Au pouvoir, à compter de 1933, Hitler n’avait guère tempéré sa rhétorique antisoviétique. Avec le temps, l’hostilité était devenue implacable ; il manquait rarement une occasion de condamner sans appel Moscou et ses agents, et de louer le rôle de l’Allemagne nazie au premier rang du combat contre le communisme. (page 40)
Le 10 mai 1940, quand les chars de Hitler finirent par entrer en France et aux Pays-Bas, il apparut au reste de l’Europe et du monde que la bataille avait commencé pour de bon, et que se préparait l’affrontement décisif qui déciderait du contrôle du continent. (page 145)
Loin d’être un simple arrangement diplomatique de plus, le pacte germano-soviétique marquait donc un complet retournement de toute la politique étrangère et idéologique de l’Union soviétique et semait un trouble profond. (page 192)
Pour l’Union soviétique, l’expansion territoriale et la propagation du communisme faisaient partie de sa raison d’être : elle avait cherché à s’étendre à l’ouest en 1920, et elle le fit avec des résultats spectaculaires en 1944-1945. (page 56)
Plus que la visite de Molotov à Berlin le mois précédent, plus que les négociations économiques parfois tourmentées, plus que la querelle continue à propos de la Finlande, la conférence danubienne marqua la première atteinte grave aux relations germano-soviétiques. (page 317)
Pour nombre de ses adeptes, le communisme pouvait se targuer de sa « supériorité morale », de ses « valeurs progressistes », de son souci du prochain et de sa défiance à l’égard de l’agression fasciste. Voir Molotov et Ribbentrop sourire ensemble au Kremlin sapa cette conviction, entacha l’image que le communisme mondial avait de lui. (pages 173-174)
D’après Molotov, l’ambition de Hitler était sans limite : « Partageons-nous le monde. » (page 305)
Un médecin bavarois résuma sans doute la pensée de beaucoup quand il écrivit : “je n’arrivais pas à y croire, que Hitler ait conclu un pacte avec les bolcheviks, avec cette même puissance qui, depuis aussi longtemps que je me souvienne, était le mal personnifié aux yeux des nazis. Je me dit que le Führer avait dû changer de nature pour oser ce coup stupéfiant au jeu d’échecs diplomatique”. Les pensées du diariste Victor klemperer furent naturellement plus sombres. “Le plus extravagant” lui sembla être les images de Ribbentrop serrant la main à Staline : “à côté, Machiavel est un innocent nourrisson”.
Le 23 août 1939, Staline but à la santé de Hitler. Même si les dictateurs ne devaient jamais se rencontrer, l'accord forgé ce jour-là allait changer le monde.
Il semble que la politique altère étrangement les souvenirs.