureux que du goudron brûlant lorsque Madoc tenta de faire sauter les serrures. Le bout de ses doigts se mit à gonfler et peler, et la chair à vif en dessous devint sèche à l’endroit où la malédiction l’avait touchée, jusqu’à ce qu’il finisse par voir l’os pendant qu’il s’efforçait de libérer l’homme.

Took, même si personne ne l’appelait ainsi à ce moment-là, s’accrocha à Madoc. Il avait les bras tout abîmés et l’haleine âcre. Il était brisé et ravagé. Puis il se mit à rire, un bruit fou dans cette horrible pièce, et jura qu’il avait su que Madoc viendrait pour lui.

C’était à ce moment-là que Madoc avait réalisé deux choses : qu’il tuerait lentement celui qui avait fait cela, et qu’il était amoureux de l’homme dans ses bras depuis un certain temps déjà.

Trois jours plus tard, Took lui avait fait interdire l’accès à sa chambre d’hôpital, et refusait catégoriquement de le voir ou même de lui parler.
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Elizabeth Bathory, l’un des deux seuls vampires des États-Unis dont l’arbre généalogique rabougri ne remontait pas jusqu’à Tepes lui-même, le boyard qui s’était taillé la part du lion dans cette nouvelle terre à leur arrivée, avant que les termes de l’Accord ne les réduisent à un rôle consultatif et à une salle du trône taillée dans le sel.

— Comtesse, salua Madoc en s’agenouillant devant elle.

La femme qui avait inspiré La Méchante Reine dans tous les contes de fées humains était une coquille vide enveloppée de sel. Un blindage blanc rigide se froissait et se repliait autour d’elle, le sel s’agglomérant sur les soies et les velours depuis longtemps pourris. Ce n’était plus qu’une chose brune fripée, avec des yeux blancs et secs en son cœur. Sa voix résonnait dans sa gorge tandis que des tendons en forme de bâtons se frottaient les uns contre les autres comme des pattes de grillon pour produire un son.
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Mais il n’avait jamais été à l’aise avec la façon dont il désirait Madoc, et il ne l’était toujours pas. Il avait déjà été assez difficile de travailler avec des vampires, de sortir d’une planque avec du sang noir sur ses bottes et des horreurs plein la tête, et de blaguer avec un monstre portant l’insigne. Ce n’était pas quelque chose qu’il avait appris sur les genoux de son père. Et il n’avait jamais vraiment accepté le fait de vouloir chevaucher l’un de ces morts-vivants.

Cela l’avait mis sur les nerfs à l’époque, et c’était encore le cas maintenant. C’en était presque rassurant… mais pas assez pour que Took soit à l’aise à l’idée de se branler dans la douche pendant que Madoc écoutait. Il changea la température de l’eau pour qu’elle soit glaciale. Cela n’avait pas tout à fait le même impact que lorsque son sang était au-dessus de la température ambiante, mais cela fut tout de même suffisant pour briser les espoirs de son membre.
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— Cela ne te rend pas meilleur qu’elle. Cela fait de toi quelqu’un de brisé.

Took aboya un rire des plus agressifs.

— Tu crois que je ne le sais pas ?

Malgré sa fanfaronnade, son regard se posa nerveusement sur le visage de Madoc, s’ancrant dans ses yeux, puis redescendit nerveusement. Madoc attendit avec une satisfaction calme et sinistre qu’il riposte.

Au lieu de cela, Took l’embrassa.

Madoc ne savait pas lequel d’entre eux était le plus surpris. La main de Took enserrait l’arrière de son cou et son corps compact était pressé contre le sien. C’était violent et jubilatoire.

Il aurait dû se dégager. C’était trop soudain, surtout au beau milieu de l’affaire Waring, qui divisait toujours autant, pour que ce soit autre chose qu’un acte mal avisé. S’il ne le faisait pas, il n’y aurait aucun moyen de faire marche arrière.
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Il appuya sur la gâchette. L’arme remonta contre son épaule et les balles traversèrent la route en direction de Madoc, une traînée d’éclats morcelés dans leur sillage. Il pénétra dans l’ombre où le temps s’écoulait lentement, la gerbe de balles se transformant en une projection de nectar métallique, et il se contenta de l’éviter avant de revenir dans ce monde. La crosse d’un pistolet rencontra sa mâchoire et le fit reculer. Il fut projeté dans les airs et s’écrasa sur la route. Le choc se répandit dans ses épaules et dans son dos, et lui coupa le souffle métaphoriquement parlant.

Il se remit d’instinct sur pied, juste à temps pour qu’il encaisse un coup de pied dans le ventre. L’impact fut si fort qu’il sentit les os de son bassin frotter les uns contre les autres. Cette fois, il parvint à rester debout, mais de justesse, et à éviter l’entaille d’un couteau dentelé qui l’aurait étripé.
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