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sur 440 notes
Sur une petite bretonne pendant la grande guerre, un jeune infirme très renfermé se retrouve à livrer le courrier, tous les autres hommes valides étant partis sur le front.
Celui-ci devient au fil des jours le confident, puis l'amant de femmes de l'ile.
La timidité et l'ingénuité du jeune homme se transforment alors en une frénésie de possession féminine, tous les moyens étant bons pour arriver à ses fins.

J'ai beaucoup aimé cette BD.
L'auteur mélange tendresse pour ces femmes privées de leurs hommes, et leur facteur ... cynisme de celui-ci pour établir son "pouvoir" ... et une fin inattendue
En plus, c'est joliment dessiné ... une bonne surprise, je l'ai avalé pratiquement d'une traite
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C'EST LUI, LE CHEF...!

C'est l'histoire d'une petite île de Bretagne, lointain confetti de la France Républicaine, cette mère supposée bonne mais très oublieuse de ses enfants les plus excentrés lorsqu'il s'agit de leur apporter les bienfaits de la civilisation. L'histoire d'une île que vous rechercherez infructueusement, qui ressemble tour à tour à Sein, à Molène, à Batz, à d'autres encore, sans être exactement aucune d'elles...

C'est l'histoire de cette petite île du bout du bout de la fin de la terre - Finis Terrae - à l'écart du monde et du temps, un petit morceau d'humanité au large des côtes, un fragment de roc et de sable sur lequel vit une de ces petites communauté de femmes, d'hommes et d'enfants qui ont pris l'habitude de ne compter que sur eux-mêmes, face aux éléments souvent menaçants...

C'est l'histoire de cette petite île, vers les débuts apparemment tranquilles de ce siècle de fureur et de sang, avec son instituteur, débonnaire et pacifiste convaincu, homme de gauche à n'en point douter, devenu maire parce qu'on suppose qu'il en faut bien un et que c'est l'homme qui sait ; un curé, bon homme mais jaloux de conserver ses âmes au plus près du Seigneur Jésus Christ et dont on sent qu'il enrage de perdre celles-ci au profit de "la laïque" ; ces hommes tour à tour marins et paysans, ces femmes dures à la tâche et qui font bien plus que seulement seconder leurs époux, n'était que ce monde tourne encore autour du mâle...

C'est l'histoire de cette petite île qui connait, comme partout, son rejeté, son gentil benêt qu'on aime à charrier, qu'on caillasse sans même prendre conscience du mal, enfant, qu'on évite et qu'on moque, homme comme femme, parce qu'il est mal conformé, qu'il est différent, qu'il est mal fichu de nature. Et tant pis si ce jeune homme-là a un prénom de Chef*, de Maître*, puisqu'il s'appelle Maël puisqu'aux yeux de tous, il n'est encore rien...

C'est donc l'histoire d'une petite île sur laquelle, avouons-le, il ne se passe pas grand chose, jusqu'à ce que...

... Jusqu'à ce que cette République très lointaine se rappelle, et avec quelle force, avec quelle violence, à tous ses enfants, ne laissant derrière elle que femmes, enfants, vieillards et estropiés ! Il s'en est ainsi fallu qu'un couple princier meure à l'autre bout de l'Europe pour que cette dernière sombre dans l'horreur sans nom que l'histoire et les hommes garderont en mémoire bien après qu'elle se fut achevée, un jour de Novembre 1918. Il en est un cependant pour qui la guerre va tout changer, tout apporter et de la meilleure manière qui soit : c'est ce contrefait, ce boiteux, ce pied-bot simplet presque invisible de Maël ! du statut de quasi sous-homme moqué de tous - à l'exception notable du curé dont il repeint avec art l'église et les décors, et de l'instituteur, par humanisme généreux et sincère -, battu sans raison par un père violent, musculeux, alcoolique, il va passer à celui de facteur et, mieux que simple facteur en temps de paix, à celui de Facteur pour femmes, puisqu'il n'y a plus qu'elles, sur l'île, à recevoir de loin en loin les nouvelles de leurs fils, maris, fiancés qui crèvent à petit feu dans ce mouroir sans nom des tranchés quand ils ne crèvent pas tout à fait d'une balle ou d'un éclat qui ne leur était pas tellement plus destinés qu'à un autre, n'était le vilain sort.

Peu à peu, Maël le timide, Maël le mal-fichu, Maël le simplet se révèle, auprès de ces femmes seules, éplorées mais néanmoins dans la force de l'âge et de leurs sinueux désirs, un compagnon discret, attentif, bienveillant et, auprès d'un nombre de plus en plus important d'entre elles, franchement tendre et aimant ! Les mois passent et la guerre qui ne devait durer que quelques jours, quelques semaines tout au plus, n'en finit pas de n'en pas finir. Maël se prend, hélas, pour un peu plus que ce qu'il est réellement : un pis aller. Agréable, affectueux, reçu avec bienveillance, bien plus fin qu'on ne se l'était imaginé, mais il n'est pas celui qui manque, celui qui est parti voir l'enfer.
Maël se prendrait-il un peu trop pour le Prince* qu'il n'est pas ? Les mois passent, et s'il comprend que la guerre tend vers son achèvement, il refuse d'admettre que cette conclusion sera aussi le point final à cette étonnante aventure, mais comment faire pour revenir à ce point en arrière, une fois que les bonshommes encore vivant, même morcelés, seront de retour...?

C'est un récit tour à tour tendre, poétique, violent, féminin, étrange, dur, drôle et au charme étrangement envoûtant que nous livrent ici Didier Quella-Guyot au scénario et Sébastien Morice au dessin et à la couleur. Derrière une certaine légèreté - celle apportée en même temps que ces courriers parfois totalement revisités par ses bons soins et pour les meilleures des raisons inventées, bien entendu - c'est toute l'âpreté de ces années incroyablement dures, douloureuses, impitoyables, traversées de plein fouet par les convulsions de l'Histoire, que nous content les deux artistes, l'un à la plume, l'autre au pinceau, par petites touches, sans même en avoir l'air.
S'il y a bien quelques petites incohérences ça et là (les femmes de ces marins-paysans totalement désemparées par l'absence soudaine des maris... Comme si leur situation géographique particulière n'avait pas fait d'elle, de tout temps, des sortes d'hommes-bis, prêtes à les remplacer au pied levé, mais sans la reconnaissance sociale. D'ailleurs, le scénariste corrigera de lui-même un peu plus tard cette supposée impossible situation. Plus loin, il y a cette femme de quarante-ans tout juste, celle dont on comprend qu'elle a reconstitué toute cette faramineuse histoire, bien après, mais qui en parait à peine vingt), c'est à une proposition graphique et romanesque de très bonne tenue, esthétiquement ravissante, que nous assistons dans cet album très réussit. Tandis que Didier Quella-Guyot parvient à alterner avec grâce et réalisme des dialogues sentant bon la simplicité populaire d'avec des lettres d'amoureux, forcément plus et mieux écrites, décrivant l'enfer du Grand Massacre Collectif, Sébastien Morice propose une Bretagne tour à tour desséchée par les vents, embruinée de mer, tordue par le soleil, empierrée de falaises, adoucie par ses femmes - pas toutes belles, non, mais toutes au charme indescriptible et profond -, un peu de cette Bretagne magique et reculée, mystérieuse et frontale que l'exotique Paul Gauguin saura si bien magnifier lors de son séjour à Pont-Aven ou qu'un Paul Sérusier, peintre méconnu mais d'une élégance humble et rare, aura transcendé tout au long de son existence, et dont il ne serait pas incroyable de penser que notre dessinateur, avec talent, s'est inspiré. On referme l'ouvrage doucement, tout doucement, de crainte de réveiller quelque démon ancien ou de céder à un long et nostalgique soupir, mais c'est tout de même avec un sourire ineffable que l'on se prend à songer à ce bizarre Facteur pour femmes et à son inattendu, son impossible harem qui ne se savait pas tel... quoique : il ne faut JAMAIS sous-estimer une bretonne !


*Maël viendrait du vieux breton signifiant Chef, Maître ou Prince.
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C'est l'histoire d'un petit gars "inutile", moqué par tout le monde à cause de son pied bot mais qui va prendre sa revanche. La guerre finalement ça peut avoir du bon...
Une histoire pas si nunuche qu'il n'y parait au premier abord.
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J'ai d'abord été attiré par les couleurs rappelant l'univers de Mathurin Méheux, puis par l'iconographie bretonnante. le cadrage et le découpage des cases sont audacieux -voir le jeu des ombres des hommes tendus par la lecture de l'affiche de la mobilisation générale-. Quelles images!

La toile de fond est l'effort de guerre supporté par les femmes de cette île imaginaire, qui sans casque et sans munitions, ont aussi souffert de 1914 à 1918 (voir le film Les gardiennes). Cette évocation de la Grande Guerre est également faite de manière indirecte à travers la lecture des lettres des poilus.

Cette histoire de la revanche sur la vie du "petit" facteur est tout simplement une B.D. magnifique!
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Un superbe album pour une autre vision de la Première Guerre mondiale et des femmes.

Le dessin retranscrit très bien les ambiances et les sentiments.

A lire!
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Dès le départ, ce sont les couleurs qui plaisent. Non pour le réalisme d'une île bretonne non identifiée, mais pour le décor « sucré » des aventures de Maël, jeune handicapé devenu facteur dans un île de femmes : les hommes valides sont partis à la guerre 14-18. Quelques vignettes leur sont consacrées, illustrant les courriers qu'ils envoient à leurs fiancées/ épouses/ et mères. L'enfer des uns fait le paradis de l'autre.
Le lecteur découvrira avec plaisir ce récit enlevé, aimablement coquin, où s'amusent les auteurs : joie du langage, amour des mots, des doubles sens, et d' inventions diverses, toujours plaisantes. Faites comme le facteur, ne boudez pas votre plaisir !
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1914 : l'Archiduc François-Ferdinand est assassiné. Au large des côtes bretonnes, cet événement inspire l' indifférence : seul l'instituteur est préoccupé par les conséquences de cet attentat. Pourtant, la guerre va bientôt être déclarée. Tous les hommes valides de l'île, entre 20 et 50 ans, doivent rejoindre le continent du jour au lendemain pour aller combattre. Seul Maël, pied-bot n'est pas réquisitionné : le maire va lui proposer de remplacer le facteur. le jour du départ, l'île est vidée de ses hommes.
A vélo, Maël va traverser l'île pour distribuer le courrier et au fur et à mesure de ses tournées, les femmes esseulées vont se rapprocher, faire de lui un confident, se livrant corps et âmes. Ce changement de statut, d'infirme à homme désiré, est une belle revanche pour Maël, mais la guerre ne va pas durer éternellement...

Histoire sur fond de Première Guerre Mondiale. La Grande Guerre aura au moins fait un heureux : Maël, qui va découvrir les délices de la chair auprès des bretonnes privées d'hommes. Ce personnage, qui n'a pas l'envergure d'un héros au début du récit, prend progressivement de l'épaisseur, de la consistance jusqu'à devenir « un mâle », à la tête d'un harem. En prenant connaissance des correspondances entre les hommes au front et leurs femmes, il va devenir détenteur d'un savoir qu'il va pouvoir utiliser à des fins personnelles. le scénario est riche, très bien élaboré avec de surprenants rebondissements. La lecture est captivante. La psychologie des personnages est bien construite. Ce one-hot dans la collection Grand Angle est une belle surprise !
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Quelle surprise !!
Je ne m'attendais pas du tout à cette conclusion...
Mais l'histoire quoique assez immorale, est jolie. Après tout, quelle morale existait pendant cette guerre ?
Elle permet d'entrevoir un peu les difficultés de ces femmes restées seules. Mais celles-ci ont décidé de ne pas se morfondre, et Maël les a un peu aidé
Elle permet aussi d'évoquer rapidement les "difficultés" de ces soldats Bretons qui ne parlaient pas le français ou si mal, avec toutes les conséquences dramatiques que cela pu avoir.

En pour soutenir cette histoire un peu particulière de la première guerre, il y a un dessin très agréable : des couleurs froides pour les quelques images du front et des couleurs chaudes, et pleine de vie, pour la vie sur l'île.
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Les liaisons dangereuses.
La mobilisation générale décrétée le 1er août 1914 cueille les hommes dans leur routine, à l'aube des fenaisons. Sur une île bretonne morbihannaise, dans l'été éclatant et mordoré, Maël Gréhat, jeune homme handicapé par un pied-bot mais nanti d'une bicyclette, se voit proposer la distribution du courrier. Ostracisé pour son infirmité en temps ordinaire, Maël, face à la désertion de tous les mâles valides devient, en temps de guerre, un homme convoité par nombre de femmes esseulées. Pour atteindre les esprits et la félicité, ouvrir les coeurs et les corps, Maël met en branle une vaste entreprise de manipulation.
Ce récit naturaliste brasse les frustrations, le sexe et la mort et joue habilement en contrepoint à la boucherie des tranchées, entre « se battre et s'ébattre ». La manipulation est aussi à double-tranchant, la recherche du plaisir et de l'estime de soi entraînant une addiction et une boulimie néfastes avec un point de non-retour vite franchi. Une des forces du récit consiste à entraîner le lecteur dans une douce et légère grivoiserie, cautionnant implicitement la démarche revancharde d'un laissé-pour-compte de la société jusqu'à ce que l'histoire prenne une autre tournure, instillant le malaise. La paix revenue avec son cortège de morts, de gueules cassées, d'esprits anéantis et le carcan social impose à nouveau le masque de l'hypocrisie sociale. le graphisme et les couleurs éclatantes de Sébastien Morice sont entraînants et incitent à découvrir l'éclosion sensuelle des femmes dans une nature radieuse, l'éveil d'une sexualité décomplexée et l'avènement du bonheur charnel comme un vernis à toute l'abomination humaine.
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beaux dessins pour cette BD qui se passe sur une ile bretonne pendant la première guerre mondiale. Tous les hommes partent à la guerre, sauf les enfants, les vieillards... et Maël, qui a un pied bot. Ce qui va causer le malheur de tant d'autres va faire son bonheur: devenir les facteur des femmes, entendre leurs confidences, les consoler, leur offrir de l'affection, de l'amour... Maël s'épanouit avec ses amantes, en apprend beaucoup sur les femmes... que deviendra-t-il une fois la paix signée?
une fin surprenante, un décor qui donne envie de passer ses vacances en Bretagne et des personnages sympas. Belle Bd, très distrayante
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