AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 440 notes
1914, sur une ile bretonne, alors que la guerre est déclarée, les hommes apprennent leur mobilisation. Les femmes vont devoir rester seules et se débrouiller seules… Seul, Maël, parce qu'il a un pied bot, est réformé. On lui demande de remplacer le facteur. Au fil des jours, au fil de ses tournées, il va se rapprocher des femmes et devenir pour beaucoup d'entre elles, bien plus que celui qui leur apporte les nouvelles du front.

Le début de l'histoire m'a intriguée, je pensais y trouver une histoire gentillette mais sans plus. Maël, le personnage central, me paraissait bien sympathique. Mais au fur et à mesure qu'il se dévoile, il l'est de moins en moins. A ce moment du récit j'ai d'ailleurs ressenti quelques longueurs, mais finalement elles s'expliquent… Et la construction de la BD avec une conclusion qui donne envie de la relire du début est très habile. de plus, on a également un bon aperçu de la vie pendant la première guerre mondiale grâce aux lettres des poilus. Enfin, les dessins et les illustrations sont magnifiques, le cadrage et le découpage sont vraiment très bien faits. Presque un coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          50
C'est une île bretonne comme on l'imagine, battue par les vents et les flots, il y a de la bruyère et des chardons qui courent jusqu'au bord des falaises, celles-ci avancent comme des promontoires au-dessus de la mer.
Nous sommes en août 1914. Sur cette île bretonne, tous les hommes valides sont mobilisés pour partir à la guerre. Brusquement, cette île qui vivait un peu éloignée du reste du monde est rattrapée par l'histoire, la Grande Histoire. C'est ainsi que l'instituteur écrit au tableau noir de l'école cette magnifique sentence libertaire : « aucune île n'est à l'abri des continents imbéciles ».
Seuls restent les femmes, les enfants, les vieux et ceux qui sont invalides... Maël aurait l'âge de partir à la guerre, mais il souffre d'un pied-bot. Il reste donc à quai, si l'on peut dire, et devient le seul homme jeune et vigoureux de l'île, parmi des femmes esseulées, transies d'attentes, d'espoir, puis peu à peu de désespoir au fur et à mesure que la guerre va durer...
Lorsqu'on propose à Maël de se voir confier la fonction de facteur de l'île, celui-ci accueille la nouvelle avec enthousiasme. C'est déjà une forme de revanche sur la vie, lui qui était jusqu'à présent moqué, victime du rejet des autres et sans doute en particulier de la gente féminine, à cause de son handicap. Mais sa revanche s'accomplira avec un dessein bien plus dense et complexe...
Un facteur est un passeur. Quand dès lors la guerre vient s'en mêler, nous sentons bien l'importance que revêt ce rôle. Il fait le lien entre ceux qui sont au front et leurs familles, mères, soeurs, épouses qui attendent des nouvelles... Mais au-delà de la fonction primaire de distribuer les lettres des poilus, Maël l'a vite compris, le facteur devient le bienfaiteur qui apporte l'espoir, celui qui écoute, celui qui console, celui sur lequel on trouve une épaule chaleureuse pour poser un chagrin, celui qui prend dans ses bras, les mains consolatrices deviennent peu à peu des caresses et le facteur se fait amant. Parce que ces femmes esseulées, qui attendent patiemment la fin de la guerre, rudes à la tâche, n'en sont pas moins faites de chair et de sang où bat le désir. Maël éveille ce désir chez elles et ces dernières en reconnaissance lui accordent une forme d'apprentissage à l'amour charnel. Point de sentiments, le cœur de ces femmes continue de battre dans la boue des tranchées. C'est juste une parenthèse.
L'histoire de ce roman graphique est originale à plusieurs niveaux. Didier Quella-Guyot, le scénariste et Sébastien Morice le dessinateur ont su avec harmonie composer une BD profonde et sensuelle.
Elle nous offre tout d'abord la vision de l'arrière-pays, loin des tranchées, là où la guerre se vit avec émotion, mais là où la vie continue aussi, c'est le courage des femmes qui vont continuer d'accomplir les tâches qui incombaient à leurs hommes. Ici, elles s'appellent Nolwenn, Simone, Soizig, Clémence… Les dessins ont une saveur désuète. Je les ai trouvés magnifiques. Dans cette naïveté fouettée par les embruns, ils m'ont rappelé des peintures de Paul Sérusier ou de Mathurin Meheut, un trait, une peinture typiquement bretonne, le dessin de Sébastien Morice rajoute une petite pointe teintée d'un érotisme pur beurre salé...
Et puis il y a une intrigue qui se noue au fil des planches.
Cela aurait pu être une gentille bluette, mais voilà que notre facteur de charme, par son succès inespéré, échafaude d'autres plans. Il détient une forme de pouvoir entre ses mains. C'est lui qui transmet les nouvelles du front d'une certaine manière. C'est par lui que passent l'espérance et l'effroi. Il en prend vite conscience... Un autre personnage en lui va alors se révéler, émerger dans la poursuite de son dessein revanchard, un personnage plus dense et ambigu que celui qui semblait se dessiner aux premiers abords, nous éloignant définitivement d'un romantisme désuet et de terroir, dans lequel l'histoire aurait pu totalement basculer. Didier Quella-Guyot réussit à merveille à nous capter sans relâche tout au long du récit.
Enfin, la force du scénario est qu'il se prolonge, par un rebondissement inattendu, au-delà de la guerre 14-18 et de la terre de cette île bretonne battue par les vents et le cri des mouettes... Mais, chut... ! Venez vite jeter votre ancre au bord de ses récifs...
Commenter  J’apprécie          362
Maël est un jeune homme que tout le monde trouve un peu simplet, de plus, il a un pied-bot. C'est donc loin d'être le tombeur de ces dames…
Mais la guerre arrive et tous les hommes valides désertent le village.
Maël devient donc facteur, c'est lui qui apporte le courrier des hommes partis au front mais aussi une forme de réconfort dans les foyers, car les femmes se languissent du corps de leurs fiancés et de leurs époux.
Ajouter à ça un drame, un secret longtemps gardé et vous obtenez une bande dessinée originale, avec de l'humour et de la tendresse, sans oublier des vies brisées et tout ça, sous les embruns marins.
Commenter  J’apprécie          400
La couverture me plaisais mais je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. J'ai été bien surprise de me retrouver face à un facteur intérim qui profite de son statut de benêt et du fait que les hommes sont partis à la guerre pour non seulement servir ces dames en courrier mais aussi dans leur lit. Si au bout d'un moment, je me suis lasser de ce tombeur pour dames, un retournement de situation redonne du piment à cette BD. Dans la continuité de l'histoire, 20 ans plus tard, une oeuvre du facteur revient dans le village pour connaitre ses origines et le secret sera enfin dévoilé. J'ai trouvé le début assez redondant mais heureusement qu'arrive l'événement qui rend cette BD drôle et surprenante.

Commenter  J’apprécie          20
° Voici un ‘'joli roman graphique insulaire pur beurre salé'', comme dirait Titania (elle se reconnaîtra j'espère).
° ‘'Facteur pour femmes'' n'est pas passé comme une lettre à la poste, comme dirait Dider Q-G.
° ‘'Ne cherchez pas cette île sur une carte, vous ne la trouverez pas. Pourtant elle existe bel et bien. Elle est dans ma tête, dans mes souvenirs'', comme dirait Sébastien M.

Maël, un peu Quasimodo, un peu Don Juan…

La Première guerre mondiale vient de sonner et Maël, du fait de son pied-bot, est le seul homme sur l'île – le coq dans le poulailler. Comme il sait faire du vélo et lire, c'est un artiste aussi à sa façon et il a été désigné pour distribuer le courrier. Il lit même les missives et n'apporte que les joyeuses. Il garde les cartes postales les plus jolies et réécrit certains passages. Il est attendu par les femmes et profite, profite !

Les couleurs pastels et chaleureuses ont l'air d'un autre siècle. Tandis que le scénariste n'oublie pas de parler de tous ces morts pour rien à la guerre.

Les femmes n'ont pas toujours le beau rôle, mais auront leur revanche…
« le 26 du mois d'août, sous un soleil implacable, on enterre le facteur. Un soldat de l'amour à jamais inconnu qu'aucune arche triomphale ne célébrera jamais... »

Une très chouette découverte.
Commenter  J’apprécie          160
1914, sur une petite île de Bretagne. Les insulaires se sentent protégés et bien loin des troubles qui grondent sur le continent, pourtant lorsque la guerre éclate, tous les hommes entre 20 et 50 ans sont réquisitionnés, île ou pas. le jeune Maël, au pied-bot depuis sa naissance, reste sur l'île où il se voit attribuer le métier de facteur. À la rencontre permanente des femmes de l'île, il s'immisce peu à peu dans leur intimité, comblant une partie du cruel vide qu'a laissé le départ des hommes.

Cet album très élégant aborde un thème original. En effet, si les horreurs de la guerre sont parfois évoquées ce ne sont que par des bribes de correspondance. L'accent est mis ici sur "ceux qui restent", en l'occurrence "celles" qui restent. Car ces femmes sont un des dommages collatéraux de la guerre, et souffrent également, même si c'est différemment.
C'est un point de vue intéressant, même si la fin m'a quelque peu déroutée.
Commenter  J’apprécie          60
Quand tous les hommes jeunes ou valides sont partis à la guerre (la première) que reste-t-il dans cette petite île bretonne ? Les femmes, les enfants, les vieux et les bêtes… et Maël, jeune homme un peu simplet au pied-bot, qui va devenir bien vite le facteur attitré et accessoirement, le chéri de ces dames. Toutes ? Non, bien sûr. Maël est prudent. Il ne butine que dans les fermes éloignées, auprès de femmes qui ne se connaissent pas et ne risquent pas de se rencontrer, pour qu'aucun grain de sable ne vienne perturber ses plans.

"C'est plus facile, il le sait bien, d'être vainqueur quand on est tout seul, mais tout de même…."

Par le courrier qu'il distribue, il apprend beaucoup sur ses futures conquêtes. Car bien sûr, Maël en profite pour le lire avant et mettre à profit tout ce qui pourrait lui permettre de séduire rapidement les plus belles femmes. Pendant que Maël prend du bon temps, les maris subissent la guerre et ses horreurs. Certains reviennent. Méconnaissables, traumatisés, gueules cassées et mental en berne !

"Il ne mangeait plus, s'épuisait. Au mieux de sa forme, je l'asseyais sur une chaise de la cuisine et il passait des heures à regarder par la porte laissée entrouverte ce qui se passait au-dehors, sans bouger. Un refus total de se redonner vie. La guerre l'avait complètement déglingué…"

Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice rendent bien la réalité des tranchées et la vie de l'île qui continue, grâce aux femmes qui peu à peu se chargent de tout ce que faisaient leurs hommes, en plus de leurs taches habituelles.

"Avec l'aide des enfants et des vieillards, les femmes assurent peu à peu et de mieux en mieux, la continuité des exploitations agricoles. Elles peinent à la tâche, s'épuisent, passant du tricot à la fourche, battant le linge au lavoir, puis frappant le cul des vaches pour les mener au pré, fauchant le foin pour l'hiver, ramassant les bouses pour se chauffer".

Les dessins sont magnifiques et la colorisation superbe ! J'aurais préféré que la fin soit plus développée et non simplement racontée par une des protagonistes de cette histoire. Mais ce n'est qu'un point de vue personnel…
Lien : https://page39web.wordpress...
Commenter  J’apprécie          382
J'ai repéré ce livre dans une bouquinerie avant de le trouver quelques temps plus tard à la médiathèque et, comme il m'avait intriguée, je n'ai pas hésité.

Nous sommes au début de la guerre, en 1914, et tous les hommes du village sont mobilisés... le seul jeune restant étant Maël, qui ne part pas parce qu'il a un pied bot. Il est alors désigné comme facteur, et va bientôt devenir important aux yeux des femmes qui ne l'avait jusque-là pas regardé... Petit à petit, il va alors tout faire pour les séduire et devenir leur amant.

Cette histoire se passe sur les côtes bretonnes, si bien que nous avons droit à de magnifiques illustrations de Sébastien Morice de la plage, de la mer, des bâteaux... et aussi des personnages. de ces femmes qui attendent leur mari ou leur promis, qui s'ennuient et voient en Maël un homme vigoureux pour répondre à leurs désir... Tantôt sombres, rappelant un peu la guerre et les durs moments vécus qu'on découvre au travers des lettres, tantôt colorées et pleines de vie, les illustrations sont vraiment réussies, assez réalistes.

Concernant l'histoire, je ne m'attendais vraiment pas à ça. Nous sommes en 1914, et il est intolérable qu'une femme trompe son mari, d'autant plus lorsque celui-ci part à la guerre... Elles n'ont donc pas intérêt à être découvertes ! Maël, lui, va cumuler les amourettes, si bien que le personnage, calculateur, me devenait insupportable au fur et à mesure de ma lecture... C'est bien ce que je reprocherais à ce livre : le personnage principal est antipathique.

Ceci dit, l'intrigue est intéressante et les illustrations m'ont plu, et j'ai passé un bon moment de lecture.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
Commenter  J’apprécie          40
Une lecture distrayante mais qui ne m'a pas vraiment plu pour autant.
J'ai bien aimé la mise en place et le début de l'histoire mais je dois dire que la tournure prise par le scénario m'a semblé terriblement tirée par les cheveux.
L'aspect un peu faussaire et manipulateur du personnage principal était plutôt une bonne idée mais j'ai trouvé le reste (l'aspect séduction/érotique surtout) facile et gratuit.
Le fait que les femmes passent sans exception pour des êtres faibles et sans volonté m'a franchement gênée...
J'ai également trouvé que cette BD présentait des problèmes de rythme. Le début est assez lent mais n'est pas désagréable puis l'histoire continue par un long catalogue de conquêtes pour s'accélérer à la fin et terminer par une sorte de postface qui, si elle n'est pas franchement novatrice, a le mérite de boucler l'histoire de façon un peu légère.
Bref, je n'ai pas franchement accroché et, si il n'y avait que le scénario, je n'aurais mis que 2 étoiles. Mais je suis tout à fait séduite par le dessin qui est magnifique et servi par une mise en couleurs impeccable. Voici donc une BD qui est, pour moi, sauvée par son illustration...
Commenter  J’apprécie          63
Cette BD propose une histoire avec un point de départ porteur de nombreuses promesses, et un dessin agréable qui restitue bien l'ambiance de l'époque et l'environnement insulaire breton. Les personnages sont progressivement installés, et l'évolution de Maël, qui prend conscience de sa "toute puissance" est bien construite. Les auteurs semblent jouer avec la similitude des vêtements portés par les femmes pour montrer que pour Maël, elles sont un peu toutes les mêmes au départ mais qu'il lui faut progressivement les connaître, les comprendre pour les approcher et les toucher (au sens propre comme figuré). Mais voilà qu'au bout d'un certain nombre de pages, j'ai eu l'impression que l'histoire patinait un peu, était trop linéaire, sans surprise, même si on se doute bien que les choses vont finir par dérailler. . Et puis soudain, j'ai eu du mal à suivre. Les auteurs optent pour un jeu d'aller-retour temporels successifs, dans lesquels on se perd un peu, pour apporter certaines explications et qui ne se justifie pas vraiment. La fin offre un changement de point de vue narratif un peu abrupt (d'un narrateur extérieur, on passe à un narrateur personnage de l'histoire), qui n'apporte pas grand chose et qui aurait était plus efficace s'il avait été posé dès le début. Il y avait sans doute autre chose à faire, plus subtil, moins appliqué, plus psychologique, moins "happy end". Dommage.
Commenter  J’apprécie          60



Autres livres de Sébastien Morice (1) Voir plus

Lecteurs (661) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5283 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}