Un été avec Louise

Au coeur de l'été, je viens de terminer cet ouvrage qui nous offre une magnifique rétrospective des années 30 jusqu'à la fin du 20 e siècle. Fan de Louise Brooks, j'ai aimé retrouver ses traces romancées sous la belle plume de Laura Moriarty.
J'attends d'ores et déjà une rétrospective de ses films!
Un très beau livre dont la lecture doit être complétée par "Loulou à Hollywood" écrit par Louise Brooks elle-même!

oût 1922. Louise Brooks a 15 ans.
Cette future icône du cinéma muet intègre la prestigieuse école de danse de DENISHAW, et touche du doigt son rêve : quitter sa ville étriquée du Kansas pour la flamboyante New York.
Seule ombre au tableau, ses parents lui imposent un chaperon, Cora Carlisle, une femme aux antipodes de Louise, préoccupée des convenances, mais portant aussi de lourds secrets… Car si Cora se porte volontaire pour accompagner la jeune fille, c'est avant tout pour pouvoir partir sur les traces de son propre passé obscur.
Elle n'imaginait pas que préserver la vertu de sa protégée s'avérerait aussi difficile ! Louise, avec son air mutin, son petit carré noir soyeux à la frange bien dessinée, attire les regards ; elle a soif de liberté et entend bien profiter de cette ville enchanteresse qui foisonne de théâtres, résonne d'un jazz enivrant et fourmille d'hommes.
Ces cinq semaines passées ensemble vont changer le cours de leur vie à jamais….

Le pitch d'Un été avec Louise est donc simple, mais vu ma passion pour les années vingt, j'avais très envie d'en découvrir plus. Non seulement je n'ai pas été déçue, mais j'ai même été surprise. Parce qu'à dire vrai, je m'attendais à une sorte de biographie sur les débuts de Louise Brooks. Et ça l'est, un peu. Mais le personnage le plus fascinant de ce livre, c'est en réalité Cora Carlisle, le chaperon.

Au début, j'ai eu du mal à apprécier ce personnage de femme mariée trentenaire, bien sous tous rapports, mère de deux enfants se préparant à entrer à l'université.
Elle paraissait ennuyeuse, et elle aurait pu l'être s'il n'y avait pas eu ce secret sur ses origines, point de départ de toute l'histoire, et la raison de son départ à New-York avec Louise.

Plus on avance dans le livre, plus on découvre que la jolie vie de Cora n'est qu'une vaste mascarade qu'elle endure depuis plus de vingt ans pour préserver son honneur et l'innocence de ses filles. le portrait de la femme au foyer des années vingt se craquelle, pour laisser place à celui d'une femme forte ayant essuyé bien des malheurs dans sa vie, et continuant pourtant à se lever chaque matin et à enfiler son corset. Corset qu'elle laissera tomber, d'ailleurs, en même temps que ses préjugés concernant les noirs, les homosexuels, la contraception et les pauvres, ainsi que ses principes sur l'alcool, la famille et la sexualité.

Cette perception évolue en partie grâce à Louise qui, du haut de ses quinze ans, lui ouvre les yeux sur bien des sujets, mais également grâce à une rencontre qui va bouleverser sa vie.

Si le livre se divise en trois parties, c'est sans doute la troisième que j'ai préférée, celle qui se passe après le retour de Cora de New-York, et relate sa vie jusqu'à la fin. Car en réalité, c'est bien plus la biographie de Cora que celle de Louise que Laura MORIARTY nous conte dans ces quelques quatre cents pages ; une vie pleine de rebondissements, bien remplie, une vie exceptionnelle pour une héroïne qui l'est tout autant.
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La rencontre d'une jeune fille indépendante et libre avec une femme, mûre, dont le sens des convenances est aiguisé, promettait quelques scènes énergiques : je n'ai pas été déçue. le piment est ajouté par le secret qui entoure le passé de Cora, qui, si elle accepte la mission de chaperon, voit là aussi la possibilité de revenir sur son passé personnel. Et puis, il est fort intéressant de découvrir cette période de l'histoire américaine où de jeunes filles commencent à rêver de sortir du giron familial, pour vivre leur indépendance, sans mari, et pourquoi pas devenir actrice ?