AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,38

sur 13 notes
5
6 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quel travail de titan a réalisé Roger Moorhouse !
Cet historien britannique s'est attaqué au pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939 par Molotov et Ribbentrop avec l'aval de Staline et Hitler et son livre, le Pacte des Diables est publié en français cette année.
En seulement vingt-deux mois, de 1939 à 1941, le sort de populations entières a été réglé avec des déportations, des tortures, des emprisonnements, des exécutions et surtout une emprise sur de plus en plus de territoires de la part de deux pays voulant se partager le monde.
Ce pacte germano-soviétique que l'auteur appelle justement le Pacte des Diables, j'en ai entendu parler, comme tout le monde, bien sûr. Il est évoqué dans les cours d'histoire mais là, l'auteur, bien traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, va au fond des choses, dissèque littéralement toute la période en s'appuyant sur une quantité impressionnante de documents cités sur plus de soixante-dix pages à la fin de l'ouvrage.
Après une introduction où Roger Moorhouse affirme que ce pacte a une importance capitale, le prologue m'a placé d'emblée au contact des deux armées à Brest, Pologne orientale, en septembre 1939. Guderian pour la Wehrmacht et Grivocheine pour l'Armée rouge s'entendent pour faire défiler leurs troupes au coeur d'un pays balayé par les appétits de deux dictateurs.
Suivent alors neuf longs chapitres ne laissant rien au hasard, parlant aussi bien de ce qui se passe au sommet que de ce que subissent les populations civiles. de plus, l'auteur n'oublie pas d'évoquer les conséquences du pacte pour les partis communistes d'Allemagne, de France, d'Espagne, de Grande-Bretagne, des États-Unis…
Les avis cités peuvent être contradictoires mais tout cela éclaire de façon précise ce qui s'est joué entre deux pays que tout opposait. Les discussions étaient ardues. Les émissaires se rencontraient soit à Moscou, soit à Berlin mais l'entente n'était que de façade. Pour Hitler, il s'agissait d'abord de récupérer des matières premières pour faire tourner une économie tournée vers la guerre. Quant à Staline, il savait que l'URSS avait besoin de machines, d'une industrialisation urgente. Les échanges ont eu lieu mais que de souffrances pour les gens du peuple !
Le cahier central de seize pages propose des photos d'archives ne montrant pas que des généraux mais aussi les gens du peuple comme cette famille polonaise déportée posant devant son « nouveau foyer » au Kazakhstan soviétique ou encore ces Juifs entassés sur une charrette par les nazis et même ces Allemands dits « de souche », Volksdeutsche, se bousculant pour monter dans un train afin d'intégrer le Reich…
À la fin du livre, avant les notes, l'auteur a publié le texte du pacte germano-soviétique ajoutant le protocole secret longtemps nié par les Russes. C'est dans cet appendice que le sort des États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) est scellé, l'URSS s'adjugeant en plus une partie de la Roumanie, la Bessarabie. Cet appétit insatiable de territoires, Hitler et Staline l'ont en commun et, chacun à sa façon, opprime les civils. L'un s'acharne sur les Juifs qui tentent de se réfugier à l'est alors que l'autre pousse le NKVD, la police secrète, à arrêter, à torturer, à déporter au goulag celles et ceux semblant ne pas être en accord complet avec le bolchevisme.
La Finlande aussi est convoitée par Staline qui voit son armée s'y enliser durant l'hiver car ce pays résiste, soutenu par la SDN (Société des nations) mais la Finlande finit par céder et signe un traité avec l'Union soviétique en mars 1940.
Quand, dans les premiers mois de 1941, Hitler masse des troupes tout le long de la frontière, de la Baltique à la Mer Noire, Staline refuse tous les avertissements qui lui sont donnés. Son pays paiera très cher son aveuglement quand, le 22 juin 1941, à 3 h 15, l'assaut est donné sur 1 300 km avec une pluie de bombes, trois millions d'hommes, des milliers de chars et d'avions. Derrière ces troupes, les Einsatzgruppen de Himmler assurent un nettoyage effroyable, un massacre systématique, la Shoah par balles.
À Londres, Churchill réalise enfin que l'URSS a basculé, que le pacte germano-soviétique est caduc et que la Seconde guerre mondiale prend une autre tournure, même si les USA attendent le désastre de Pearl Harbour pour se lancer afin d'anéantir les nazis mais c'est une autre histoire.
Je remercie Babelio (Masse critique) et les éditions Buchet/Chastel pour cette leçon d'histoire jamais rébarbative malgré sa longueur.
Roger Moorhouse a été courageux et a bien fait de s'attacher à faire la lumière sur une période souvent négligée et pourtant essentielle.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1098
Quel titre évocateur et complètement réaliste ! Car finalement, comment nommer autrement ce que l'histoire avec un grand H a surtout retenu comme « le pacte germano-soviétique » et qui scellait un accord plus que funeste entre ces deux terribles dictateurs qu'étaient Hitler et Staline.
Quand Babelio m'a proposé de participer à cette opération de Masse Critique, j'ai tout de suite accepté car même si ce n'est pas mon genre de lecture privilégié, je dois reconnaître que la seconde guerre mondiale m'a toujours beaucoup intéressée…Il faut dire que je pouvais écouter pendant des heures ma grand-mère me parler de cette période si particulière…. Donc, avant que j'oublie, encore merci à Babelio et aux Editions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce livre qui a bien élargi mes connaissances dans ce domaine.
Je ne peux que saluer l'immense travail de recherche qu'a du effectuer l'auteur, Roger Moorhouse pour arriver à l'élaboration de ce livre…On le mesure d'ailleurs en voyant son impressionnante bibliographie…Le résultat est à la hauteur, car il faut reconnaitre que ce pacte n'a jamais vraiment été développé dans les cours d'histoire il me semble. de plus, l'auteur a un style fluide qui nous permet d'adhérer tout de suite et la lecture en a été facilitée, car ce n'était pas du tout rébarbatif, au contraire….
Bref, si vous êtes passionné d'histoire, que cette période vous intéresse, ce livre est fait pour vous car il permet de mesurer quelles ont été les conséquences et les impacts exacts de ce pacte des diables, que ce soit dans les pays baltes mais aussi en Pologne …
Edifiant…



Challenge ABC 2020/2021
Commenter  J’apprécie          340
C'est bien le mot pacte que l'histoire a retenu de l'accord passé entre Hitler et Staline, le pacte germano soviétique. L'ouvrage de l'historien britannique Roger Moorehouse ajoute le mot diable au pluriel. Une alliance contre nature, et un pacte secret dont l'ampleur et la portée ont fortement déstabilisé leurs contemporains.
"Le Pacte des Diables", un document historique fondamental, solide et largement partagé.

Un observateur néanmoins méticuleux Joseph Czapski, publia dans "Terre Inhumaine", quelques éléments clés, accumulant des indices, celui qui avait compris la machination à permis d'en retracer le déroulement.

Le 23 août 1939 une entente éclate dans l'Europe de l'Est, un accord de non d'agression se dresse dans le ciel de l'Ouest mettant les partis communistes de France et l'Angleterre face à une position qu'ils ne pourront jamais comprendre, ni justifier.
En URSS c'est bien une ligne proposée par Molotov qui séduira Staline. le bolchevique Maxime Litvinov alors ministre des affaires étrangères est remercié. En tant que juif n'ayant cessé de critiquer les nazis, il fut alors surnommé Litvinov -Finkelstein.

Il fut arrêté par le NKVD , procédé qui va aller en s'amplifiant dans les jours qui suivront.
Molotov est souvent présenté comme le plus fidèle acolyte de Staline, donc sans aucun scrupule. Lénine l'avait surnommé, "Cul de Fer" mesquin et vindicatif, d'autant qu'il n'hésitait pas à réclamer la peine de mort pour qui osait le contrarier ( page 58).

L'entente est accompagnée d'un accord secret entérinant le partage de la Pologne, et l'annexion par l'URSS des pays baltes et de la Carélie.
Le pacte permet l'invasion immédiate de la Pologne par l'armée allemande qui élimine toute forme d'opposition.
L'armée rouge fait de même dès le 17 septembre


Les pays de l'Ouest ont sous-estimé la question du défaitisme programmé, ou logique de la fin qui justifie les moyens. L'opportunité d'étendre rapidement sa maîtrise sur les pays de l'Est, a justifié toutes les trahisons, laissant toutes leçons de morale, comme toutes les vertus à l'abandon d'un monde créé à priori pour la classe ouvrière.

Les conséquences sur les populations occupées seront terribles surtout pour tous les juifs de Pologne. Des arrestations et des déportations en masse ont lieu dans la partie soviétique.L'accord avait d'abord été signé pour se défaire des ennemis, et annexer des territoires, suivront la Roumanie, et jusqu'à la Baltique, la Lituanie, l'Estonie...).
La Finlande qui imprima une résistance de glace et de feu devint une cause célèbre à défendre en 1945.

Czapski le grad témoin.
En 1939, Czapski est à nouveau engagé dans l'Armée polonaise. "Terre inhumaine" constitue le récit de son séjour involontaire en URSS. "Fait prisonnier en 1939 par l'Armée rouge, il interné contrairement à ses compagnons d'infortune qui sont assassinés dans la forêt de Katyn. Czapski décrit l'enfermement dans les baraquements, les interrogatoires par l'Armée rouge et le NKVD. C'est le hasard qui évite à Czapski d'y mourir assassiné ou dans les polygones de Twer et Charkow – les deux autres lieux d'exécution des officiers polonais par le NKVD en 1940."

Les deux dictateurs, se préparent à l'affrontement final, qu'Hitler lance avec l'opération Barbarossa, le 22 juin 1941.

Czapski s'installe à Paris, après la guerre et anime la revue polonaise en exil Kultura. Il participe aux travaux du congrès pour la liberté de la culture donnant des articles à sa revue, Preuves. Dans les milieux antitotalitaires, il croise Camus, Koestler ou encore George Orwell qui tous soutiennent ses projets.
Grand récit historique qui m'a permis de sentir et comprendre l'état d'esprit de l'URSS entre 1939 et 1950. Bravo à l'audace de l'éditeur de proposer cet ouvrage lourd et détaillé à notre communauté via masse critique.

Commenter  J’apprécie          280
Avant le 23 août 1939, Hitler n'avait cessé de fustiger Moscou qualifiant le bolchévisme “d'engeance infernale”. Staline lui rendait alors la pareille en le traitant de “fou “ ou de “possédé”.
Comment des personnalités opposées, avec des idéologies aussi divergentes, ont-elles pu faire volte face et se lier par un pacte pendant près de 2 ans ?

Le pari de l'auteur est de nous expliquer la Teutoslavia, l'alliance de la croix gammée (le svastika) et de de la faucille et du marteau.
Roger Moorhouse veut aussi nous révéler l'importance de ce pacte germano-soviétique un peu oublié dans l'Histoire du deuxième conflit mondial.

Un chapitre explique comment les communistes anglais, allemands, italiens, français, espagnols, autrichiens… composèrent avec le traité à contre sens de leur doctrine en édictant des justifications alambiquées, montrant la versatilité des points de vue et comment on avale des couleuvres par paquets.

Cette alliance évita à Hitler le spectre d'une guerre sur deux fronts. Mais Hitler et Staline “étaient des oiseaux du même plumage totalitaire”.
Ils appliqueront un protocole secret complémentaire délimitant entre les deux pays des sphères d'influence, et dont la mise en oeuvre se traduira par l'invasion, l'occupation et l'annexion de certains états ou territoires (la Bessarabie, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, une partie de la Pologne ).
Après l'invasion de la Pologne, ils découperont celle-ci : 188 551 km² et 20 millions d'habitants pour l'Allemagne contre 201 294 km² et 16 millions d'habitants pour l'URSS .
Leur ambition était, à terme, de se partager le monde.

L'ouvrage est suffisamment documenté pour que l'on soit proche des agissements des protagonistes. Des photos scandent bien le déroulé de l'Histoire. Les introductions des chapitres nous font entrer à la manière d'un roman dans les étapes de l'histoire.

80 ans nous séparent de ce pacte “des diables” et pourtant l'auteur a su rendre vivante la narration comme si elle était d'actualité.

Commenter  J’apprécie          230
Je remercie Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour l'envoi, lors d'une masse critique privilégiée, de l'ouvrage : le pacte des diables de Roger Moorhouse.
Le 23 août 1939, une délégation allemande, avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop, se rend à Moscou.
Sur place, un accord est signé avec le pouvoir soviétique.
Il entrera dans l'histoire sous le nom de Pacte Ribbentrop-Molotov ou Pacte Germano-Soviétique, et sa signature sera le signal du coup d'envoi de la Seconde Guerre mondiale.
Pendant près de deux ans, les deux régimes totalitaires vont cohabiter dans une association sanglante qui leur permettra d'étendre leur pouvoir, par la guerre et la tyrannie, sur la Pologne, les Pays Baltes, la Finlande et la Roumanie.
A l'aube du 22 juin 1941, l'idylle prend fin avec l'invasion allemande de l'Union soviétique.
Mais le Pacte aura bouleversé l'équilibre européen pour un demi-siècle jusqu'à la chute du Mur de Berlin en 1989.
Quand on m'a proposé de lire le pacte des diables j'avoue avoir hésité un peu.
J'apprécie les ouvrages sur la seconde guerre mondiale toutefois je suis plus habituée à lire des romans que des ouvrages plus pointus tel que celui-ci.
Ce n'est pas un roman, c'est un livre historique qui se lit pourtant bien car les neuf chapitres ont été lu, à ma grande surprise, avec assez de facilité.
L'auteur nous explique ce qu'était ce pacte, cette entente entre les deux régimes et comment cela a changé la face du monde. Cette enquête est passionnante, le récit est très bien construit et j'ai appris énormément de choses.
J'ai beau avoir lu beacuoup de romans sur cette période, j'avoue que je ne connaissais pas ce pacte. de nom, évidemment car j'ai du en entendre parler en histoire, mais ça ne m'évoquait pas grand chose. J'étais incapable d'expliquer ce que cet acte a pu changer .
Je suis bluffé par tout le travail de recherche effectué par Roger Moorhouse. C'est hyper documenté, facile à lire même si comme moi on n'a pas l'habitude de lire ce genre d'ouvrage.
Vous l'aurez compris, j'ai adoré ma lecture et le pacte des diables se lit, il est difficile de le chroniquer.
Chez moi, il fait l'unanimité car mon mari vient de le dévorer et mon fils de 22 ans ne va pas tarder à mettre son nez dedans :)
Ma note : cinq étoiles.
Commenter  J’apprécie          210
« le 23 août 1939, Staline but à la santé de Hitler ».
C'est ainsi que démarre ce livre qui se fixe pour objectif de replacer en événement essentiel de la Seconde Guerre mondiale le Pacte germano-soviétique.
Quelques jours avant que la France ne déclare la guerre à l'Allemagne, les nazis et les Soviétiques signent un pacte de non-agression. Il permettra aux nazis de concentrer toutes leurs forces sur l'Europe occidentale pendant que les Soviétiques s'appropriaient les pays baltes.
Ce récit met en évidence le rôle pro-actif de Staline, qui loin de subir la situation, en profite pour mener à bien sa politique expansionniste en déportant et tuant des millions de personnes. de ce fait, la carte de l'Europe a été redessinée dont les frontières ont perduré jusqu'à la chute de l'URSS, 60 ans plus tard.
C'est une des raisons qui permettent à l'auteur d'affirmer que le Pacte germano-soviétique est un élément fondamental de ce conflit qui bouleversa le monde entier. Il a fallu néanmoins plusieurs décennies pour que l'action de terreur du soviétisme soit reconnue. En effet, au lendemain de la guerre, le procès de Nuremberg ne pouvait être à charge contre le vainqueur d'Hitler, contre ce nouvel allié de l'Occident. de plus, il fallut attendre les années 1980 pour que les Soviétiques reconnaissent les atrocités menées par Staline.
En 2009, les pays baltes recevront enfin la reconnaissance de leurs souffrances via une résolution du Parlement européen déclarant la journée du 23 août comme celle de la commémoration des victimes du nazisme et du stalinisme.
J'ai trouvé ce livre très intéressant. Bien écrit mais accessible à tous, il permet d'appréhender la Seconde Guerre mondiale par un autre point de vue que celui de l'occupation de la France par les nazis. Un récit qui oeuvre dans le sens de la portée universelle des combats menés.
A noter une belle série de photos qui illustrent la chronologie des faits.
Commenter  J’apprécie          140
La seconde guerre mondiale : voici un thème que j'ai longtemps tenu assez éloigné et qui ne venait que ponctuellement nourrir mes lectures.
Mais depuis 2 ans, les lectures de romans historiques, de témoignages, de BD et d'essais se sont enchainés.
Leur point commun : proposer un angle de vue différent des descriptions "classiques" de cette période.
J'ai ainsi relu les années 1933 à 1945 à la lumière de prismes aussi variés que la vie et le sort des femmes juives et allemandes (Madame vous allez m'émouvoir de Lucie Tesnière), la vie des enfants du Lebensborn (Max et Orphelin 88 de Sarah Cohen-Scali), le sort des réfugiés de Prusse orientale, le rôle des pays comme le Danemark (Inge en guerre de Svenja O'Donnell) et l'Espagne, des personnages type Felix Kersten, Einstein ou Hitler (les mains du miracle de Joseph Kessel, Madame Einstein de Marie Benedict, etc)...

Aussi lorsque Babelio et surtout les éditions Buchet.Chatel m'ont proposé de lire le pacte des diables de Roger Moorhouse, complétant ainsi ces approches "différentes", ce fût une vraie motivation et une grande envie qui m'ont animés.

Si le pacte germano-soviétique nous est connu, il n'a jamais été présenté, ou très rarement, comme un élément clé de la 2nde guerre mondiale.
Nous gardons souvent en tête les affrontements sanglants entre les Allemands et les Russes sur le front est et oublions que le pacte Hitler-Staline, aussi appelé le pacte Molotov-Ribbentrop, fut à l'origine d'une entente de plus de 20 mois entre 2 dictateurs.
Comment en sont-ils arrivés là, quelles étaient leurs motivations? Quelles furent les coulisses des négociations?
Ce pacte, loin d'être un simple accord de non agression s'est révélé être ni plus ni moins un protocole secret visant à partager l'Europe entre les deux puissances totalitaires signataires. La notion d'Ordre nouveau imaginé par Rosenberg et Walter Darré a par ailleurs pris toute son ampleur.
C'est à sa suite qu'une escalade sans précédent s'est développée : l'occupation et l'annexion de la Pologne, de la Finlande, des pays baltes, de la Bessarabie, tout comme la dégradation des relations Allemagne Japon.

Roger Moorhouse, grâce à un travail minutieux, pédagogique, va nous permettre de vivre et surtout comprendre toutes les arcanes et les dessous de cette période. Au delà des enjeux militaires et politiques, l'auteur met en lumière les enjeux propres à chaque pays et les dimensions économiques. En effet chacun des dictateurs va faire de ce pacte un élément de propagande intérieure et profiter de cette opportunité pour régler un certain nombre de résistances internes.

La force de Roger Moorhouse est de nous donner une multitude de détails sans que la lecture ne soit fastidieuse, bien au contraire. le reportage photographique inséré au milieu de l'ouvrage vient enrichir le récit. Les plus de 70 pages de notes et de bibliographie permettront aux plus curieux d'approfondir, si besoin était, les informations et enseignements dispensés.

Nous avons tous en tête l'opération Barbarossa en 1941 qui va être synonyme d'attaque allemande contre l'URSS mais les 22 mois précédents auront déjà changé la face du monde....

Alors un conseil : ne faites pas l'impasse sur un ouvrage d'une grande qualité qui ne pourra que renforcer votre connaissance ou répondre à vos questions sur un des éléments structurant de la seconde guerre mondiale.
Commenter  J’apprécie          142
Comme beaucoup, je connais les grandes lignes de l'histoire de France et particulièrement des guerres qui ont éclatées le siècle dernier. La Grande Guerre de 1914-1918, guerre totale, tragique et meurtrière, qui a causée la mort de dix millions de civils et militaires, blessant environ vingt millions d'hommes. Elle fût suivi quelques années plus tard par la seconde Guerre Mondiale en 1939-1945, opposant l'Axe (Allemagne nazie, Japon et Italie fasciste) et les Alliés (États-unis, Union soviétique et Royaume-Unis), qui tua environ soixante millions d'hommes de part le monde, devenant le conflit le plus coûteux en pertes humaines de toute l'histoire de l'humanité.

C'est dans ce contexte que se place le pacte des diables. le 23 août 1939, Molotov, chef du gouvernement de l'URSS et Ribenttrop, ministre des affaires étrangères allemandes, signent le tristement célèbre pacte germano-soviétique, avec l'aval de Staline et Hitler. Il s'agit d'un pacte de non-agression entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie, qui promet un renoncement au conflit entre les deux pays, mais qui, en sus, comportait bien d'autres clauses secrètes. En effet, le pacte prévoyait notamment une délimitation de la sphère d'influence de chacun des pays, avec, par exemple un partage de la Pologne entre les deux puissances. Les deux puissances trouvaient facilement leur intérêt dans cette alliance, avec un agrandissement de leur influence terrestre respective (invasion puis partage de la Pologne, invasion de la Finlande et des pays baltes), des échanges économiques et commerciales importantes, comme l'envoi de matières premières soviétiques en Allemagne en échange d'armement, de machines-outils et d'équipements en tout genre.

Une alliance incongrue, stupéfiante, qui fit couler beaucoup d'encre et laissa circonspect, inquiétant les puissances alentours : français, anglais, américains… tous se questionnent sur les réelles motivations des deux grands. Il faut dire qu'il y a de quoi : deux dictateurs, alors pires ennemis, l'Union soviétique et l'Allemagne nazie qui décident brutalement de se rapprocher, changeant de cap sans préambules. Si leur vision s'oppose, une idée les unie : imposer leur idéologie au reste du monde. Cela passe notamment par l'annexion, l'invasion, l'occupation, la propagande. D'ailleurs, l'auteur en rend fidèlement compte dans son récit : les deux puissances ont conclues un pacte, elles doivent, en théorie, évoluer conjointement, mais Hitler, tout comme Staline, profitent des bénéfices de l'alliance, tout en pensant à sa finalité, aux intérêts indépendants qu'ils pourraient en tirer.

Roger Moorhouse a réalisé un travail de recherche incroyable, qui permet de se rendre compte en détails de l'évolution du pacte. Il dissèque avec parcimonie les échanges entre les deux présidents, s'appuyant allègrement sur des documents et textes historiques qui nous plongent dans ce contexte si particulier et inquiétant. J'ai été impressionnée et suis totalement admirative du travail et du fond documentaire proposé (conversations privées, rencontres méconnues…). Ce livre ne s'adresse pas uniquement aux amoureux de l'Histoire et connaisseurs de l'époque, mais bien à un large public de curieux, qui souhaiteraient en apprendre davantage sur cette part méconnue de l'Histoire. Il faut parfois s'accrocher pour suivre certaines références, mais je vous assure que le style narratif est entraînant et suffisamment accessible pour prendre plaisir à découvrir l'Histoire. Plus que des références, l'auteur enrichit son texte par des photos d'archives extraordinaires, qui viennent rendre compte de la réalité des faits. Sur une quinzaine de pages, nous pouvons admirer Staline, Hitler, leurs représentants, se félicitant du pacte, ou encore des familles contraintes à l'exil, des troupes de soldats, envahissants, tuants, selon les directives des commandants.

Le pacte prit fin le 22 juin 1941 par l'invasion de l'Allemagne nazie en URSS, qui déclenche l'opération tristement célèbre Barbarossa, la plus grande invasion de l'histoire militaire en termes d'effectifs et de pertes.

Découvrez tout ce que vous devriez savoir sur le pacte germano-soviétique de la seconde Guerre Mondiale, un épisode historique méconnu, qui tend à être mis en lumières. Un immense bravo à Roger Moorhouse pour son travail de recherche titanesque, qui a reconstitué au mieux les faits qui se sont déroulés à cette époque peu reculée.
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          90
Un très bon livre d'Histoire! Un pan de l'Histoire mondiale plutôt mis entre parenthèse, même pendant mes études d'histoire, on ne l'a pas vraiment abordé, et le lire ici avec autant de détails et de recul est vraiment un très bon moment pour la passionnée d'histoire que je suis!
Nous visitons donc la période de 22 mois qui porte sur la durée du pacte de non agression entre l'Allemagne nazie d'Hitler et l'URSS totalitaire de Staline, d'où ce titre de Pacte des diables évidemment.
D'août 1939 à juin 1941, l'auteur nous explique, avec force d'arguments, de documents, de citations et d'évènements, comment ce pacte a scellé le sort de millions de personnes pour le pire et pour la mort, mais aussi, à façonner le visage de l'Europe, qui en porte encore grandement les stigmates aujourd'hui.
De plus, l'auteur nous explique cette période de plusieurs façons, dans son évolution générale mais aussi du point de vue des 2 parties principales de par les acteurs de ce pacte mais aussi de tous les côtés qui font le travail de l'historien, à savoir, social, militaire, économique et non seulement politique.
C'est vraiment un très bon livre, plutôt facile à lire parce que le style est assez accessible (et hormis le chapitre qui reprend énormément de données chiffrées) et franchement très intéressant.
Merci aux Éditions Buchet/Chastel et à Babelio de m'avoir permit de découvrir cet opus par le biais d'une masse critique, ça m'a replongé dans une période que je n'avais pas abordé depuis longtemps.
Commenter  J’apprécie          60
Ayant de nombreux ouvrages et des plus divers sur la seconde guerre mondiale (Bernadac, Colonel Rémy, Colonel Passy, Skorzeny, etc... et même « Mein Kampf ») issu de la collection de mon père et de mon grand père, il est un sujet qui revient toujours : c'est du côté Ouest que l'histoire de la seconde guerre mondiale s'est écrite.

L'ouest de l'Europe est peu au courant de l'histoire de la guerre vers l'est du continent. Au delà de la ligne Est, Allemagne – Yougoslavie, la veille de la plus grande guerre apocalyptique laissera des traces de terreur, de morts et de déportation avant même que le monde découvre les horreurs nazies en camp de concentration et que nous entendions parler des goulags russes.

Dès 1939, après l'invasion polonaise, l'URSS « incluera » dans sa sphère d'influence : les pays baltes, l'ukraine, la finlande et la bessarabie ; sans que la France, la Grande Bretagne et la SDN ne s'interposent. Staline n'y voyant là qu'un juste retour des choses après la guerre 1914-1917 (pour les russes).

le pacte germano soviétique est un pacte de « non agression ». En réalité, ce pacte est beaucoup plus complexe. Il s'agissait d'un « mariage » entre deux états, que tout différencie en terme politique et économique, mais qui ont une vision commune : détruire la démocratie. Avec pour but, pour Hitler d'acquérir des matières premières pour sa machine de guerre ; pour Staline de s'équiper militairement pour s'imposer sur les débris que laisseront les Allemands sur le restant de l'Europe, mais surtout sur la perfide Albion.
Deux visions mais une idée commune : imposer une idéologie au reste du monde.

C'est Ribbentrop et Molotov qui mèneront les négociations, sous couvert de leur leader respectif beaucoup plus rusé et compétent que ces parvenus qui ont obtenu leur ministère par fanatisme et flagorneries

le livre détaille le partage de la Pologne et les coulisses des « invasions » russes des états situés le long de la frontière soviétique en mer Baltique. le non choix de ces états en matière politique et l'obligation d'installer des bases militaires. Malgré la promesse de Staline de ne pas toucher aux institutions et à l'indépendance des futurs pays satellites, les répressions furent tout aussi ignoble et sauvage que les nazis : une purge des politiques et des officiers militaires soldés par une mort rapide ou lente.

Mais les communistes du monde entier ? Quels étaient leur position face au Pacte ? Les sections politiques furent partagés le jour où ces derniers apprirent la signature du pacte : ceux qui suivaient la ligne du Komintern, ceux qui étaient effarés et ne comprenaient pas le revirement de Moscou, après des années de discours contre Hitler et le nazisme. Moorhouse s'attarde sur l'Angleterre et les Etats unis. Mais aussi la France où le parti communiste est devenu interdit dès 1940 et persécuté en Allemagne depuis 1933.

Mais cet amour sera vite illusoire, alors que le parti soviet fait l'éloge du pacte et de la culture germanique en URSS, Hitler prépare en secret son Opération Barbarossa.

Je n'en dirais pas plus pour que vous vous rendiez compte du travail fait par Roger Moorhouse sur ce pacte germano-soviétique. Il est immense et riche en enseignement

C'est donc un livre très intéressant qui éclaircit une zone d'ombre de ce chapitre de l'histoire peu connu et révélé, et que je recommande à ceux qui se passionne pour cette période.

Je remercie Babelio et les Editions Buchet-Chastel pour ce livre d'un grand intérêt

Pour plus d'informations, je recommande « L'europe Barbare » de Keith Lowe.
Commenter  J’apprécie          42

Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3210 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}